VANLERBERGHE Sabine, Les nationalisations dans la presse syndicale confédérale de septembre 1944 à décembre 1946, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 165 p.
La Libération constitue une étape importante de l’évolution du syndicalisme ouvrier sur la question des nationalisations. C’est à la Libération que l’ensemble des composantes du syndicalisme ouvrier se rallie à l’idée de nationalisation. Par ailleurs, c’est une période où les nationalisations deviennent une réalité économique.
La lecture de la presse syndicale permet de saisir l’importance des nationalisations en tant que thème revendicatif. Celle-ci varie en fonction de l’agenda parlementaire, de l’actualité syndicale et des événements politiques. L’analyse des articles a permis, d’autre part, de préciser quelles étaient les idées dominantes justifiant les nationalisations : dénonciation du pouvoir des trusts, argument force autour duquel s’organisent les autres thèmes ; élargissement de la démocratie à l’économie, non seulement au sein de l’entreprise, mais aussi au niveau national ; développement économique auquel est liée la revendication d’une planification de l’économie.
Il convient de souligner l’opposition fondamentale entre la CGT et la CFDT sur la stratégie syndicale qui doit permettre l’émancipation ouvrière. Dans la perspective d’une transformation des structures économiques, condition de cette émancipation, la CGT lie la défense des intérêts économiques des travailleurs à celle de leurs intérêts politiques. Par contre, la CFTC refuse cette politisation de l’action syndicale et entend réaliser l’émancipation ouvrière par une évolution du statut des travailleurs dans l’entreprise, sur la base de la co-gestion et de la co-propriété.