MICHON Pascal, Recherches sur l’idéologie de la Nouvelle Revue française de 1919 à 1924, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 179 p.
En 1919, la NRF, née dans les dernières années de l’avant-guerre, n’est encore qu’une jeune revue dont le succès n’est pas assuré. Les années vingt verront fleurir cette « rose des vents », comme l’appelait François Mauriac, véritable centre idéologique et culturel qui irriguera la pensée française, voire européenne, pendant tout l’entredeux-guerres.
Cette recherche se donne comme une analyse sur un cas précis de ce que l’on appelle l’humanisme, analyse de sa structure et de son fonctionnement, mais aussi des enjeux politiques qu’il recèle et des stratégies qu’il a dû mettre en œuvre pour affermir son hégémonie idéologique au cours des premières années de l’après-guerre. Tour à tour les rapports avec Proust, Freud, le Dadaïsme, Bergson ou l’Action française, viennent décrire une géographie idéologique — et politique — des années vingt.
Cette étude se voudrait donc une contribution à l’histoire des idéologies dont elle analyse le fonctionnement dans les pratiques mêmes auxquelles elles imposent leurs règles et desquelles elles ressortent, à leur tour, transformées. Ainsi, l’examen porte successivement sur la sociabilité, définie comme le tissu des liens interindividuels qui sous-tend une expérience en commun de la culture et de la politique, puis sur cette expérience même de lecture et d’écriture, et enfin sur le discours politique qui en a résulté. On a tenté de construire une approche « pragmatique » du politique aux dépens des analyses qui l’identifient au pouvoir d’État, l’objet étant de montrer que le pouvoir se joue en fait à tous les échelons sociaux par le biais de l’idéologie qui, fixant une image de l’homme et un emploi du langage, détermine les règles et les limites du discours de tout sujet parlant et, ce faisant, son rapport au social.