Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

L’image de la femme à travers la caricature des grands quotidiens (janvier 1914-juin 1919)

WAUTIER Delphine, L’image de la femme à travers la caricature des grands quotidiens (janvier 1914-juin 1919), Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 153 p.

Ce mémoire étudie les caricatures des cinq quotidiens dont le tirage est le plus important dans la période : Le Petit Parisien, Le Journal, Le Petit Journal, Le Matin, L’Intransigeant. Y ont été révélés environ mille dessins dans lesquels apparaissent des personnages féminins.

Il existe de janvier 1914 à juin 1919 deux types d’illustrations :

Dans le premier cas, il s’agit d’un dessin d’humour largement misogyne qui met en scène des personnages féminins comiques et conventionnels destinés à faire rire par leur physique et leur comportement. Ce genre de dessin est le seul représenté avant la guerre et se situe la plupart du temps dans le cadre des rubriques comiques ; il se maintient pendant le conflit et revient en force dès la fin des hostilités.

En revanche, la guerre donne naissance à un type d’illustrations très différentes qui n’ont plus comme fonction première un rôle humoristique ; il s’agit d’un dessin de propagande à caractère symbolique et politique : la femme y est dotée d’un rôle de premier plan.

Ces deux types de dessins de mêlent durant le conflit, mais il semblerait que dès la fin de la guerre, les journaux réutilisent l’iconographie d’avant les hostilités pour représenter les personnages féminins.

Les nationalisations dans la presse syndicale confédérale de septembre 1944 à décembre 1946

VANLERBERGHE Sabine, Les nationalisations dans la presse syndicale confédérale de septembre 1944 à décembre 1946, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 165 p.

La Libération constitue une étape importante de l’évolution du syndicalisme ouvrier sur la question des nationalisations. C’est à la Libération que l’ensemble des composantes du syndicalisme ouvrier se rallie à l’idée de nationalisation. Par ailleurs, c’est une période où les nationalisations deviennent une réalité économique.

La lecture de la presse syndicale permet de saisir l’importance des nationalisations en tant que thème revendicatif. Celle-ci varie en fonction de l’agenda parlementaire, de l’actualité syndicale et des événements politiques. L’analyse des articles a permis, d’autre part, de préciser quelles étaient les idées dominantes justifiant les nationalisations : dénonciation du pouvoir des trusts, argument force autour duquel s’organisent les autres thèmes ; élargissement de la démocratie à l’économie, non seulement au sein de l’entreprise, mais aussi au niveau national ; développement économique auquel est liée la revendication d’une planification de l’économie.

Il convient de souligner l’opposition fondamentale entre la CGT et la CFDT sur la stratégie syndicale qui doit permettre l’émancipation ouvrière. Dans la perspective d’une transformation des structures économiques, condition de cette émancipation, la CGT lie la défense des intérêts économiques des travailleurs à celle de leurs intérêts politiques. Par contre, la CFTC refuse cette politisation de l’action syndicale et entend réaliser l’émancipation ouvrière par une évolution du statut des travailleurs dans l’entreprise, sur la base de la co-gestion et de la co-propriété.

L’Union Sportive Métropolitaine des Transports. Monographie d’un club sportif de 1928 à 1960

TOURRET Marc, L’Union Sportive Métropolitaine des Transports. Monographie d’un club sportif de 1928 à 1960, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, juin 1982, 267 p. + annexes

Comment l’institution sociale que forme l’Union Sportive Métropolitaine des Transports a-t-elle résisté, de façon plus ou moins efficace, aux modifications structurelles qui l’affectèrent entre 1928 et 1960 ? La monographie de ce club patronal omnisport, devenu après la Libération le club d’entreprises relativement autonome de la RATP, propose de suivre ce mouvement qui cache en fait une pluralité d’évolutions dont la complexité vient moins des installations et des finances du club que des statuts juridiques, des pratiques sportives diversifiées et des mentalités originales de ses sociétaires.

