Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

Étude socio-professionnelle d’une rue du XIe arrondissement entre 1926 et 1936

MIALHE Paul-Henri, Étude socio-professionnelle d’une rue du XIe arrondissement entre 1926 et 1936, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1984

L’objectif est de mener une étude historique en utilisant l’ordinateur. Cet a priori conditionne le choix de la source qui doit nécessairement prendre en compte la spécificité de l’ordinateur. À cette fin, on a retenu les trois recensements de la ville de Paris en 1926, 1931 et 1936, complétés par les listes électorales de 1925, 1930 et 1935. Pour exploiter les indications données par les recensements, deux procédés pouvaient être retenus : soit travailler par sondage sur l’ensemble du quartier de La Roquette, soit se limiter à un lieu de vie particulier : place, rue. C’est cette deuxième solution qui a été choisie et l’étude porte sur la rue Saint-Sabin, non loin du Faubourg Saint Antoine. L’étude comporte un ensemble de tableaux et de graphiques.

L’évolution de la rue pendant la période 1926-1936 est étudiée sous deux aspects : d’une part l’évolution des personnes stables (quels sont leurs points communs et éventuellement, quels infléchissements se produisent au sein de cette population), d’autre part, l’évolution l’évolution globale de la rue telles qu’elle est reflétée par chacun des trois recensements. Dans ce but, sont étudiées l’évolution de la composition des familles (étude comparative, description), et celle des professions qui fait apparaître les modifications structurelles et conjoncturelles de la rue.

Au terme de l’étude, on peut faire les constatations suivantes :  – En ce qui concerne la population : Le renouvellement est important : de 1931 à 1936, il est de 51 %. La moyenne d’enfants par famille diminue peut-être en raison de la conjoncture économique. Le travail des femmes devient plus régulier. Elles investissent le secteur des services. – En ce qui concerne les activités : De 1926 à 1936, on note un pourrissement du marché de l’emploi. Essoufflement du secteur production dû à un changement de structure économique. Stagnation du secteur commerce. Dynamisme du secteur des services. La qualification des actifs est en baisse, surtout pour les femmes et les jeunes. Si le marché de l’emploi est souple en 1926, il devient rigide en 1936. La rue Saint Sabin elle-même change de caractère : d’active et bruyante, elle devient peu à peu plus calme.

La jeunesse ouvrière chrétienne de 1940 à 1947. Crise d’adolescence d’un mouvement de jeunes chrétiens

FOURRE Véronique, La jeunesse ouvrière chrétienne de 1940 à 1947. Crise d’adolescence d’un mouvement de jeunes chrétiens, Maîtrise [Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1984

La Jeunesse Ouvrière Chrétienne, créée en 1926 en Belgique, offre plusieurs thèmes de recherche intéressants.

Ce mouvement se situe à la confluence d’une doctrine et d’une classe sociale historiquement opposées l’une à l’autre : Le Christianisme et le monde ouvrier. Issu d’une tradition sociale chrétienne remontant à l’Encyclique RERUM NOVARUM, il innove cependant en spécialisant son action à la classe ouvrière et en créant ainsi les conditions d’un élargissement de l’expérience à d’autres classes sociales. Enfin, il a en France un succès tout à fait remarquable, le plaçant parmi les tout premiers mouvements de jeunesse en 1939.

L’intérêt de ce mouvement s’amplifie en 1940, car deux éléments déterminants interviennent :

1/Le premier est l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain entraînant : la disparition de l’unité nationale du mouvement avec au Nord une JOC dissoute, officieuse voire clandestine et au Sud, une JOC officielle évitant difficilement une trop grande compromission avec le nouveau régime. Un choix rapidement inéluctable entre sa vocation chrétienne et sa tradition ouvrière.

2/Le second élément est, au-delà de ce choc événementiel, la « fermentation » de la catholicité française remettant en cause son action apostolique celle en particulier du mouvement jociste jugée à la fois temporelle et trop peu évangélique.

L’occupation est donc pour la JOC : – une existence quotidienne, – une remise en cause « politique » – un débat de fond idéologique. Ces trois dimensions ont des implications déterminantes dans l’évolution de ce mouvement, car elles insufflent un esprit différent dégagé de la traditionnelle doctrine sociale de l’Église, tout en formant des militants différents dans leur engagement temporel et politique.

Notre travail s’attache à étudier les changements imputables à l’occupation et leur pérennité au-delà de ce choc historique. Cette étude est uniquement basée sur les archives du Secrétariat Général de la branche masculine et française du mouvement.

