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Les mémoires soutenues au CHS entre 1966 et 2021 – Un bilan

Dès sa création officieuse en 1962, le CHS — alors nommé Centre d’Histoire du Syndicalisme — a débuté la constitution d’un catalogue de travaux universitaires en lien avec l’histoire ouvrière. En 1966, année de la réunion inaugurale qui a acté sa naissance officielle, le centre avait déjà réuni 500 références de travaux datant de 1945 à 1965. Le CHS avait également commencé à rassembler dans ses locaux les copies d’une partie de ces mémoires et de ces thèses. En 1966, Ernest Labrousse y avait d’ailleurs déposé 130 mémoires de diplôme d’études supérieures (DES) ayant été soutenu sous sa direction. Cette collecte de travaux d’étudiants s’est poursuivie en prenant en compte l’évolution des axes de recherches du laboratoire. Elle continue aujourd’hui au Grand équipement documentaire (GED) du Campus Condorcet, que la bibliothèque du CHS a rejoint en 2019.

Cette riche collection de travaux soutenus en dehors du CHS n’est toutefois pas prise en compte ici. Seuls les 1671 mémoires de maîtrise puis de master 2, dirigé par au moins un.e directeur.trice membre du CHS, et soutenus à Paris 1 entre 1966 et 2021, font l’objet du présent bilan. Leurs références et leurs résumés sont accessibles sur le site du CHS depuis l’onglet « Catalogue des mémoires » du menu « Master ».

1. Une unité de recherche impliquée dans la formation depuis ses débuts

Conjointement à sa mission de recherche et à celle de conservation et d’exploitation d’archives, le CHS s’est toujours engagé dans la formation d’étudiants de maîtrise.

Dès 1966 — année qui coïncide avec la réforme Fouchet ayant transformé l’ancien DES en maîtrise — le CHS accompagnait ainsi une soixantaine d’étudiants de la Sorbonne et des universités de Nanterre et de Vincennes dans le cadre de deux séminaires fondateurs : « Partis et syndicats depuis 1919 » et « Culture des militants du monde ouvrier français (1876-1939) ».

Les mémoires issus de ces séminaires étaient alors soutenus — pour les étudiants de la Sorbonne — dans le cadre des maîtrises « Méthodes et recherches en histoire sociale et institutionnelle contemporaine » sous la responsabilité de Jacques Droz, et « Méthodes et recherches en histoire économique et sociale » dirigé par Pierre Vilar.

Le laboratoire a ensuite évolué. En 1978, il est devenu Centre de Recherches en Histoire des Mouvements Sociaux et du Syndicalisme (CRHMSS). Il s’est constitué en UMR en 1994 et a poursuivi en 2000 sa mutation en Centre d’Histoire sociale du XXe siècle (CHS) finissant par adopter sa dénomination actuelle en 2018. Parallèlement, le nombre d’étudiants a augmenté, les séminaires se sont démultipliés, et en 2005 la maîtrise a laissé la place aux Masters 1 et 2 en application de la réforme LMD de 2002. Aujourd’hui, la quinzaine de séminaires du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains accueillent des centaines d’étudiants de divers horizons. En 2022, 53 étudiants de M2 préparent un mémoire, au CHS, dans le cadre du Master « Histoire des sociétés occidentales contemporaines (XIXe-XXIe siècles) » dirigé par Pascale Goetschel.

Sans reproduire ici, le tableau complet du nombre d’inscrit et de soutenance, année par année, depuis 1966, on peut préciser que leur augmentation n’a pas été régulière et marquée par des avancées et des reculs. Ces fluctuations s’expliquent par de multiples facteurs. Antoine Prost — dans les bilans d’activités du CHS — expliquait par exemple l’augmentation des inscrits en 1987 par l’arrivée d’étudiants de la Sorbonne qui auraient normalement suivi le 19èmiste Maurice Agulhon en maîtrise, mais qui n’ont pas pu le faire puisque ce dernier était parti au Collège de France l’année précédente. De même, il imputait la baisse des effectifs en 1988 à l’importance du nombre de postes d’enseignement ouverts au concours cette année-là et poussant une partie des étudiants à tenter leur chance directement au CAPES plutôt qu’en maîtrise[1]. Nous n’évoquerons pas ici toutes les causes possibles de ces évolutions qui doivent être saisies dans le cadre plus large des transformations de l’enseignement supérieur depuis une cinquantaine d’années.

