Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

L’action municipale à Malakoff des origines à la veille de la Première Guerre mondiale. Éléments de recherche de la deuxième moitié du XIXe siècle à 1911

GAUDICHEAU Huguette, L’action municipale à Malakoff des origines à la veille de la Première Guerre mondiale. Éléments de recherche de la deuxième moitié du XIXe siècle à 1911, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 224 p. + annexes

Malakoff est une commune de la banlieue sud, détachée de Vanves en 1883 ; son premier conseil est élu en 1884. Cette même année est votée en avril la loi réorganisant les pouvoirs locaux, une des lois fondamentales de la Troisième République. 1884 pourtant, n’est l’année zéro, ni pour la loi ni pour la commune. La loi reprend pour l’essentiel en les coordonnant et en les prolongeant des règles mises au point antérieurement, en ce qui concerne l’action municipale. Pour la commune, le poids du sous-équipement urbain de la nouvelle agglomération, sa situation en écart géographique de Vanves ont produit une ségrégation à la fois sociale, politique et économique. Ces facteurs déterminent fortement son histoire politique et pèsent sur les gestions municipales.

Étudier l’action municipale à Malakoff c’est prendre la mesure des problèmes que les diverses gestions ont à affronter, et si possible, en éclairer les origines. Deux questions se posent alors : pourquoi la séparation d’avec Vanves et pourquoi ce vaste lotissement sous-équipé ? Question d’autant plus intéressante que l’histoire de l’habitat populaire en banlieue à cette époque est mal connue.

À partir de 1845, Chauvelot, homme d’affaires expérimenté déjà dans le lotissement, à Plaisance et à Vaugirard, remembre et démembre environ 15 ha. Dans la plaine de Vanves, Malakoff, alors baptisée « La Nouvelle Californie », prend naissance… Les années 1900 ponctuent la crise de la grande ville selon la conception haussmannienne : délaissement organisationnel de la banlieue, vision relationnelle de l’espace.

La municipalité Républicaine-radicale socialiste (1906-1914) innove-t-elle en matière de gestion de l’espace, ou adapte-t-elle en banlieue une optique néo-haussmannienne ? De quelles catégories sociales prend-elle en charge les problèmes ?

CGT et CFDT en mai-juin 1968

FOURQUET Laurent, CGT et CFDT en mai-juin 1968, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 188 p.

Ce mémoire étudie la spécificité de l’action des deux appareils confédéraux, CGT et CFDT, en mai-juin 1968. C’est dire que l’on s’est intéressé avant tout — plus qu’aux positions des fédérations ou de la base syndicale — à l’attitude des « Sommets » des deux syndicats incarnés par leurs leaders et leurs plus hautes instances confédérales.

La première partie est consacrée à une chronologie détaillée de l’action de la CGT et de la CFDT : c’était le moyen de retrouver la spécificité évoquée plus haut en décrivant le fonctionnement des appareils confédéraux pendant les six semaines de la crise, et leur rapport avec les dirigeants des autres organisations impliquées dans les « Événements » : patronat, gouvernement, représentants des grands partis politiques, leaders de la contestation étudiante.

Cette approche chronologique, articulée autour des trois journées phares du 13 mai (grève générale), du 25 mai (Grenelle) et du 30 mai (second discours du Général de Gaulle), permet aussi de retrouver la trame d’événements dont on néglige souvent la complexité.

La seconde partie — affranchie de toute contrainte chronologique — cherche à approfondir certains problèmes qui ont été seulement évoqués auparavant : c’est le cas, en particulier, des prises de position politiques des deux centrales — qui sont fortement divergentes — et de leurs rapports non dénués d’ambiguïté avec la contestation étudiante, à la fois alliée et rivale.

Deux chapitres de cette seconde partie, consacrés à l’analyse des revendications avancées par les deux appareils confédéraux tout au long de la crise, mettent l’accent sur la permanence de ces revendications — surtout dans le cas de la CGT — ce qui peut conduire à s’interroger sur l’effet de rupture éventuel suscité par les événements de mai-juin 1968 dans l’histoire des deux syndicats.

