Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

L’immigration algérienne et l’Hôpital franco-musulman, dans la région parisienne, entre les deux guerres (1915-1947)

BENTABET Fathi, RODIER Catherine, L’immigration algérienne et l’Hôpital franco-musulman, dans la région parisienne, entre les deux guerres (1915-1947), Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 296 p.

Cette étude tente de dégager la situation sociale de l’immigration algérienne en région parisienne dans l’entre-deux-guerres. Après avoir établi le nombre approximatif des Algériens et leur répartition géographique, nous décrivons leurs conditions de vie, celles d’une main-d’œuvre coloniale, à travers trois problèmes insolubles pendant toute la période : le travail, le logement et les maladies.

Pour répondre à cette situation, le Conseil municipal de Paris, après accord préalable du gouvernement, propose la création d’un service s’occupant exclusivement des Algériens. En mars 1925, un arrêté du préfet de Police crée le « Service de surveillance et de protection des indigènes nord-africains », appelé par les contemporains « la rue Leconte ».

Ce service, divisé en deux sections, l’une de surveillance (administration, police), l’autre d’assistance (médico-sociale) est mis en place progressivement. Parallèlement, la branche administrative et policière prend peu à peu le contrôle de la section d’assistance puis de toutes les affaires concernant l’immigration.

Pour couronner cette « politique coloniale », le Conseil municipal de Paris et le département de la Seine, avec la participation de l’État, de la colonie, inaugurent en 1935 l’Hôpital franco-musulman de Bobigny qui devait, avec le cimetière un peu plus tard, susciter une lutte directe entre l’État et la municipalité communiste.

Ces créations ne répondent pas aux nécessités du moment, elles restent très en deçà des besoins réels de l’immigration.

La politique est privilégiée sur le social : l’infrastructure médico-sociale (administration, dispensaires, foyers, bureaux de placement, hôpital, cimetière…) ne sert qu’à mieux encadrer, mieux pénétrer dans la masse ouvrière pour une répression plus efficace.

La publicité pour l’automobile. Conception et organisation de la publicité, image sociale de l’automobile de 1937 à 1973

WOUTERS Ghislain, La publicité pour l’automobile. Conception et organisation de la publicité, image sociale de l’automobile de 1937 à 1973, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 266 p.

Cette étude analyse l’évolution de l’image de l’automobile diffusée par la publicité de 1937 à 1973, sa signification et, dans la mesure du possible, les liens de cette image avec la réalité vécue. Elle repose sur les annonces parues dans différents supports de presse pendant les années 1937, 1954 et 1955, 1965, 1973, mais aussi sur des documents internes aux firmes (Renault) concernant leur conception de la publicité et la façon dont elles l’organisent.

On assiste à un affinement et (malgré un recul entre 1945 et la fin des années cinquante) à une présence de plus en plus forte et régulière de la publicité à travers la période. Cette évolution est liée au développement des agences et de l’utilisation de la publicité comme instrument de vente dans un marché de masse ; elle entraîne une augmentation de la force de persuasion et de la prégnance des annonces.

En même temps, on voit l’auto malgré l’utilisation de la symbolique par les agences, se banaliser pendant que son usage se développe. Conduire, dès avant la crise pétrolière, peut devenir peu agréable, surtout, alors que la sensibilité postulée par les annonces était différente selon les supports en 1937, une unification se produit entre ceux-ci dans l’après-guerre. De plus, la différenciation des motifs d’achat, voire des autos selon les catégories socio-professionnelles mises en scène (1937), cède le pas à une différenciation selon l’âge et le statut matrimonial et familial : à la représentation d’une société figée succède celle d’une société intégrationniste transmettant à toutes les catégories sociales un imaginaire qui est du reste celui des cols blancs.

Ce ne sont donc pas seulement des modes de sensibilité envers l’auto qui sont étudiés, mais aussi, à travers eux, des modes d’imaginaire plus généraux d’une société.

La Catalogne de 1931 à 1936

SAURET Christine, La Catalogne de 1931 à 1936, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 108 p.

Ce mémoire traite de l’évolution de la Catalogue à travers la presse. Bien que l’existence de la Catalogne représente un problème spécifique, son étude ne peut être envisagée que par rapport à l’Espagne.

Le travail se divise en six parties, chacune consacrée à un événement important, en Catalogne, durant la période 1931-1936. La chute de la monarchie, l’avènement de la République, l’élaboration du Statut de la Catalogne et les conflits qu’il suscite, le 6 octobre et la victoire du Frente popular, jusqu’au conflit qui éclate en juillet 1936. La multiplicité des partis et la préoccupation dominante de l’autonomie n’ont pas permis aux Catalans de mesurer à temps le danger des droites.

Le discours anarchiste sur l’Éducation à travers Le Libertaire, 1905-1906

ROMION Marie-Claude, Le discours anarchiste sur l’Éducation à travers Le Libertaire, 1905-1906, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 91 p.

Cette étude est une analyse du discours anarchiste sur l’éducation, entreprise à partir des articles parus sur ce sujet dans Le Libertaire en 1905-1906. Elle a pour but de montrer comment fonctionne le discours libertaire sur l’éducation.

Une introduction comporte la présentation du journal et de ses collaborateurs. Elle envisage ensuite la constitution du corpus à partir des énoncés comprenant les mot-clés choisis pour l’étude. Puis elle explicite la méthode d’analyse retenue : une étude précise des termes dans leur emploi et leur cooccurrence permettant de mettre en évidence la structure du discours.