2. Un catalogue de mémoires liés aux axes de recherches du CHS

En 1969, une vingtaine de mémoires avaient ainsi déjà été soutenus au CHS. S’inscrivant dans les objectifs de recherches initiaux du laboratoire et du séminaire « Partis et syndicats depuis 1919 », les sujets d’une partie d’entre eux portaient sur le mouvement ouvrier et les partis socialistes et communistes depuis la Première Guerre mondiale. Entre histoire sociale et histoire politique, ils ont contribué à l’analyse du CHS concernant l’activité, l’implantation et le fonctionnement de ces syndicats et de ces partis, ainsi qu’à l’étude de leurs positions et de leurs argumentations. À noter, qu’une attention était déjà portée à l’articulation ou à la comparaison entre organisations françaises et internationales, ainsi qu’à l’attitude de ces organisations vis-à-vis de la question coloniale. Une autre partie de ces premiers mémoires, travaillés au sein du séminaire « Culture des militants du monde ouvrier français (1876-1939) », ont traité de problèmes liés à l’émission d’informations culturelles ou d’attitudes culturelles en direction des militant.e.s du monde ouvrier. Ces mémoires ont souvent reposé sur un dépouillement de périodiques socialistes ou anarchistes et une analyse de leur contenu politique, de leur critique d’art ou des romans-feuilletons et des nouvelles qui y étaient publiés.

Au fil des années, les différents axes de recherches du CHS se sont considérablement diversifiés en s’élargissant ou en se focalisant sur certains aspects.

Dans les années 1970, au-delà de la question générale du syndicalisme ouvrier, le centre a commencé à fortement s’intéresser au syndicalisme enseignant et aux caractères novateurs du syndicalisme après 1945. Le travail sur le socialisme, le communisme et l’anarchisme s’est poursuivi en faisant une place au trotskysme. Travail accompli notamment à travers celui du dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. L’étude de l’implantation des partis politiques a amené le centre à s’intéresser de plus en plus aux politiques locales. L’analyse des attitudes des organisations par rapport à tel ou tel événement ou problématique a suscité un intérêt plus général pour l’opinion publique. Dans un mouvement similaire, mais plus spécifique, l’étude de l’attitude des organisations vis-à-vis de la question coloniale a poussé à s’intéresser aux colonies. L’attrait pour les dimensions internationales du mouvement ouvrier, notamment dans les pays latins, s’est maintenu, tout comme celui pour la culture ouvrière. Parallèlement — notamment par le biais de Jacques Droz — le centre s’est impliqué dans l’étude du national-socialisme allemand, de l’antisémitisme et de la déportation en France. Ces premiers élargissements expliquent d’ailleurs le choix de Centre de Recherches en Histoire des Mouvements Sociaux et du Syndicalisme, comme nouveau nom, dès 1978.

