La fonction éducative des Bourses du Travail dans le mouvement ouvrier (1895-1914)

PICA Germinal, La fonction éducative des Bourses du Travail dans le mouvement ouvrier (1895-1914), Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 278 p.

Cette étude porte sur l’ensemble des activités culturelles et éducatives des Bourses du Travail entre 1895 et 1914. Elle décèle un certain nombre de comportements culturels typiquement ouvriers. Ainsi l’institution de cours professionnels, si l’on suit les débats des congrès des Bourses et de la CGT à ce sujet, montre combien le mythe du « bon ouvrier digne et fier » qui hante la seconde moitié du XIXe siècle persiste dans l’expérience éducative des Bourses. Les cours professionnels furent d’ailleurs surtout impulsés par des ouvriers qualifiés dans le but de préserver les « métiers » menacés par la « spécialisation » ou la déqualification. L’institution d’un enseignement général avec bibliothèques, cours, conférences, participation aux Universités populaires fut surtout le fait de militants autodidactes qui tentaient de fonder un humanisme ouvrier et une culture prolétarienne. Mais l’échec des Universités populaires, la faible fréquentation des bibliothèques, montrent que, pour l’ensemble des syndiqués, l’ac­quisition d’un savoir livresque et « éclectique » passait au second plan par rapport au « métier » et à l’amélioration de la qualification professionnelle.

Les militants qui s’intéressèrent à l’éducation définirent une pensée pédagogique proche des aspirations ouvrières et inspirées de certaines idées libertaires. C’est ce que confirme la Conférence des Bourses de Marseille (1908). Mais après 1908, les expériences d’éducation de l’enfance (groupes de pupilles) auront une portée restreinte tandis que l’ensemble du service éducatif ne connaîtra aucune innovation. Seules les Jeunesses syndicalistes tenteront, au sein des Bourses, de donner un visage nouveau à ce type d’activités en essayant de concilier la culture avec les activités récréatives. Ainsi l’étude des activités éducatives et culturelles des Bourses du Travail permet d’exhumer une culture ouvrière, une pensée ouvrière sur l’éducation, d’en définir les aspects et d’en observer les centres d’intérêt de 1895 à 1914.