Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

L’Union du personnel des administrations centrales : un mouvement de contestation chez les fonctionnaires des ministères, 1906-1914

BEAUD Olivier, L’Union du personnel des administrations centrales : un mouvement de contestation chez les fonctionnaires des ministères, 1906-1914, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 191 p.

L’objet de cette étude est une petite association fédérative, qui a regroupé, au début du siècle, les employés « cadres » des différents ministères. Née en 1906, l’Union, apparue à l’époque de la naissance du syndicalisme dans la fonction publique, témoigne d’un certain mécontentement des fonctionnaires d’administration centrale. Ceux-ci ont vu leur situation professionnelle se dégrader lentement, qu’il s’agisse du montant de leurs traitements, dont l’évolution ne correspond pas à l’augmentation du prix de la vie, ou du déroulement de leur carrière, perturbé par les ingérences parlementaires.

Censée représenter tous les employés des ministères, l’Union est, en réalité, dominée par le groupe des rédacteurs et des chefs de bureau qui forment son ossature. Ses efforts ne seront, à l’exception des recours juridiques, guère couronnés de succès. L’état des sources (très inégales) a conduit à privilégier l’étude des revendications de cette Union, qui ne poursuit qu’un seul but : l’établissement commun aux administrations centrales. En fait, cette réforme administrative s’articule autour d’une idée-force, qui est l’acquisition de l’autonomie statutaire des fonctionnaires ; les revendications de l’Union sont, d’autre part, soutenues par une idéologie de légitimation propre aux fonctionnaires centraux. La crainte de la « prolétarisation et le souci constant de la « Carrière », qu’elle révèle, donne à cette association sa spécificité au sein du mouvement des fonctionnaires.

Recherche sur les ébénistes d’art du Faubourg-Saint-Antoine de l’entre-deux-guerres à nos jours

BAS Françoise, Recherche sur les ébénistes d’art du Faubourg-Saint-Antoine de l’entre-deux-guerres à nos jours, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, octobre 1982, 130 p.

Ce sujet, l’étude des ébénistes d’art dans leur quartier parisien, nous apporte des renseignements nouveaux sur le thème du groupe social artisanal. La période analysée (l’entre-deux-guerres à nos jours) n’ayant jamais été abordée, permet de connaître l’évolution historique, des techniques, de l’économie et des mentalités de ce groupe, à une époque relativement récente, et nous oblige ainsi à nous interroger sur la progression de ce métier en soixante ans.

Une telle étude nous intéresse à deux niveaux. Le premier, primaire, nous informe sur la vie quotidienne des artisans parisiens. Le deuxième niveau est la méthode utilisée pour la collecte de documents : volontairement directe, elle est composée en majorité d’interviews personnalisés et de la lecture de la presse artisanale. Cette méthode, construite sur le vécu des personnes concernées, nous permet d’aborder le sujet à la base, en nous imprégnant d’une atmosphère réelle et en nous évitant les nombreux a priori existants.

La Fédération unitaire du Livre 1922-1935

BARRE Frédérique, La Fédération unitaire du Livre 1922-1935, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, septembre 1982, 93 p. + annexes

L’évolution de la Fédération Unitaire du Livre de 1922 à 1935 doit être étudiée en liaison étroite avec celle de la CGTU. En 1925, alors que l’influence communiste est définitivement établie au sein de la confédération, la FUL, après un conflit violent sur le problème de « l’indépendance du syndicalisme », place elle aussi à sa tête une commission exécutive composée d’une majorité de membres du Parti communiste. Dès lors la rupture est définitive d’avec le Syndicalisme-Révolutionnaire qui avait prévalu jusque-là et qui se caractérisait notamment par la grande autonomie laissée aux sections. En 1929, la direction confédérale reconnaît le PC comme « avant-garde dirigeante du mouvement ouvrier ». Cette décision, entérinée par la majorité de la CE de la FUL, paraît inacceptable au secrétaire général Schumacher qui pour défendre ses idées, fonde un courant au sein de la CGTU. Le congrès confédéral donne raison à la ligne défendue par sa direction et met en échec les tendances prônant « indépendance du syndicalisme » ; il en va de même dans le FUL : Schumacher est amené à démissionner et le Comité National de 1930 adhère à la proportion des 2/3 à la thèse « majoritaire ». De 1929 à 1935, l’adhésion entre la CGTU et la FUL est totale aussi bien en ce qui concerne la politique des salaires que dans le domaine de l’unité. Jusqu’à 1934, les « Chefs réformistes » sont stigmatisés de façon catégorique dans les deux organisations, à partir de cette date la FUL (comme la CGTU) accepte d’engager des pourparlers avec son homologue confédérée, qui débouchent sur la réunification. Enfin il faut noter l’intérêt commun porté dès 1929 par les deux organisations révolutionnaires aux catégories les moins qualifiées : la désaffection de ces dernières étant sans aucun doute l’échec majeur de la CGTU comme la FUL.