Dans les années 1980 et jusqu’en 1994 – date du début du premier quadriennal du CRHMSS en tant qu’UMR – l’étude des organisations du mouvement ouvrier a continué d’être l’axe de recherche principal du laboratoire et l’ensemble des travaux évoqués plus haut se sont poursuivis. On note néanmoins de nouvelles évolutions. Parmi les organisations prises en compte, une place a ainsi été faite à celles des chrétiens de gauche. L’intérêt pour les caractères novateurs du syndicalisme après 1945 a été élargi à ceux de l’ensemble du mouvement ouvrier en France, de la Libération à 1958. Dans ce cadre, la question des nationalisations a été particulièrement étudiée ; la place des femmes également. L’intérêt pour le syndicalisme des enseignants s’est élargi à l’enseignement, aux politiques éducatives et à l’Éducation nationale. En dehors de la période 1945-1958, le CRHMSS s’est focalisé sur le Front populaire ainsi que sur mai 68 et le mouvement associatif qui en est issu, et cela en raison des anniversaires respectifs de ces événements en 1986 et 1988. Pour l’ensemble du 20e siècle, les études biographiques et prosopographiques ont progressé, en s’appuyant sur l’œuvre du dictionnaire Maitron. Le pôle axé sur le monde colonial et le syndicalisme s’est élargi à la question du « tiers monde », notamment en raison de l’implication du CRHMSS dans le GIS « Monde contemporain Nord-Sud » et d’un lien plus étroit avec le centre de recherches africaines de Paris 1. Quant à l’histoire culturelle des ouvriers, elle s’est notamment focalisée sur celles des institutions culturelles et des comités d’entreprises (œuvres sociales, politiques culturelles). Le cheminement de la recherche qui est partie de l’étude de l’implantation du mouvement ouvrier, notamment dans les communes de banlieues, pour finir par s’intéresser aux politiques municipales menées dans ces mêmes villes, a quant à lui aboutit — par élargissement de la focale — à un travail sur les dimensions non seulement politiques, mais aussi économiques et sociales de ces villes. Ce mouvement, croisé notamment au lancement d’un programme de recherche sur la population parisienne entre les deux guerres, a fini par déboucher — dans le dossier de demande d’association du CRHMSS au CNRS en 1992 — sur l’affirmation de la volonté de développer une nouvelle histoire sociale territorialisée, faite à partir du bas et prenant la forme de l’étude d’une rue, d’un quartier ou d’une commune. L’ensemble de ces évolutions ont d’ailleurs incité à reformuler le projet du CRHMSS. Le bilan d’activité 1994-1998 indiquait ainsi :

« Notre projet visait à faire une histoire de la société civile, en entendant par ce terme l’espace social compris entre la vie privée d’un côté, l’État de l’autre. […] Pour rendre ce projet opératoire, nous nous proposions de partir des relations sociales effectivement constatées entre les individus, pour construire une taxinomie sociale plus fine, ce qui nous obligeait à examiner des individus concrets dans des territoires circonscrits et à montrer comment les particularités de leur condition professionnelle et résidentielle intervenaient dans les structurations des groupes. Cette approche locale, monographique, également développée par la micro-storia, devait permettre de comprendre comment des cultures et des représentations s’associent à des lieux qui, dans la longue durée, en assurent la perpétuation. Enfin […] on proposait de mettre l’accent sur les acteurs et de s’intéresser notamment aux trajectoires militantes. […] L’approche de l’histoire sociale par les territoires et les militants nous paraît s’imposer et nous en avons éprouvé la fécondité. »[2]

Nous ne pouvons ici continuer de suivre de cette façon le cheminement des recherches du laboratoire, ainsi que les continuités et les reformulations de ses objectifs. Cette histoire se reflète néanmoins dans le contenu du catalogue de mémoires du CHS. Ainsi, les travaux dont le sujet est lié à un syndicat y demeurent majoritaires, même si leur proportion parmi l’ensemble des mémoires soutenu chaque année a baissé au cours des décennies. De même, en analysant de façon chronologique le catalogue, on y voit apparaître à travers les sujets portés par les étudiants, les nouveaux grands axes de recherches du CHS au fur et à mesure qu’ils se sont imposés. D’ailleurs, le nombre important de certains sujets de mémoires, à des périodes données, rappelle que les étudiants du CHS ont fortement contribué à des programmes de recherche, notamment lors de leur émergence. Durant le quadriennal 1994-1998 — par exemple — cela a été le cas pour la recherche dirigée par Antoine Prost sur la population parisienne du 18e arrondissement ou pour le groupe de travail animé par Noëlle Gérôme et centré sur la collection et la conservation des archives et du patrimoine industriel, monumental, technique, syndical et politique, notamment en région parisienne[3]. Quelques-uns de celles et ceux qui ont soutenu ces mémoires sont même devenus des membres du CHS, comme Claude Pennetier, Jean-Louis Robert, Annie Fourcaut, Françoise Blum, Emmanuel Bellanger ou encore Paul Boulland.

