L’usage de gaz lacrymogènes, les tirs de LBD, pour ne rien dire des charges et des nassages, témoignent cruellement de l’actualité des violences policières, que prolonge parfois la répression judiciaire. Le constat interroge dans un pays démocratique, où la violence n’est légitime que dans un cadre strictement réglementé et au service de l’intérêt général. À plus forte raison quand, depuis 1946, le droit de défendre ses intérêts par l’action syndicale est reconnu par la Constitution.
Michel Pigenet étudie, sous cet angle, l’évolution des rapports complexes entre l’État et le syndicalisme depuis un siècle et demi. Il confronte l’État, tel qu’il s’affiche ou se perçoit (État protecteur, État social), à la réalité de sa pratique comme instrument de domination sur le temps long (État gendarme). Chemin faisant, il pose la question d’un antisyndicalisme d’État.