La SFIO et la guerre d’Algérie

BAMPS Denis, La SFIO et la guerre d’Algérie, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, juin 1982, 144 p. + annexes

L’essentiel de ce mémoire repose sur l’étude : – de l’intégrale des interventions faites devant les instances nationales de la SFIO (congrès, conseil, conférence nationale), – des notes prises en réunion de comité directeur, – de la presse nationale du Parti (Populaire, Populaire Dimanche…), – de certains quotidiens nationaux sur la période étudiée (Le Monde, L’Express, France-Observateur). De telles sources privilégient le niveau national.

D’abord discret, « le problème algérien » va rapidement polariser l’essentiel puis la quasi-totalité des débats au sein des instances nationales du Parti. 1945-1955 : la SFIO se remet des déchirures de la CED. L’Algérie n’apparaît pas comme un point de désaccord possible, mais comme un facteur d’unité. Même si quelques divergences exprimées par des courants fédéralistes apparaissent, l’unité demeure jusqu’à la fin de 1955 et se trouve renforcée lors de la campagne des législatives et le slogan « Paix en Algérie ». Après la victoire du Front Républicain, les inquiétudes exprimées par les fédéralistes s’intensifient. Mais c’est encore avec l’unanimité du Parti que G. Mollet accepte la présidence du conseil.

Le 6 février 1956 marque le tournant. La crise algérienne devient un facteur de division. La distance qui sépare la Majorité de la Minorité ne cesse de s’accroître au fur et à mesure que l’on s’avance dans la guerre d’Algérie, au point qu’une troisième force, en 1957, incarnée par G. Deferre, tentera de s’imposer en se plaçant dans une position intermédiaire. La crise de mai 1958, le vote d’investiture de de Gaulle, l’entrée de G. Mollet à titre personnel dans son gouvernement entraîne le Parti à la scission. Facteur d’union puis facteur de crise, la politique algérienne de la SFIO a accentué le mouvement d’affaiblissement que connaissait la SFIO depuis 1945.

Alors peut-on se contenter de résumer la politique de la majorité sous le cliché « politique de droite menée par un parti de gauche » ? La réponse est négative. Que toute perspective de départ dût entraîner une explosion qui mit en danger les institutions républicaines, le 13 mai, l’OAS, les barricades l’ont confirmé. De même, les principes demeurent assez défendables dans le contexte de l’époque et dans la logique d’une gauche réformiste. Mais une question reste en suspend : était-ce à la SFIO et aux socialistes de mener une telle politique ?

Étaient-ils capables de l’imposer au pays ? Étaient-ils capables d’éviter l’enlisement ?

Les trotskystes en France sous le Front populaire. La scission du groupe « La Commune »

ATTIAS Eric, Les trotskystes en France sous le Front populaire. La scission du groupe « La Commune », Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, juin 1982, 259 p.

Le projet de l’auteur a consisté, tout d’abord, à présenter les analyses originales défendues, dans la lutte des classes, par un groupe minoritaire. Le fond de ces analyses est constitué par la distinction que ces militants opérèrent toujours, entre la mobilisation révolutionnaire des masses, qui a abouti à la grève générale de mai-juin 1936, et la constitution d’une alliance politique, dite « Front populaire », liée au maintien du régime capitaliste. Une telle caractérisation du Front populaire renvoyait, bien entendu, à la nature de la social-démocratie et du stalinisme pris dans leurs exemples français. Dans un débat classique sur le Front populaire, il est parfois encore question de se demander si la grève de mai-juin 1936 a bien été un mouvement révolutionnaire, si Blum a bien échoué devant « le mur d’argent », si le Front populaire a, bien ou mal, préparé la guerre. Face à ces interrogations, à la fois profondes et tellement empreintes de confusion, les textes de Trotski apparaissent dans toute leur rigueur et toute leur cohérence.

