Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

Le Rassemblement national-populaire de Marcel Déat, 1941-1944

MITTERAND Marie-Hélène, Le Rassemblement national-populaire de Marcel Déat, 1941-1944, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 183 p.

Créé en février 1941 par Marcel Déat, le « Rassemblement national-populaire » appartient à la catégorie des mouvements dits « collaborationnistes », qui s’illustrèrent sur la scène française jusqu’en 1944 en prônant inlassablement la collaboration de la France avec l’occupant, et l’alignement de ses institutions sur le totalitarisme nazi. S’il n’a suscité, jusqu’ici, aucune étude systématique, le RNP mérite pourtant d’être distingué de ses homologues et concurrents, ne serait-ce qu’en raison de la personnalité de son chef et de la relative singularité de son discours à l’intérieur du cadre imposé par une idéologie de type fasciste.

L’objet de ce mémoire est donc de reconstituer l’histoire du RNP grâce à la description de ses structures et de sa composition, à l’analyse de ses thèses principales, ainsi qu’à l’étude de sa politique et des facteurs qui en expliquent l’évolution.

Ce travail utilise des sources variées, qui peuvent être regroupées en quelques catégories principales : les mémoires inédits de Marcel Déat, tout d’abord, rédigés après la Libération dans un souci d’auto-justification ; les organes de presse dépendant du RNP (L’œuvre et le National-populaire essentiellement), ainsi que les nombreux tracts et brochures édités par le parti de 1941 à 1944 ; enfin, les rapports des correspondants départementaux de la Seconde Guerre mondiale, qui ont dépouillé les documents permettant d’évaluer de façon synthétique le nombre des adhérents du RNP, leur type de représentation socio-politique et leurs activités.

Le RNP apparaît fondamentalement comme un représentant authentique du fascisme français, tant par son organisation calquée sur le parti hitlérien, que, par son style d’action et sa vocation affirmée à devenir « parti unique ». Mais ce fascisme est resté médiocre et dérisoire, de par l’impuissance montrée par le parti de Déat à émerger comme mouvement de masse et à influer réellement sur le cours des événements.

Les Eclaireurs Israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, septembre 1939-septembre 1944 : action et révolution

MICHEL Alain, Les Eclaireurs Israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, septembre 1939-septembre 1944 : action et révolution, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 136 p. + annexes

Mouvement de scoutisme juif fondé en 1923 par R. Gamzon, les Eclaireurs Israélites de France sont le produit de la rencontre entre différents courants de la jeunesse juive en France, dont les enracinements vis-à-vis du judaïsme traditionnel comme le sionisme sont souvent fonction d’une immigration plus ou moins récente.

Après avoir décrit la genèse de sa formation, le mémoire illustre la manière dont cette association s’est adaptée à la situation provoquée d’abord par la mobilisation de septembre 1939, puis par la défaite de juin 1940 et l’occupation de la France par la Wehrmacht.

Quatre types de conséquences semblent en découler : – une élévation du niveau de culture juive par une volonté éducative de « retour aux sources », – une diversification des activités scoutes traditionnelles par la création de centres permanents (maisons d’enfants, centres professionnels ou centres agricoles), – une volonté de légalisme qui s’exprime jusqu’en 1942 par les rapports officiels entretenus avec le gouvernement de Vichy et par la participation des EIF à l’UGIF, – une remise en cause progressive du légalisme, du fait de l’accélération des événements, remise en cause qui aboutit à une action clandestine de sauvetage des enfants juifs (la « sixième ») puis, plus tardivement, à la résistance armée (Compagnie Marc Hagueneau).

L’action et l’évolution des EIF pendant cette période sont essentiellement suivies à travers les activités de la Zone Sud, un bref aperçu étant fait des activités à Paris et en Afrique du Nord. Conçu essentiellement comme une histoire intérieure, le mémoire s’appuie sur les archives du mouvement et sur les témoignages des acteurs de l’époque.

Un organe de la presse fasciste italienne en France : Il pensiero latino, 1925-1927

LUCAS Catherine, Un organe de la presse fasciste italienne en France : Il pensiero latino, 1925-1927, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, Philippe Gut], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 181 p. + annexes

Le Pensiero latino, « organe hebdomadaire pour l’union franco-italienne et des peuples latins » paraît le 2 décembre 1925 à Nice et dans le Sud-Est, région où résident de nombreux Italiens.

