Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

La SFIO et les coopératives agricoles jusqu’en 1914

SCHOONWATER Monique, La SFIO et les coopératives agricoles jusqu’en 1914, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, avec la collaboration de F. Boudot], Univ. Paris 1 CRHMSS, juin 1981, 195 p.

Cette étude soulève un aspect particulièrement important de la question agraire pour les socialistes avant 1914, qui consistait à préciser une politique d’approche vis-à-vis de la petite et moyenne paysannerie.

D’où une réflexion sur l’idée de coopération en agriculture qui visait à aboutir à une exploitation en commun du sol dans le cadre des expériences héraultaises de coopération socialiste. Compère-Morel, ancien militant du POF, spécialiste de la question agraire au sein de la SFIO, jouera ici un rôle prépondérant : il s’agit non pas d’élaborer un socialisme pour les paysans, mais de mettre en œuvre une propagande pour intégrer la petite propriété paysanne à la doctrine socialiste.

Mais face à un mouvement coopératif placé sous le signe du patronage direct des organisations agrariennes et basé sur une apologie de la propriété privée, le point de vue socialiste sera amené à se nuancer : doit-on accepter l’esprit dans lequel fonctionnent ces coopératives, sous prétexte qu’elles constituent déjà un point de rassemblement et d’initiation à l’action collective ? Est-ce là la meilleure façon d’aboutir, à long terme, à une volontaire mise en commun des terres par les paysans ? Où bien doit-on plutôt essayer de donner d’emblée aux coopératives une appartenance socialiste nettement affirmée ?

Cette recherche tente donc de faire le point sur deux sujets qui s’imbriquent de par leur problématique :

– politique socialiste vis-à-vis de l’idée de coopération agricole ;

– situation du mouvement coopératif dans l’agriculture au début du siècle et positions socialistes vis-à-vis de ce mouvement.

La SFIO et les nationalisations (1943-1946)

STRAUSS Jean-Louis, La SFIO et les nationalisations (1943-1946), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 162 p.

Ce mémoire repose sur le dépouillement exhaustif de la presse socialiste — quotidienne et périodique — de l’époque, de nombreuses brochures de propagande, de comptes-rendus des Congrès et Comités directeurs, et sur l’analyse des témoignages des principaux acteurs de cette période mouvementée. Un échange de correspondance fructueux avec le maire de Commentry, Georges Rougeron, a conduit à des recherches plus approfondies sur les expériences dites « périphériques » qui se sont développées dans plusieurs régions (Allier, Rhône, Gard, Marseille, Toulouse, Saint-Raphaël…) avant d’être étouffées dans l’œuf dans le cadre du retour à la « légalité républicaine ».

Les premiers chapitres font un inventaire rapide du cheminement des nationalisations dans le discours socialiste, mettant en évidence le passage d’un concept théorique à un instrument de la politique économique qui trouvera sa première concrétisation lors du Front populaire. On verra ensuite comment les réformes de structure se justifient par le rôle malfaisant des trusts dans l’économie et la vie politique et par leur trahison préméditée de 1940.

Les socialistes, qui ne veulent pas se satisfaire de la confiscation des biens des traîtres et des mises sous séquestre qui en découlent, manifestent leur impatience devant les dérobades du général de Gaulle et le réveil des puissances d’argent. La SFIO élabore des projets de loi garantissant la participation des travailleurs à la gestion et conservant aux entreprises concernées leur pleine autonomie de gestion. On verra se mettre en place les principales réalisations et leurs limites. L’échec de la « Constitution sociale » et le déclin corrélatif du Parti socialiste, les déviations bureaucratiques et étatiques… expliquent que cette grande œuvre de rénovation est restée à l’état d’ébauche et ait été détournée de ses objectifs. C’est donc à un bilan mitigé qu’on est amené, avec une impression d’inachevée et de fragilité, mais les résultats apparaissent largement positifs en dépit de tous les obstacles.