Ce club, dont la croissance aboutit à un éclatement des activités et des modes de pensée de ses sportifs aux origines sociales, géographiques, politiques plus hétérogènes et parfois conflictuelles, a, paradoxalement, toujours souhaité d’être considéré comme un espace neutre délié du cadre social traditionnel. Il était donc nécessaire, mais insuffisant de décrire la seule singularité de ce milieu qui, pour en saisir la signification historique, devait aussi être toujours replacé dans son contexte.

Les Comités mixtes à la production 1944-1949

RIVET François, Les Comités mixtes à la production 1944-1949, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 53 p.

Institués en mai 1944 par Fernand Grenier, Commissaire à l’Air en AFN, les Comités mixtes à la production sont implantés en métropole par Charles Tillon à partir de 1945. Cependant, dès septembre 1944, à l’issue de l’Accord de Toulouse, voit le jour dans le Sud-Ouest de la France, une structure à mi-chemin entre les CMP et les Comités de Gestion.

Mis en place dans l’aéronautique, puis dans tout le secteur de l’armement en 1946, les CMP seront cette même année institués par Marcel Paul, dans l’entreprise nationalisée EDF-GDF. Dotés d’attribution essentiellement techniques, les CMP ont avant tout pour but, dans une période de reconstruction économique, d’accroître la production par la mobilisation et la confrontation des expériences et du savoir de chacun dont la prise en compte est garantie par l’existence d’une procédure d’appel permettant de porter un désaccord devant une instance supérieure.

Créés dans l’enthousiasme, les CMP vont cependant se heurter à la méfiance d’une partie de l’encadrement et pâtir du manque de formation des militants syndicalistes. La mise en place des CE dont les attributions plus étendues, bien que plus consultatives, répondaient mieux aux difficultés du moment, se fera dans nombre de cas, au détriment des CMP, qui ne vont subsister que dans les établissements d’État travaillant pour l’armement, et à EDF-GDF.

Le Sous-Prolétariat parisien durant la Première Guerre mondiale

PETIT Olivier, Le Sous-Prolétariat parisien durant la Première Guerre mondiale, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 154 p.

L’étude est organisée selon deux axes de recherche. Le premier veut établir une géographie du sous-prolétariat par quartier. Le second veut faire le point sur la politique municipale à l’égard du sous-prolétariat. Dans les deux cas, les sources, statistiques ou non, qui ont permis la recherche, sont issues des publications municipales et préfectorales.

La géographie du sous-prolétariat s’appuie sur une typologie structurelle, sur une typologie évolutive et sur leur confrontation. Il s’agit là des points forts du mémoire. On sent bien la difficulté qu’a présentée pour l’auteur l’utilisation des sources statistiques et l’on peut regretter parfois le choix de certaines méthodes.

La politique du conseil municipal est présentée dans une série de « clichés » qui permettent un tour d’horizon du problème. On peut regretter la superficialité de l’approche qui, entre autres lacunes, considère le conseil municipal sans tenir compte des personnalités et des appartenances politiques de ses membres.

Le principal défaut de ce mémoire tient à son expression pas toujours très claire et au manque de réflexion sur le problème qu’une meilleure assise bibliographique ou méthodologique aurait pu permettre.

La principale qualité de ce mémoire est de faire une première approche de la question sous de nombreux aspects : maladies, logements, natalité, mortalité, aide publique, soupe populaire, chômage, asiles de nuit, idéologie, etc.

Représentations de la guerre d’Espagne à travers les actualités cinématographiques Gaumont et Éclair, 1936-1939

PATE Christian, Représentations de la guerre d’Espagne à travers les actualités cinématographiques Gaumont et Éclair, 1936-1939, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982

Un long dédain affiché par le monde savant a récemment cédé la place à la réhabilitation du film, en tant que source historique, pour la connaissance du XXe siècle. Cette certitude partagée, alliée avec les résultats éloquents des travaux pionniers existants, ont motivé l’élaboration du présent mémoire.