Néanmoins, le catalogue de mémoires n’est pas un exact reflet de l’ensemble des recherches dans lesquelles s’est impliqué le laboratoire depuis 1966.

En effet, certaines de ces dernières n’ont impulsé la réalisation d’aucun mémoire soutenue au CHS, même si elles ont donné lieu à des thèses, d’abondantes publications individuelles et collectives, des colloques, et des missions d’expertise historique auprès de médias et de partenaires publics ou privés. Cela a par exemple été le cas du programme « Les mémoires du travail à Paris et en banlieue », lancé en 2001 sous la direction de Michel Pigenet, et qui a permis une enquête centrée sur trois sites — un îlot du XIe arrondissement, le secteur Austerlitz-La Pitié-Salpêtrière, Renault-Billancourt — représentatifs, chacun, d’un type d’inscription du travail dans l’environnement urbain[4].

Par ailleurs, même si tous les mémoires du CHS ont une forte dimension sociale, tous ne s’inscrivaient pas dans les orientations de recherche du centre lorsqu’ils ont été soutenus. En 1982, le rapport d’activité du centre notait ainsi une grande dispersion dans les sujets de mémoire travaillés au centre cette année-là :

« La liste des 61 sujets montre bien quelques regroupements autour de thèmes précis : les nationalisations et le mouvement ouvrier à la Libération, la guerre d’Algérie, les problèmes d’enseignement et d’éducation populaire, les études d’implantation. Mais beaucoup de sujets échappent à tout regroupement »[5].

Des efforts constants ont été fournis afin de cadrer au mieux les sujets des mémoires, notamment en les discutant entre chercheurs du centre avant leur acceptation définitive. Toutefois, cette volonté a toujours été contrebalancée par la nécessité de laisser une liberté de choix aux étudiants. En 1982, Antoine Prost — soulignant la présence d’étudiants se destinant à un avenir professionnel en dehors de l’enseignement, ou travaillant déjà, et intéressés par des sujets très contemporains en rapport avec leur profession, mais ne s’inscrivant pas exactement dans les programmes de recherches du centre — écrivait ainsi :

« Refuser ces étudiants n’est pas possible, car ils ont le droit de trouver dans l’université un lieu qui les accueille et les guide dans de telles recherches […] leur imposer des sujets est tout aussi délicat : ils sont adultes, gagnent leur vie plus d’une fois sur deux et savent ce qui les intéresse »[6].

3. Les sujets couverts par les mémoires

Les tableaux ci-dessous recensent les périodes, les espaces et les objets sur lesquels ont porté les mémoires soutenus au CHS.

Évidemment, les mémoires portent quasiment tous sur le 20e siècle. Toutefois, les phénomènes étudiés par le laboratoire nécessitent souvent de faire débuter ce siècle avec la Commune de Paris et la fondation de la IIIe République.

XIXe siècle 132
Dont : 1870 à 1899 97
Dont : La Commune 10
XXe siècle 1539
Dont : 1ere Guerre mondiale 22
Entre-deux-guerres 105
Dont : Front Populaire 23
Seconde Guerre mondiale (Vichy, déportation, occupation, collaboration, etc.) 139
Trente glorieuses 260
Dont : Années 68 35
Guerre d’Algérie 44

Sans surprise, les sujets portant sur la France constituent une écrasante majorité. Néanmoins, la dimension internationale est présente. On note un intérêt particulier pour les pays latins et l’Algérie.