La création du comité d’établissement de Renault-Billancourt, 1945-1952

PERRIAUX Anne-Sophie, La création du comité d’établissement de Renault-Billancourt, 1945-1952, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983

Il n’y a pas de comité d’établissement à Boulogne avant 1947 ; c’est là un des aspects restrictifs de la législation RNUR par rapport à la législation nationale. En fait, de 1945 à 1947, le Comité Central d’Entreprise pallie cette carence. Institué par l’ordonnance de nationalisation, élu, il se donne rapidement les moyens d’assumer les tâches qui lui reviennent : gérer les œuvres sociales et contribuer à l’amélioration de la production et des conditions de travail. L’étroite unité de vue entre la Direction et la CGT, majoritaire au CCE, explique que la mise en place et le fonctionnement du comité ne donnent lieu à aucun désaccord.

À partir de novembre 1947, le comité d’établissement doit être, pour la CGT, un instrument de lutte. Les services sociaux, épurés, proposent des activités conformes à l’orientation syndicale.

En décembre 1950, la Direction riposte par la diminution massive de la subvention accordée au CE qui est contraint d’abandonner une partie des œuvres sociales, reprises par la Direction. La CGT ne change pas de stratégie pour autant.

En juin 1952, après la manifestation contre Ridgway, elle perd la majorité au sein du comité d’établissement. Les membres CGC, FO, SIR, CFTC du CE offrant les garanties du respect d’une stricte neutralité, la Direction se déclare favorable à un retour de la totalité des œuvres sociales au comité d’établissement de Renault-Billancourt en décembre 1952.

L’Union départementale CGT de la Loire-Inférieure (1938-1939)

SINGER Philippe, L’Union départementale CGT de la Loire-Inférieure (1938-1939), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983

L’image que nous donne l’UD CGT de Loire inférieure avant la guerre est comme le négatif de ce que l’on peut alors voir en France. Les communistes, partisans d’un syndicalisme de lutte des classes, apparaissent attachés à la défense des intérêts quotidiens des travailleurs tandis que les anciens confédérés abandonnent tout réformisme et adoptent un style révolutionnaire qui emprunte ses thèmes à la tradition anarcho-syndicaliste.

Pour saisir et étudier cette originalité, nous nous sommes concentrés sur les années 1938-39, difficiles pour la CGT puisqu’elles correspondent à son reflux après la victoire de juin 1936. Durement sollicités par la dégradation du climat politique et social, par les nécessités de la défense nationale et l’offensive conjointe à partir d’avril 1938, et du patronat et du gouvernement, les dirigeants syndicaux et les ouvriers se sont montrés tels qu’en eux-mêmes.

Exception faite de quelques minorités révolutionnaires sans influence, ils apparaissent modérés. Ce n’est pas par crainte de se faire déborder que les dirigeants confédérés adoptent un style révolutionnaire. L’anarcho-syndicalisme proclamé, sinon vécu, est purement démagogique. Mais il est dicté par un opportunisme dont les fondements sont profonds et qui tiennent à l’histoire du mouvement ouvrier en Basse-Loire et à la permanence de son contrôle par les Socialistes.

Le jeune Parti communiste français prit rapidement conscience de l’enjeu stratégique que représentait, après la Première Guerre, l’afflux sans précédent de la main-d’œuvre d’origine étrangère. Les fondements théoriques et les orientations principales de sa politique vis-à-vis de la MOE ont déjà été étudiés et sont relativement bien connus.

Partant du constat maintes fois vérifié qu’il y a une marge entre l’adoption de résolutions et leur mise en application, ce travail se propose, à partir de l’exemple des immigrés italiens, de déterminer quelle fut dans la pratique l’attitude des communistes français vis-à-vis de ces derniers dans la décennie qui sépare la dissolution de la Fédération communiste italienne de France et l’entrée de Giulio Ceretti au Comité Central du PCF.

L’identification et la description des organismes mis en place — les Centuries Prolétariennes, les Comités Prolétariens Antifascistes et, surtout, les groupes de langue italienne — et l’évaluation de l’influence du PCF dans l’immigration italienne — effectifs des groupes et implantation en Meurthe-et-Moselle — mettent en valeur deux phénomènes majeurs : – les tendances « autonomistes » des Italiens et leurs résistances aux décisions du PCF (à la bolchévisation en particulier) — une certaine indifférence et les négligences des membres et des comités du parti français qui, à la fin de la période étudiée, ne dirigeait et ne contrôlait toujours pas effectivement les groupes italiens.