Sources : principaux quotidiens et presse syndicale de mai-juin 1968.

L’occupation et la Résistance à Villejuif (1939-1945)

DOUSSIN Jean-Marie, L’occupation et la Résistance à Villejuif (1939-1945), Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 179 p. + annexes

Ce mémoire est une monographie locale : Villejuif dans le nouveau contexte créé par la mise en place du gouvernement Pétain et l’occupation allemande. Deux mémoires de maîtrise ont déjà étudié cette municipalité à direction communiste depuis 1925, aussi apparaît-il intéressant d’étudier l’évolution de cette même cité de 27 450 habitants pendant les 5 années d’occupation, la gestion et les choix de la délégation spéciale nommée par le Préfet, après la déchéance des élus communistes le 21 janvier 1940.

La population de la ville a subi de plein fouet les conséquences de la pénurie, du travail obligatoire, alors que près d’un millier de Villejuifois sont restés prisonniers. Ces conditions ont déterminé un mécontentement de plus en plus massif, largement utilisé par les groupements de résistance locaux. Malgré la répression, la résistance locale d’influence communiste apparaît prédominante. À partir de revendications concrètes, dans le cadre d’une stratégie de rassemblement, les dirigeants locaux du parti communiste clandestin ont vite orienté leur effort en direction des femmes pour développer une résistance spécifiquement féminine.

Là réside l’originalité de la résistance villejuifoise, contre la délégation spéciale d’abord, et l’occupant allemand ensuite. La résistance impliquait le soutien actif de la population (notamment du personnel communal). Dès lors, la représentativité du PC au niveau du CLL, le nombre de ses victimes, annoncent le résultat des élections d’avril 1945. C’est bien le « parti des fusillés », et la personnalité de Louis Dolly (futur maire de la ville) qui furent plébiscités.

L’image de la femme et de la famille dans la presse de gauche au moment du Front populaire

BUTAUD Emmanuelle, L’image de la femme et de la famille dans la presse de gauche au moment du Front populaire, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 177 p.

Ce mémoire appartient à l’histoire des mentalités et il se propose d’analyser les représentations données de la femme et de la famille au moment du Front populaire. Il a pour source l’un des vecteurs les plus habituels de l’opinion : la presse. Nous avons dépouillé 12 journaux, tant hebdomadaires que quotidiens, appartenant à la presse communiste, socialiste, radicale, syndicale et « catholique » et reflétant toutes les tendances de la gauche. Le Front populaire est une période qui a enregistré une réelle évolution des esprits dans le domaine des mœurs.

Pour la première fois, les femmes participaient directement à la vie politique — les ouvrières et les employées font la grève, trois femmes sont nommées sous-secrétaires d’État — et on a l’impression d’une maturation de leur conscience politique, malgré l’absence persistante du droit de vote. Mais elles continuent parallèlement à être représentées dans leurs fonctions domestiques de maîtresse de maison, de mère, d’épouse ou d’éducatrice. La reconnaissance à gauche du statut polyvalent de la femme est en effet un moyen de concevoir son émancipation.

Mais dans le contexte troublé de la fin de l’entre-deux-guerres, caractérisé par une forte dénatalité, la famille est un groupe particulièrement valorisé, des catholiques sociaux à la gauche communiste. Or, c’est la femme qui est en grande partie responsable de la vie de la famille dans la mesure où elle assume à la fois l’entretien de la maison, les relations avec son mari et l’éducation des enfants ; pour cette raison son image reste très traditionnelle.

Gabin, ou l’émergence du mythe populaire (1935-1939)

BRUN Marie-Charlotte, Gabin, ou l’émergence du mythe populaire (1935-1939), Maîtrise [Antoine Prost, Lucette Le Van-Lemesle], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 215 p.

Ce travail cherche à montrer, comment à travers un personnage de cinéma populaire et populiste, transparaissent les traits dominants d’une société — celle de 1935 à 1939 — et la trace des préoccupations des moments.