France (sans dimension comparative) 1449
Dont : Paris (mémoires dans lesquelles Paris fait partie du sujet) 71
Outre-mer 5
Pays étrangers (y compris colonies et présence étrangère en France) 222
Dont : Europe 112
Dont : Ensemble européen 8
  Italie 36
Allemagne 18
Espagne 17
  Pologne (Solidarnosc, etc.) 10
Royaume-Uni 8
Portugal 7
  Irlande 3
Autriche 2
Belgique 1
  Suisse 1
Norvège 1
  Afrique du Nord 72
Dont : Algérie 51
  Tunisie 9
Maroc 9
Égypte 4
Afrique subsaharienne 19
Dont : Afrique du Sud 4
Sénégal 2
  Mali 2
Amérique du Nord 8
Dont : États-Unis 7
Canada 1
Amérique du Sud 7
Dont : Brésil 3
Chili 2
  Argentine 1
Mexique 1
Asie 6
Dont : Chine 3
  Indochine 2
Inde 1
Moyen-Orient 4
Dont : Liban 2
  Palestine 1
  Qatar 1

De nombreux mémoires se sont focalisés sur une catégorie de population spécifique, à travers l’activité professionnelle, l’organisation politique et syndicale, le logement, l’attitude culturelle, etc.

Employés 252
Dont : Ouvriers 189
  Dont : Transport 29
Automobile 13
Métallurgie & sidérurgie 9
Imprimerie 6
Mines 5
Agriculture 5
Bâtiment 5
Docks 2
Raffinerie 1
  Employés de l’État ou des collectivités 50
  Dont : Enseignants 34
Personnel hospitalier 6
Personnel communal 3
    Policiers 2
    Pompiers 1
Cadres 6
Artistes 83
Dont : Artistes de théâtre (directions, troupes, auteurs, etc.) 21
Artistes de cinéma 19
Musiciens (chanteurs, instrumentistes, compositeurs, etc.) 14
Écrivains, poètes 11
Danseurs 3
Militaires et anciens combattants 24
Lycéens et étudiants 11
Prêtres 6
Commerçants et artisans 5
Chefs d’entreprises 2

Au-delà des catégories professionnelles, les mémoires ont contribué à la production d’un savoir inédit sur les femmes et différentes minorités.

Femmes 102
Minorités 113
Dont : Immigrés et émigrés en France 63
Juifs (français et immigrés) en France 30
Juifs à l’étranger 9
Provinciaux en région parisienne 8
Homosexuels 2
Handicapés 1

Parmi les organisations syndicales, politiques puis associatives qui ont fait l’objet d’un mémoire, on note que le PCF et la CGT sont restés majoritaires. Au-delà des monographies dont elles ont pu faire l’objet, toutes ces organisations ont souvent été étudiées à travers leur fonctionnement, leur implantation, leur discours, leurs militant.e.s (82 biographies et 5 biographies collectives parmi les mémoires) ou encore leur attitude par rapport à un problème donné (53 mémoires du type « Le PCF face aux problèmes de l’urbanisme »).

Partis politiques 192
Dont : PCF 76
  SFIO & PS 38
PSU 5
FN 4
PCI 2
RPR & UDF 1
Clubs politiques 6
Syndicats 159
CGT 38
CGTU 10
CFDT 9
  CFTC 5
  CGT-F0 3
FEN 3
FO 3
  CGC 2
  SUD 1
Sociétés de secours mutuel 5
Coopératives 3
Associations 59
Dont : Clubs sportifs ou de loisirs 13

De même, communisme et socialisme restent majoritaires parmi les courants idéologiques ou religieux dans lesquels s’inscrivent les objets étudiés par les mémoires du CHS. Le catalogue offre néanmoins une diversité indubitable.