Loin de la rigueur et de la cohérence apparaît, en revanche, l’activité des militants qui partagent l’analyse théorique de Trotski, mais qui expriment, le plus souvent, leurs désaccords avec lui dans la pratique. Bien que représentant, dans la lutte des classes, le véritable internationalisme, leurs positions restent très faibles dans la période 1935-1939.

L’auteur a essayé de pallier les difficultés soulevées par le manque de connaissances comptables, relatives au POI et au PCI, en ce qui concerne leurs effectifs, le tirage et la vente de leurs journaux. Il a tenté de répondre aux problèmes de compréhension posés par les séparations organisationnelles successives que connurent les militants trotskystes durant ces années. Le bilan de cette activité est celui que les trotskystes durant ces années. Le bilan de cette activité est celui que les trotskystes tirent de leur mouvement dans l’enfance : malgré l’inexpérience et les erreurs, l’héritage de Lénine et de Trotski a été transmis.

Le statut du médecin en question : le médecin et la Sécurité sociale de 1945 à 1948

VIER Fabienne, Le statut du médecin en question : le médecin et la Sécurité sociale de 1945 à 1948, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 158 p.

Avant l’apparition de la Sécurité sociale, les médecins exerçaient la médecine de façon libérale, ils fixaient leurs honoraires ; ces derniers n’étant pas remboursés, la médecine était vraiment libérale. La généralisation de la S.S. à toute la population a permis le développement de la consultation médicale, accessible désormais à toute une frange de la population qui se situait avant l’extension des lois sociales dans les classes les plus pauvres.

Tout d’abord, cette généralisation a été bénéfique pour le corps médical qui a vu ainsi s’élargir sa clientèle, et donc ses revenus augmentés. Ces bénéfices ont surtout été sensibles pour les médecins se trouvant au bas de la hiérarchie médicale ; cependant la situation — remboursement des frais ; augmentation de la consommation médicale ; liberté de l’honoraire — ne pouvait se poursuivre. Pour la Sécurité sociale, il y avait un trop grand décalage entre ce qu’elle remboursait et les honoraires des médecins.

C’est pour arriver à un taux de remboursement plus normal que l’évo­lution de 1945 à 1948 était nécessaire, imposant enfin aux médecins un tarif conventionnel. C’est le but de ce travail d’étudier le bouleversement que l’on pourrait appeler le premier choc conventionnel qu’a subi cette profession par l’étude de textes officiels et d’articles parus dans la presse médicale.

Elle revêt une importance particulière aujourd’hui même, alors que la profession médicale vient de subir un deuxième choc conventionnel : après avoir limité le montant de chaque acte, la Sécurité sociale s’est en effet vue dans l’obligation de limiter le nombre global des actes (c’est la notion d’enveloppe globale) face à l’accélération récente de la consommation médicale dans les pays industrialisés.

La vie politique et municipale, 1903-1939

TISSERAND Michel, Chelles (Seine-et-Marne), La vie politique et municipale, 1903-1939, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 204 p.

Ce mémoire repose sur les archives départementales, l’état civil et les délibérations du Conseil municipal. Les listes de recensement n’ont pu être utilisées.

Chelles, entre 1903 et 1939, se développe rapidement ; l’accroissement de population entre 1901 et 1936 est de 300 % ; ce simple bourg rural du début du siècle devient une ville à part entière.

Elle est dépendante de Paris : la moitié des Chellois ont un emploi à Paris. Elle est à la limite de la Ceinture rouge, mais n’en fait pas totalement partie. Comme dans beaucoup de communes de banlieue, le Parti communiste y gagne les élections municipales de 1935, mais cette victoire paraît fragile, car l’union avec les socialistes est éphémère.

Chelles ne fait pas totalement partie des communes directement dépendantes de Paris et a, d’autre part, une originalité propre par rapport au reste de la Seine-et-Marne, plus agricole.