Le « bâti » de l’étude a été construit au moyen d’un terrain d’enquête précis : les maisons d’actualités Gaumont et Éclair, et au moyen d’une question particulière : la guerre d’Espagne.

La première partie de l’étude constitue une familiarisation documentaire. Elle s’ouvre sur une définition des différents types de documents filmiques utilisés comme supports du sujet retenu, pour se clore sur un premier ensemble d’estimations, relatifs au comportement des deux maisons par rapport à l’événement considéré sous l’angle intérêt-désintérêt.

La seconde partie de l’ouvrage concerne une étude des représentations de la guerre d’Espagne présentée par les deux maisons d’actualités.

Cet objectif semble avoir été rempli, un certain nombre d’attitudes ayant été mises à jour : ont été écartés les bouleversements trop radicaux engendrés par la Révolution, dans une certaine mesure, la participation étrangère. Enfin, un parti pris exprimé de façon voilée en faveur de la cause franquiste se manifeste au travers d’une indulgence certaine.

Partant de cet ensemble de constatations effectuées à partir des stricts messages délivrés par les bandes d’actualités, notre second objectif a été de tenter de cataloguer ces deux organes de la presse filmée sur l’échiquier politique de l’époque.

Peu prolixes sur la guerre d’Espagne, nous avons donné un ensemble d’informations valides et posées par des jalons, des pistes, pour l’étude de cette presse filmée qui reste à faire.

L’exode des juifs de Tunisie 1956-1962

NATAF Nicole, L’exode des juifs de Tunisie 1956-1962, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 129 p.

L’indépendance de la Tunisie en 1956 allait faire basculer l’équilibre précaire que la communauté juive avait tenté d’établir depuis l’installation du protectorat. Équilibre entre plusieurs valeurs, l’attachement à son sol natal, la volonté de conserver ses valeurs ancestrales et en même temps le désir de s’identifier à l’Occident par l’intermédiaire du protectorat, l’espérance de croire que celui-ci allait lui apporter une certaine promotion sociale.

Le régime de Bourguiba allait-il lui conserver cette place privilégiée que les Français lui avaient conférée ?

Dans un premier temps, il semble que même si des changements sont envisageables, le gouvernement tunisien lui fasse preuve de tolérance et d’une acceptation totale de ce groupe pourtant marginal. Cependant, très vite des problèmes vont apparaître. Problèmes extérieurs dus au conflit moyen-oriental et renforcés par des prises de position sionistes de la Communauté juive de Tunisie. Mais aussi des problèmes intérieurs dus eux en tout premier lieu à l’unité du pays. En effet, cette nécessité d’unité pouvait difficilement supporter l’existence d’un groupe qui désirait vivre sa spécificité.

Des mesures allaient donc se renforcer, mesures prises à l’encontre de la Communauté et qui allaient progressivement la priver de tout ce qui constituait sa vie quotidienne, de ce qui lui donnait son originalité.

Privés de leurs guides, des hommes qui menaient un combat pour leur existence, les Juifs préféreront quitter le pays. Aussi, dès 1958 (date de la disparition totale de la Communauté), on assiste à un premier mouvement de départs massifs. Mouvement qui se reproduira de nouveau en 1962, alors que la France et la Tunisie venaient de s’opposer dans un conflit armé à cause de la base de Bizerte. Pour rester, ils doivent comprendre qu’il faut renoncer à tout un passé.

Départs qui se feront sans réflexion dans un contexte politique et économique rempli de tensions.

Leur choix se porte en grande majorité vers la France, pays qu’ils croient connaître, avec lequel ils se sentent des attaches, mais qu’ils perçoivent en réalité à travers la société caricaturale que leur avait montrée le protectorat.

La France des Juifs Tunisiens est donc un mythe et l’apprentissage du quotidien sera difficile pour cette Communauté que rien ne préparait à la transplantation.