La SFIO et la guerre d’Algérie

BAMPS Denis, La SFIO et la guerre d’Algérie, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, juin 1982, 144 p. + annexes

L’essentiel de ce mémoire repose sur l’étude : – de l’intégrale des interventions faites devant les instances nationales de la SFIO (congrès, conseil, conférence nationale), – des notes prises en réunion de comité directeur, – de la presse nationale du Parti (Populaire, Populaire Dimanche…), – de certains quotidiens nationaux sur la période étudiée (Le Monde, L’Express, France-Observateur). De telles sources privilégient le niveau national.

D’abord discret, « le problème algérien » va rapidement polariser l’essentiel puis la quasi-totalité des débats au sein des instances nationales du Parti. 1945-1955 : la SFIO se remet des déchirures de la CED. L’Algérie n’apparaît pas comme un point de désaccord possible, mais comme un facteur d’unité. Même si quelques divergences exprimées par des courants fédéralistes apparaissent, l’unité demeure jusqu’à la fin de 1955 et se trouve renforcée lors de la campagne des législatives et le slogan « Paix en Algérie ». Après la victoire du Front Républicain, les inquiétudes exprimées par les fédéralistes s’intensifient. Mais c’est encore avec l’unanimité du Parti que G. Mollet accepte la présidence du conseil.

Le 6 février 1956 marque le tournant. La crise algérienne devient un facteur de division. La distance qui sépare la Majorité de la Minorité ne cesse de s’accroître au fur et à mesure que l’on s’avance dans la guerre d’Algérie, au point qu’une troisième force, en 1957, incarnée par G. Deferre, tentera de s’imposer en se plaçant dans une position intermédiaire. La crise de mai 1958, le vote d’investiture de de Gaulle, l’entrée de G. Mollet à titre personnel dans son gouvernement entraîne le Parti à la scission. Facteur d’union puis facteur de crise, la politique algérienne de la SFIO a accentué le mouvement d’affaiblissement que connaissait la SFIO depuis 1945.

Alors peut-on se contenter de résumer la politique de la majorité sous le cliché « politique de droite menée par un parti de gauche » ? La réponse est négative. Que toute perspective de départ dût entraîner une explosion qui mit en danger les institutions républicaines, le 13 mai, l’OAS, les barricades l’ont confirmé. De même, les principes demeurent assez défendables dans le contexte de l’époque et dans la logique d’une gauche réformiste. Mais une question reste en suspend : était-ce à la SFIO et aux socialistes de mener une telle politique ?

Étaient-ils capables de l’imposer au pays ? Étaient-ils capables d’éviter l’enlisement ?