La SFIO et les nationalisations (1943-1946)

STRAUSS Jean-Louis, La SFIO et les nationalisations (1943-1946), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 162 p.

Ce mémoire repose sur le dépouillement exhaustif de la presse socialiste — quotidienne et périodique — de l’époque, de nombreuses brochures de propagande, de comptes-rendus des Congrès et Comités directeurs, et sur l’analyse des témoignages des principaux acteurs de cette période mouvementée. Un échange de correspondance fructueux avec le maire de Commentry, Georges Rougeron, a conduit à des recherches plus approfondies sur les expériences dites « périphériques » qui se sont développées dans plusieurs régions (Allier, Rhône, Gard, Marseille, Toulouse, Saint-Raphaël…) avant d’être étouffées dans l’œuf dans le cadre du retour à la « légalité républicaine ».

Les premiers chapitres font un inventaire rapide du cheminement des nationalisations dans le discours socialiste, mettant en évidence le passage d’un concept théorique à un instrument de la politique économique qui trouvera sa première concrétisation lors du Front populaire. On verra ensuite comment les réformes de structure se justifient par le rôle malfaisant des trusts dans l’économie et la vie politique et par leur trahison préméditée de 1940.

Les socialistes, qui ne veulent pas se satisfaire de la confiscation des biens des traîtres et des mises sous séquestre qui en découlent, manifestent leur impatience devant les dérobades du général de Gaulle et le réveil des puissances d’argent. La SFIO élabore des projets de loi garantissant la participation des travailleurs à la gestion et conservant aux entreprises concernées leur pleine autonomie de gestion. On verra se mettre en place les principales réalisations et leurs limites. L’échec de la « Constitution sociale » et le déclin corrélatif du Parti socialiste, les déviations bureaucratiques et étatiques… expliquent que cette grande œuvre de rénovation est restée à l’état d’ébauche et ait été détournée de ses objectifs. C’est donc à un bilan mitigé qu’on est amené, avec une impression d’inachevée et de fragilité, mais les résultats apparaissent largement positifs en dépit de tous les obstacles.