Une grande partie du journal est consacré à justifier la politique menée par les fascistes à l’intérieur de l’Italie. Le pensiero latino se livre également à une critique très violente des antifascistes réfugiés en France.

Giuseppe Torre, le directeur, essaie par l’intermédiaire de son journal de s’implanter dans la colonie italienne de la région en essayant en vain d’y créer une école et une Chambre de commerce italiennes, en fascisant les associations italiennes et en créant des liens entre ces dernières et les associations des villes frontières italiennes.

La polémique qui, tout au long de l’année 1926, oppose le Pensiero latino et la France de Nice et du Sud-Est, journal local qui ouvre ses colonnes aux antifascistes, crée un climat de tension parmi la population du Sud-Est qui inquiète beaucoup les autorités françaises. Elles hésitent cependant à interdire le Pensiero latino et à expulser son directeur de crainte de déplaire à Mussolini. Elles se voient contraintes à prendre ces mesures à la suite de l’affaire Newton Canovi.

L’Union des syndicats de la Seine (CGTU) de 1922 à 1925

JAMILLOUX Jean-Jacques, L’Union des syndicats de la Seine (CGTU) de 1922 à 1925, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 179 p. + annexes

Cette étude envisage l’Union des syndicats de la Seine CGTU depuis le lendemain de la scission syndicale, effective en janvier 1922, jusqu’au début de 1925 : elle se transforme alors en Union des syndicats de la Région parisienne.

Durant cette période, s’affrontent dans l’Union, comme dans la Confédération, des tendances qui peuvent se résumer en deux principales : les « syndicalistes communistes » de plus en plus proches du PCF et les syndicalistes révolutionnaires dits « purs », proches des conceptions anarchistes. Le Congrès de l’Union de 1925 constate précisément la déroute de cette dernière tendance, concrétisée par le départ en octobre 1924 des militants qui l’animaient. Un des buts de cette étude est d’analyser comment s’est préparée cette rupture et d’essayer de mieux cerner les contours des tendances.

D’autre part, elle présente une Union départementale aux prises avec des problèmes classiques (organisation des luttes, propagande, recrutement), mais aussi spécifiques à la période (afflux de main-d’œuvre immigrée, projet de loi d’assurance sociale, fascisme) ou à la région (croissance de l’agglomération parisienne). Quel type de réponse — attitude traditionnelle ou pratique nouvelle — y a été apporté ? C’est également ce à quoi cette étude a tenté de répondre.

L’École de la RATP et le Centre de formation des apprentis de la SNCF

GOURSAT Anne et CONAN Mireille, L’École de la RATP et le Centre de formation des apprentis de la SNCF, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 235 p.

Ce mémoire présente l’étude de deux écoles d’entreprise, celle de la SNCF et celle de la RATP.

Après un bref aperçu historique sur leur origine, il en suit l’évolution depuis 1945.

L’origine sociale et scolaire des apprentis, leur âge, leur nombre, leurs motivations occupent une place privilégiée. Puis l’accent est mis sur leurs résultats et leur progression professionnelle ultérieure. La description de la vie scolaire, de l’organisation des études et du fonctionnement administratif permet de saisir l’esprit qui anime ces écoles et de dégager les grandes orientations pédagogiques qui ont présidé à leur évolution.

En dernier lieu, le mémoire établit un parallèle entre les deux écoles en faisant ressortir les ressemblances et les différences : l’une devenant, à partir de 1971, une école technique privée, l’autre en choisissant le statut de CFA (Centre de formation des adultes).

Imprimerie, travail et culture : les activités culturelles proposées par le Comité central d’entreprise et le Comité d’établissement de la néogravure, 1946-1978

GODINEAU Robert, Imprimerie, travail et culture : les activités culturelles proposées par le Comité central d’entreprise et le Comité d’établissement de la néogravure, 1946-1978, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 209 p.

