Imprimerie, travail et culture : les activités culturelles proposées par le Comité central d’entreprise et le Comité d’établissement de la néogravure, 1946-1978

GODINEAU Robert, Imprimerie, travail et culture : les activités culturelles proposées par le Comité central d’entreprise et le Comité d’établissement de la néogravure, 1946-1978, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 209 p.

Mon mémoire de maîtrise s’intitule : « L’activité culturelle du CCE de la néogravure de 1945 à 1978. » J’étudie cette activité culturelle à travers les archives, que j’ai classées, mais pas uniquement à travers elles. En effet, les documents liés aux activités culturelles sont finalement très rares dans le fonds d’archives déposé au CRHMSS : on n’y trouve même pas le catalogue de la bibliothèque (au hasard des entretiens, j’ai finalement retrouvé le catalogue d’Issy et de Corbeil). Il m’a donc fallu procéder à plusieurs interviews que j’ai voulu le plus diversifiés possible (membres du CCE, secrétaires de commissions Loisirs et Culture dans différents CE, bibliothécaire, membres de la direction, responsables d’organismes culturels, etc.). J’ai essayé de voir, dans mon étude, s’il y a eu, de 1945 à 1978, une évolution dans le rapport de l’ouvrier à la culture : autrement dit, si la proximité matérielle de la culture (bibliothèque sur les lieux du travail, sortie au spectacle prise en charge, dans tous les sens du terme, par le CCE, etc.) a rendu cette dernière moins imposante ou si elle reste encore un monde que les ouvriers n’arrivent pas à reconnaître comme le leur. Je m’intéresse aussi au problème particulier du discours sur la culture : les ouvriers de la néogravure sont des ouvriers du Livre bien particuliers : ils impriment des périodiques dont on dénonce souvent l’aspect abrutissant. Le discours sur la culture va-t-il s’en ressentir ? Évitera-t-on de parler d’une culture abrutissante ? Y aura-t-il un discours sur la culture plus « ouvrier du Livre » que « cégétiste », ou bien le contraire ? Et le discours lui-même… sera-t-il autre chose qu’un discours ? Les questions sont posées, les réponses pas toujours données. Les archives sont pauvres en documents culturels — et notamment en documents remontant aux années 1950, voire 1960 — mais elles m’ont fait étudier un problème bien particulier : l’activité culturelle d’un CE qui, par ailleurs, doit lutter pour la sauvegarde des emplois, de tous les emplois ; il faut souligner ainsi l’importance que j’accorde à la période de crise de la néogravure 1974-1978, période qui suit une époque où, après plusieurs années d’expérience, les élus commençaient à mieux maîtriser le problème culturel, mais aussi période où on utilisait d’abord son énergie pour la sauvegarde de l’emploi.

 

J’essaie donc d’étudier l’influence d’un Comité d’entreprise dans le rapport des ouvriers à la culture. Remplace-t-il l’Université, voire l’enseignement secondaire, que ne connaît pas la classe ouvrière ? Ses ambitions sont-elles autres que d’essayer de distraire l’ouvrier ? Et finalement, la préoccupation culturelle est-elle primordiale et peut-elle l’être ?