Recherche sur la vie associative et les organisations corporatistes des instituteurs de la Haute-Loire, des origines à la naissance du Syndicat national (1898-1920)

REVOL Claude, Recherche sur la vie associative et les organisations corporatistes des instituteurs de la Haute-Loire, des origines à la naissance du Syndicat national (1898-1920), Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 171 p. + 82 p. annexes

Fondé sur une étude attentive de la collection — complète — des bulletins de l’Amicale, ce travail met à jour la lente affirmation d’une volonté corporative des maîtres du département, substituant une vie associative d’abord centrée sur la corporation à celle qui privilégie l’environnement immédiat de l’école.

Les instituteurs de la Haute-Loire font avec l’Amicale l’apprentissage de la vie associative, ce qui permet de suivre pas à pas l’élaboration des groupements solidaristes puis de défense corporative qui annonce le puissant Syndicat national. Cette évolution semble se faire harmonieusement, mais l’étude d’archives privées, de la presse et une rupture durable au sein du personnel à l’occasion de la guerre, conduisent à une seconde lecture faisant la part d’un souci extrême d’éviter l’abord des questions susceptibles de nuire à la cohésion du bloc primaire.

La question laïque semble alors faire la spécificité du cas de la Haute-Loire. Elle n’est pas le catalyseur des efforts aboutissant à l’Amicale, les « ingérences politiques » apparaissent beaucoup plus nettement. Mais l’hostilité des cléricaux et la surveillance soupçonneuse des « républicains » provoquent un environnement extrêmement contraignant qui amène des maîtres de sensibilités différentes à cohabiter au sein d’une même association en s’efforçant de donner l’impression d’une corporation unie. Un modus vivendi est — difficilement — trouvé par le contraste entre la fermeté des positions corporatives et la prudence la plus extrême en matière de questions sociales. Les « affaires » de 1917 et la transformation en syndicat repoussent, en 1920, les maîtres modérés vers les associations solidaristes.

La stratégie du PCF en 1953

NORGUEZ Marc, La stratégie du PCF en 1953, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 180 p.

À l’aide des textes officiels, ce mémoire tente de suivre et de comprendre la logique et la cohérence de la stratégie politique des communistes français entre décembre 1952 et mars 1954. Il constitue également un essai de compréhension du processus d’élaboration de cette stratégie en mesurant l’influence du mouvement communiste international et l’analyse de la réalité française, dans le cadre de l’année « charnière » de la « guerre froide » qui est marquée par une relative accalmie de la tension internationale et de la mort de Staline.

Cette étude part d’une étude attentive des événements nationaux, internationaux et propres au PCF. Il apparaît vite que le PCF a une chronologie qui lui est particulière, et une vision personnelle de la réalité.

Ce caractère est confirmé dans la deuxième partie qui veut répertorier les thèmes d’intervention du PCF à la lecture, chaque semaine de l’éditorial de France nouvelle. La lecture de la réalité par le PCF amène à l’examen des grilles de lecture et nécessite le large détour de l’analyse communiste.

À ce moment quelques réflexions sont proposées à propos du dogmatisme et de l’analyse vivante.

Enfin, retour à la chronologie pour examiner l’évolution de l’action communiste, avec les distinctions entre les objectifs, l’orientation et le moyen. Ici aussi, quelques jalons sur le fonctionnement du Parti et l’« Affaire Lecoeur ».

La stratégie du PCF a déjà fait couler beaucoup d’encre : gageons que ce n’est pas terminé. Tant mieux même s’il est certain que le terrain n’est pas sûr. Raison de plus de ne pas s’y aventurer avec de fausses certitudes.

Recherches sur l’idéologie de la Nouvelle Revue française de 1919 à 1924

MICHON Pascal, Recherches sur l’idéologie de la Nouvelle Revue française de 1919 à 1924, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 179 p.

En 1919, la NRF, née dans les dernières années de l’avant-guerre, n’est encore qu’une jeune revue dont le succès n’est pas assuré. Les années vingt verront fleurir cette « rose des vents », comme l’appelait François Mauriac, véritable centre idéologique et culturel qui irriguera la pensée française, voire européenne, pendant tout l’entre­deux-guerres.