Le personnage de Gabin, étudié à travers neuf films, présente des caractéristiques communes. L’analyse fait ressortir leur unité : unité d’origine sociale, Gabin est le type même de l’homme du peuple, unité dans les relations qu’il entretient avec les autres, en amour ou en amitié ; unité enfin dans les traits de caractère traduits par ses actes, paroles et attitudes. Il s’agit d’un homme fort souvent violent, mais qui peut être doux, humble et possède une grande droiture morale.

Ce personnage a généré un mythe qui ne peut être dissocié des années trente. Car on retrouve dans les films un tableau de la société qui est loin d’être innocent et les personnages populaires transmettent le message bien particulier du Front populaire de 1936.

Mais entre 1935 et 1939, le ton des films, s’assombrit, comme si les affrontements sociaux, l’instabilité politique les tensions interna­tionales et l’imminence de la guerre qui trau­matise une partie de la population voire la conscience de chaque individu, ne pouvaient pas ne pas transparaître dans les films.

Les Fédérations confédérée et unitaire des métaux : lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1922-1935)

AUDIT Antoine, Les Fédérations confédérée et unitaire des métaux : lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1922-1935), Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 2 vol., 346 p.

En 1921, une scission affecte l’ensemble du mouvement syndical français et par voie de conséquence, une de ses composantes les plus importantes et plus actives, le syndicalisme métallurgiste. Apparaissent alors deux Fédérations au discours et aux objectifs distincts, l’une liée à la CGT, l’autre à la CGTU. Ce mémoire examine, à partir de leurs rapports de congrès et de leurs journaux, la façon dont la Fédération unitaire et la Fédération confédérée des Métaux ont perçu et analysé les phénomènes économiques et sociaux de la France des années vingt et du début des années trente, en particulier la rationalisation et la crise qui ont contribué à bouleverser la physionomie de l’économie française.

Une question surtout a traversé ce mémoire, celle du lien entre analyse et pratique syndicale. Plus précisément, le problème a été de percevoir à travers le discours de ces deux Fédérations l’existence d’une relation entre les analyses qu’elles diffusent d’une part, et leurs tactique et stratégie d’autre part. Cette relation est à double sens. D’une part, l’analyse, par les connaissances, notamment économiques, qu’elle produit, peut contribuer à orienter voire modifier, la stratégie et la tactique des deux Fédérations. À l’inverse, l’adoption d’un certain type de tactique et de stratégie peut avoir des effets sur la façon dont est conduite l’analyse économique et sociale. C’est ce lien complexe que ce mémoire a tenté de dégager.

La bibliothèque de la Bourse du Travail de Paris

SPIRE Juliette, La bibliothèque de la Bourse du Travail de Paris, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1985, 207 p.

L’objet de cette étude est d’analyser le contenu d’une bibliothèque ouvrière et syndicale, à travers l’examen de ses acquisitions entre 1898 et 1914, et de définir la vocation et le but de cette institution, dans le contexte de l’action éducative des Bourses du Travail et du développement du syndicalisme. Cette analyse a été effectuée grâce au traitement statistique informatisé, à l’aide d’un logiciel statistique permettant de dégager les grandes orientations de la bibliothèque.

Entre 1898 et 1906, la bibliothèque de la Bourse de Travail de Paris est un centre de documentation économique et sociale et de réflexion militante, une bibliothèque professionnelle et technique, mais aussi une bibliothèque d’éducation générale, comme le souhaitait le fondateur des Bourses, Fernand Pelloutier.

Après 1906, à la suite des conflits entre les syndicalistes révolutionnaires et le gouvernement, et surtout après l’affirmation de l’indépendance syndicale à Amiens, l’institution est délaissée des syndicalistes administrateurs et contrôlée par la Préfecture qui en fait un lieu d’éducation économique, civique et technique destinée surtout à intégrer la classe ouvrière.

Cette étude décrit ce centre de formation ouvrière et ses enjeux, tout en montrant que la pratique du subventionnisme a entravé sa fonction révolutionnaire et a abouti à son abandon, au nom de l’indépendance syndicale en matière éducative.