Mon mémoire de maîtrise s’intitule : « L’activité culturelle du CCE de la néogravure de 1945 à 1978. » J’étudie cette activité culturelle à travers les archives, que j’ai classées, mais pas uniquement à travers elles. En effet, les documents liés aux activités culturelles sont finalement très rares dans le fonds d’archives déposé au CRHMSS : on n’y trouve même pas le catalogue de la bibliothèque (au hasard des entretiens, j’ai finalement retrouvé le catalogue d’Issy et de Corbeil). Il m’a donc fallu procéder à plusieurs interviews que j’ai voulu le plus diversifiés possible (membres du CCE, secrétaires de commissions Loisirs et Culture dans différents CE, bibliothécaire, membres de la direction, responsables d’organismes culturels, etc.). J’ai essayé de voir, dans mon étude, s’il y a eu, de 1945 à 1978, une évolution dans le rapport de l’ouvrier à la culture : autrement dit, si la proximité matérielle de la culture (bibliothèque sur les lieux du travail, sortie au spectacle prise en charge, dans tous les sens du terme, par le CCE, etc.) a rendu cette dernière moins imposante ou si elle reste encore un monde que les ouvriers n’arrivent pas à reconnaître comme le leur. Je m’intéresse aussi au problème particulier du discours sur la culture : les ouvriers de la néogravure sont des ouvriers du Livre bien particuliers : ils impriment des périodiques dont on dénonce souvent l’aspect abrutissant. Le discours sur la culture va-t-il s’en ressentir ? Évitera-t-on de parler d’une culture abrutissante ? Y aura-t-il un discours sur la culture plus « ouvrier du Livre » que « cégétiste », ou bien le contraire ? Et le discours lui-même… sera-t-il autre chose qu’un discours ? Les questions sont posées, les réponses pas toujours données. Les archives sont pauvres en documents culturels — et notamment en documents remontant aux années 1950, voire 1960 — mais elles m’ont fait étudier un problème bien particulier : l’activité culturelle d’un CE qui, par ailleurs, doit lutter pour la sauvegarde des emplois, de tous les emplois ; il faut souligner ainsi l’importance que j’accorde à la période de crise de la néogravure 1974-1978, période qui suit une époque où, après plusieurs années d’expérience, les élus commençaient à mieux maîtriser le problème culturel, mais aussi période où on utilisait d’abord son énergie pour la sauvegarde de l’emploi.

 

J’essaie donc d’étudier l’influence d’un Comité d’entreprise dans le rapport des ouvriers à la culture. Remplace-t-il l’Université, voire l’enseignement secondaire, que ne connaît pas la classe ouvrière ? Ses ambitions sont-elles autres que d’essayer de distraire l’ouvrier ? Et finalement, la préoccupation culturelle est-elle primordiale et peut-elle l’être ?

L’implantation du PCF à Montereau dans l’entre-deux-guerres

FERRE Jean-Pierre, L’implantation du PCF à Montereau dans l’entre-deux-guerres, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 170 p. + annexes

Tentative d’histoire locale, cette étude réalisée à partir d’une abondante documentation — sources statistiques, presse régionale, archives de police — donne à la notion d’« implantation » son acceptation la plus large. Il ne s’agit pas seulement d’analyser dans le détail l’évolution des suffrages communistes, de compter les adhérents, les cellules, le nombre de journaux vendus… mais de dégager un ensemble de réalités complexes de nature à expliquer l’ancrage communiste.

Cet ouvrage se divise en trois parties : la première est consacrée à l’étude des conditions de l’implantation communiste ; la seconde porte sur le passé socialiste de la commune, sur l’organisation communiste issue de la scission de décembre 1920 et de son influence électorale ; la troisième évoque l’activité municipale des élus puis le rôle du PCF lors du Front populaire.

La présence d’une importance classe ouvrière acquise en partie aux idées socialistes, avant « la Grande Guerre » semble s’imposer, dans l’enracinement communiste ou du moins comme un atout fondamental. L’effacement de la SFIO, puis l’expérience municipale de 1926 à 1929, lui permet de se présenter, dans un second temps, comme la seule alternative face à la droite, malgré son isolement politique jusqu’au Front populaire et en dépit des revers électoraux de 1929 et 1932.

Cette ville demeure donc, dans l’entre-deux-guerres, une des positions fortes du PCF, dans le département de Seine et Marne. Mais seule son adaptation aux réalités monterelaises, marquées par le déclin de l’industrie ancienne, le chômage latent accentué par la crise économique de 1931, lui a permis de consolider durablement son audience et de progresser.