Cette recherche se donne comme une analyse sur un cas précis de ce que l’on appelle l’humanisme, analyse de sa structure et de son fonctionnement, mais aussi des enjeux politiques qu’il recèle et des stratégies qu’il a dû mettre en œuvre pour affermir son hégémonie idéologique au cours des premières années de l’après-guerre. Tour à tour les rapports avec Proust, Freud, le Dadaïsme, Bergson ou l’Action française, viennent décrire une géographie idéologique — et politi­que — des années vingt.

Cette étude se voudrait donc une contribution à l’histoire des idéologies dont elle analyse le fonctionnement dans les pratiques mêmes auxquelles elles imposent leurs règles et desquelles elles ressortent, à leur tour, transformées. Ainsi, l’examen porte successivement sur la sociabilité, définie comme le tissu des liens interindividuels qui sous-tend une expérience en commun de la culture et de la politique, puis sur cette expérience même de lecture et d’écriture, et enfin sur le discours politique qui en a résulté. On a tenté de construire une approche « pragmatique » du politique aux dépens des analyses qui l’identifient au pouvoir d’État, l’objet étant de montrer que le pouvoir se joue en fait à tous les échelons sociaux par le biais de l’idéologie qui, fixant une image de l’homme et un emploi du langage, détermine les règles et les limites du discours de tout sujet parlant et, ce faisant, son rapport au social.

L’exclusion de la Section française de la Quatrième Internationale

MICHELET Stéphane, L’exclusion de la Section française de la Quatrième Internationale, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 288 p.

Ce travail a été réalisé à partir de la revue Quatrième Internationale et surtout à partir des bulletins intérieurs du Parti communiste internationaliste (Section française de la Quatrième Internationale) de l950 à 1952. Il est essentiellement organisé suivant deux axes :

  • une étude de la Quatrième Internationale, de son fonctionnement au début des années cinquante ;
  • le déroulement de la scission dans la Section française puis son exclusion de la Quatrième Internationale.

L’introduction commence par une brève étude sur un sujet jusqu’ici peu exploité : l’étude du trotskysme après Trotski qui est un résumé de l’histoire de la Quatrième Internationale avant 1950, résumé succinct, mais nécessaire

L’ouvrage se divise en trois parties : une première partie est une étude de l’implantation et du fonctionnement de la Quatrième Internationale en 1950 ; la seconde est une étude des textes qui sont à l’origine des clivages politiques qui ont engendré la scission du PCI, textes disponibles dans les bulletins intérieurs de l’Internationale ; la troisième porte sur le déroulement des débats au sein du PCI puis de la scission, de 1950 à 1952.

La position du S.I. obligeant les militants du PCI à entrer dans les organisations du PCF, représentait un tel désaveu de l’action antérieure des militants trotskystes français, que la majorité du PCI après s’être prêtée à des compromis, devait finalement s’y refuser. Une scission s’ensuivit dont les conséquences affectent durablement le mouvement trotskyste.

La conclusion de l’ouvrage porte sur les conséquences politiques et organisationnelles que va avoir cette exclusion de l’Internationale.

Le Syndicat national des instituteurs et la guerre d’Algérie

MERABTI Nora, Le Syndicat national des instituteurs et la guerre d’Algérie, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 124 p.

La décolonisation ne pouvait manquer de poser des problèmes à tous les citoyens et à toutes les organisations, qu’elles soient politiques ou syndicales.

Le Syndicat national des instituteurs, de par l’importance de ses effectifs et la place qu’occupent l’école primaire et ses maîtres au sein de la société coloniale, était le plus à même de réagir au sein du corps enseignant, face au problème colonial.

Depuis la fin de la guerre mondiale, qui voit l’éveil des nationalismes dans les colonies, le SNI, comme l’enseignement des enseignants, ne cessera lors de ses congrès d’affirmer l’attachement des instituteurs à la défense des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cependant, ce qui ressort des prises de position de la majorité autonome, est une ignorance de la violence de la colonisation et, par voie de conséquence, de la décolonisation. Son anticolonialisme est beaucoup plus une protestation d’ordre moral et se caractérise par une méfiance à l’égard des nationalismes. Lorsque la guerre d’Algérie éclate, le SNI réagira mollement et couvrira la « pacification » par l’armée française. Elle ne lancera aucune action directe, et sa politique sera la prudence tant que dureront les événements.