La jeunesse ouvrière chrétienne de 1940 à 1947. Crise d’adolescence d’un mouvement de jeunes chrétiens

FOURRE Véronique, La jeunesse ouvrière chrétienne de 1940 à 1947. Crise d’adolescence d’un mouvement de jeunes chrétiens, Maîtrise [Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1984

La Jeunesse Ouvrière Chrétienne, créée en 1926 en Belgique, offre plusieurs thèmes de recherche intéressants.

Ce mouvement se situe à la confluence d’une doctrine et d’une classe sociale historiquement opposées l’une à l’autre : Le Christianisme et le monde ouvrier. Issu d’une tradition sociale chrétienne remontant à l’Encyclique RERUM NOVARUM, il innove cependant en spécialisant son action à la classe ouvrière et en créant ainsi les conditions d’un élargissement de l’expérience à d’autres classes sociales. Enfin, il a en France un succès tout à fait remarquable, le plaçant parmi les tout premiers mouvements de jeunesse en 1939.

L’intérêt de ce mouvement s’amplifie en 1940, car deux éléments déterminants interviennent :

1/Le premier est l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain entraînant : la disparition de l’unité nationale du mouvement avec au Nord une JOC dissoute, officieuse voire clandestine et au Sud, une JOC officielle évitant difficilement une trop grande compromission avec le nouveau régime. Un choix rapidement inéluctable entre sa vocation chrétienne et sa tradition ouvrière.

2/Le second élément est, au-delà de ce choc événementiel, la « fermentation » de la catholicité française remettant en cause son action apostolique celle en particulier du mouvement jociste jugée à la fois temporelle et trop peu évangélique.

L’occupation est donc pour la JOC : – une existence quotidienne, – une remise en cause « politique » – un débat de fond idéologique. Ces trois dimensions ont des implications déterminantes dans l’évolution de ce mouvement, car elles insufflent un esprit différent dégagé de la traditionnelle doctrine sociale de l’Église, tout en formant des militants différents dans leur engagement temporel et politique.

Notre travail s’attache à étudier les changements imputables à l’occupation et leur pérennité au-delà de ce choc historique. Cette étude est uniquement basée sur les archives du Secrétariat Général de la branche masculine et française du mouvement.