Gauche 352
Dont : Communisme & socialisme 233
  Anarchisme 27
Féminisme 16
Libertarisme 13
Pacifisme 12
Trotskysme 16
Maoïsme 7
Autogestion 3
Autonomie 2
Situationnisme 1
Droite 83
Dont : Extrême droite française 35
Gaullisme 10
Monarchisme, royalisme 7
  Fascisme italien, national-socialisme allemand 11
Courants en lien avec la religion 76
Dont : Christianisme (Christianisme de gauche, démocratie chrétienne, protestantisme, scoutisme, etc.) 70
Judaïsme 4
  Sionisme 2
Franc-Maçonnerie 4

Malgré sa focalisation sur la société civile, le laboratoire s’est très rapidement intéressé aux politiques publiques (politique culturelle à destination des ouvriers, politiques municipales dans les villes ouvrières, régime de Vichy, politique coloniale, dans un premier temps). En 2006, un pôle « L’État en action » a d’ailleurs fini par être créé en ce sens. Si différentes politiques ainsi étudiées sont absentes du catalogue, elles ne le sont pas toutes.

Politiques publiques spécifiques 73
Dont : Culture 41
  Dont : Patrimoine 12
Censure 3
  Logement 25
  Urbanisme 12
Dont : Villes nouvelles 6
Education 15
  Santé publique 13
Dont : Sécurité sociale 4
Bain-douche 2
Entrée, séjour, nationalité, intégration 8
Sport 3
Politique de la Ville 3
Économie 2
Famille 1
Politique municipale (générale ou dans un domaine spécifique) 45
Politique publique dans un pays étranger (incluant les mémoires ayant une perspective comparative avec la France) 12

L’histoire culturelle est particulièrement présente dans le catalogue, notamment en raison de l’implication de Pascal Ory qui a dirigé ou co-dirigé 250 mémoires. Préférant ici un comptage des objets d’étude sur lesquels sont centrés les mémoires du catalogue, plutôt qu’une classification par courant historiographique ou méthodologie employée, on peut tout de même recenser les mémoires centrés sur des objets culturels (auxquels ne se réduit évidemment pas l’histoire culturelle). Mémoires qui ont d’ailleurs pu être réalisés dans le cadre d’autres courants.

Arts 134
Dont : Arts du spectacle 84
Dont : Chanson, musique 26
  Cinéma 37
Théâtre 32
Danse 6
  Cirque 1
  Arts visuels 29
Dont : Bande dessinée 12
  Caricature et dessin de presse 8
Architecture 3
Peinture 1
Arts littéraires 31
Musées et expositions 40
Télévision 32
Sport 28
Dont : Football 5
Tennis 4
Jeux olympiques 2
Rugby 2
Basket 2
Cyclisme 1
Radio 16
Fêtes, célébrations, défilés 14
Dont : Premier mai 4
Mode, vêtements 9

Enfin, l’approche de l’histoire des représentations a souvent été adoptée pour traiter les différents objets recensés ci-dessus. 163 mémoires du type « L’image de… dans ou à travers… » peuvent ainsi être recensés dans le catalogue, auxquels s’ajoute une dizaine de mémoires étudiant l’opinion publique sur tel ou tel phénomène.

[1] Bulletin du CRHMSS, n° 10, 1987 ; Bulletin du CRHMSS, n° 11, 1988

[2] « Rapport d’orientation scientifique », Bulletin de CRHMSS, n° 21, 1998

[3] Bulletin de CRHMSS, n° 17, 1994, p.7

[4] Mémoires du travail. Faubourg des métallos, Pitié­ Salpétrière, Boulogne-Billancourt, Paris, Créaphis, 2008, 352 p.

[5] Bulletin de CRHMSS, n° 5, 1981-1982 p.10

[6] Idem

« Un théâtre national en temps de guerre. La vie de l’Odéon de 1939 à 1945 »

RAVAZ-KHELLAF Clémence, «  Un théâtre national en temps de guerre. La vie de l’Odéon de 1939 à 1945 », (Pascale Goetschel – Chantal Meyer-Plantureux), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Ce mémoire mise à étudier le fonctionnement du Théâtre National de l’Odéon pendant la période de la seconde guerre mondiale et les années d’occupation. Il cherche à comprendre comment le théâtre traverse les années troubles et s’accommode du contexte pour poursuivre ses activités artistiques. À partir des archives du Théâtre sont étudiés différents aspects : administratifs, artistiques, économiques et politiques et même architecturaux, afin de dresser un portrait de ce théâtre pendant le conflit.