L’étude proprement dite se divise en trois parties. L’opposition constante de deux types d’éducation donnant au discours une structure binaire est démontrée dans la première d’entre elles. La seconde est consacrée à l’examen des données de l’opposition, envisagées pour les deux types d’éducation dans leurs principes, leurs dispensateurs, leurs méthodes et leurs résultats. À travers l’étude de la fonction de l’éducation, la dernière partie révèle la valeur politique et sociale sous-tendant tout le discours. Cette étude démontre donc la structure d’un discours de propagande.

Recherches sur L’École Émancipée (organe pédagogique de la Fédération nationale des Syndicats d’instituteurs et d’institutrices) 1910-1921

RODRIGO Jean-Michel, Recherches sur L’École Émancipée (organe pédagogique de la Fédération nationale des Syndicats d’instituteurs et d’institutrices) 1910-1921, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 255 p.

De la naissance de l’École Émancipée, en octobre 1910 à Marseille, à son transfert à Saumur, onze ans plus tard, une profonde évolution s’opère. Le syndicalisme révolutionnaire qui se réalise pleinement au contact de la pratique pédagogique constitue le lien. De telles conceptions ont engendré un type de militants syndicalistes qui veut se perfectionner professionnellement tout en refusant de parvenir. L’École Émancipée est son journal pour la préparation de ses cours et son combat pour la reconnaissance du droit syndical des fonctionnaires.

L’École Émancipée ne disparaît pas avec la guerre, mais doit modifier sa formule. Elle parvient, malgré la censure, à véhiculer certains thèmes favorables à la paix. Expression des minoritaires, elle préconise l’adhésion à la IIIe Internationale.

La fonction éducative des Bourses du Travail dans le mouvement ouvrier (1895-1914)

PICA Germinal, La fonction éducative des Bourses du Travail dans le mouvement ouvrier (1895-1914), Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 278 p.

Cette étude porte sur l’ensemble des activités culturelles et éducatives des Bourses du Travail entre 1895 et 1914. Elle décèle un certain nombre de comportements culturels typiquement ouvriers. Ainsi l’institution de cours professionnels, si l’on suit les débats des congrès des Bourses et de la CGT à ce sujet, montre combien le mythe du « bon ouvrier digne et fier » qui hante la seconde moitié du XIXe siècle persiste dans l’expérience éducative des Bourses. Les cours professionnels furent d’ailleurs surtout impulsés par des ouvriers qualifiés dans le but de préserver les « métiers » menacés par la « spécialisation » ou la déqualification. L’institution d’un enseignement général avec bibliothèques, cours, conférences, participation aux Universités populaires fut surtout le fait de militants autodidactes qui tentaient de fonder un humanisme ouvrier et une culture prolétarienne. Mais l’échec des Universités populaires, la faible fréquentation des bibliothèques, montrent que, pour l’ensemble des syndiqués, l’ac­quisition d’un savoir livresque et « éclectique » passait au second plan par rapport au « métier » et à l’amélioration de la qualification professionnelle.

Les militants qui s’intéressèrent à l’éducation définirent une pensée pédagogique proche des aspirations ouvrières et inspirées de certaines idées libertaires. C’est ce que confirme la Conférence des Bourses de Marseille (1908). Mais après 1908, les expériences d’éducation de l’enfance (groupes de pupilles) auront une portée restreinte tandis que l’ensemble du service éducatif ne connaîtra aucune innovation. Seules les Jeunesses syndicalistes tenteront, au sein des Bourses, de donner un visage nouveau à ce type d’activités en essayant de concilier la culture avec les activités récréatives. Ainsi l’étude des activités éducatives et culturelles des Bourses du Travail permet d’exhumer une culture ouvrière, une pensée ouvrière sur l’éducation, d’en définir les aspects et d’en observer les centres d’intérêt de 1895 à 1914.

La Fête des Mères de 1932 à 1950

PEYRAT Marianne, La Fête des Mères de 1932 à 1950, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 152 p.

La France célèbre la Fête des Mères depuis le XXe siècle, suivant en cela l’exemple des pays anglo-saxons, mais on retrouve cependant à travers l’histoire, de l’Antiquité à nos jours, des cérémonies analogues.

Officiellement consacrée en 1926, il a fallu attendre 1950 pour la voir légalisée, grâce aux efforts conjugués de l’État et des associations familiales.

Entre ces deux dates, des transformations, que l’étude de ses manifestations traditionnelles met en évidence, ont modifié à la fois sa célébration et sa signification : à l’origine Fête des mères de familles nombreuses, elle a acquis avec le gouvernement de Vichy le caractère qu’on lui connaît actuellement, où le nombre des enfants n’est plus pris en considération. Cette évolution a été favorisée par la préférence accordée à la fête familiale, au détriment des cérémonies officielles (remise de la Médaille de la Famille française).

L’implantation en France d’une telle manifestation fait partie d’un mouvement général en faveur de la famille nombreuse et a offert une large audience aux thèses natalistes préconisées par les gouvernements successifs de l’entre-deux-guerres.

Elle a véhiculé d’autre part une certaine image de la femme, celle de la mère au foyer, modèle en contradiction avec la réalité économique et sociale du temps et qu’a néanmoins tenté d’imposer l’État.

Cette étude s’achève sur le rôle tenu par la presse dans le conditionnement de l’opinion publique vis-à-vis de ce phénomène et les différentes utilisations qu’elle en a fait suivant les idées qu’elle défendait : presse féminine, enfantine, familiale, religieuse…