« Bäder bauen heißt Spitäler sparen » Piscines et bains-douches publics de « Vienne la rouge » (1919-1934) comme éléments d’une politique urbaine d’hygiène sociale

LEROY Madeleine, « Bäder bauen heißt Spitäler sparen » Piscines et bains-douches publics de « Vienne la rouge » (1919-1934) comme éléments d’une politique urbaine d’hygiène sociale(Charlotte Vorms – Fabien Archambault), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Entre 1919 et 1934, la ville de Vienne capitale de nouvelle République d’Autriche devient un laboratoire d’une politique urbaine sociale-démocrate. La ville est transformée rapidement par les diverses constructions d’infrastructures qui deviennent un exemple en la matière. Les sociaux-démocrates veulent participer à l’avènement d’une « Vienne nouvelle ». Outre le logement social, les chantiers urbains concernent alors toutes les infrastructures – sanitaires, sportives, éducatives, de loisirs – susceptibles d’améliorer la qualité de vie des classes populaires, parmi lesquelles de nombreux établissements de bains municipaux. L’étude de ces établissements de bains, ainsi que leurs usages sociaux et politiques vise donc ici à comprendre la place de ces infrastructures dans le contexte spécifique d’une politique urbaine sociale-démocrate. La perspective hygiéniste de l’action publique et de la construction urbain nous intéresse dans ce mémoire.

Notables morbihannais en guerre. Être enseignant, médecin ou pharmacien à Vannes et à Pontivy sous l’Occupation (1939-1951)

LE MAINTEC Quentin, Notables morbihannais en guerre. Être enseignant, médecin ou pharmacien à Vannes et à Pontivy sous l’Occupation (1939-1951), (Alya Aglan – Fabien Théofilakis – Grégoire Kauffmann) , Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Dans les ouvrages scientifiques ou littéraires, les notables sont souvent nommés mais jamais véritablement définis. En Bretagne, seuls quelques travaux novateurs des années 1990 tentent de les caractériser au prisme d’une histoire politique de la Seconde Guerre mondiale de la région. Ces recherches se détachent de cette approche. À partir de la méthode prosopographique, elles privilégient une étude socioculturelle de ce groupe social à Vannes et à Pontivy afin de mesurer, entre la mobilisation de septembre 1939 et 1951, l’effet perturbateur du conflit sur la hiérarchie sociale morbihannaise. Au cours de cette période, comment ces notables agissent face à un pouvoir coercitif ? Comment adaptent-ils l’exercice de leur profession dans le contexte de l’Occupation du Morbihan ? Comment entrent-ils en paix ? En filigrane, qu’est-ce qu’un notable morbihannais sous l’Occupation ? Ces questions amènent à considérer ce mémoire de recherche non comme une étude exhaustive d’un groupe social dans un espace-temps donné, mais plutôt comme un essai de définition ouvert aux hypothèses et aux réflexions susceptibles de venir l’enrichir dans le futur.

 

La guerre des Boers : une guerre juste ? Perception — partiale ? — du conflit à travers des titres de presse français et britanniques

LATOUR Cyril,  La guerre des Boers : une guerre juste ? Perception — partiale ? — du conflit à travers des titres de presse français et britanniques, (Fabien Théofilakis – Julie Le Gac ), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Entre octobre 1899 et mai 1902, l’Empire britannique mena une guerre sans merci pour le contrôle des ressources minières se trouvant sur le territoire des républiques du Transvaal et de l’État Libre d’Orange. Le mémoire envisage l’étude de cinq journaux britanniques et français couvrant ce conflit. Il analyse les différentes implications, les pressions subies et leurs regards sur cette expédition lointaine des armées de la reine Victoria aux prises avec le peuple « Boer » ; et donc une guerre « entre Blancs » à l’extrême sud du continent africain.