L’image de la femme et de la famille dans la presse de gauche au moment du Front populaire

BUTAUD Emmanuelle, L’image de la femme et de la famille dans la presse de gauche au moment du Front populaire, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 177 p.

Ce mémoire appartient à l’histoire des mentalités et il se propose d’analyser les représentations données de la femme et de la famille au moment du Front populaire. Il a pour source l’un des vecteurs les plus habituels de l’opinion : la presse. Nous avons dépouillé 12 journaux, tant hebdomadaires que quotidiens, appartenant à la presse communiste, socialiste, radicale, syndicale et « catholique » et reflétant toutes les tendances de la gauche. Le Front populaire est une période qui a enregistré une réelle évolution des esprits dans le domaine des mœurs.

Pour la première fois, les femmes participaient directement à la vie politique — les ouvrières et les employées font la grève, trois femmes sont nommées sous-secrétaires d’État — et on a l’impression d’une maturation de leur conscience politique, malgré l’absence persistante du droit de vote. Mais elles continuent parallèlement à être représentées dans leurs fonctions domestiques de maîtresse de maison, de mère, d’épouse ou d’éducatrice. La reconnaissance à gauche du statut polyvalent de la femme est en effet un moyen de concevoir son émancipation.

Mais dans le contexte troublé de la fin de l’entre-deux-guerres, caractérisé par une forte dénatalité, la famille est un groupe particulièrement valorisé, des catholiques sociaux à la gauche communiste. Or, c’est la femme qui est en grande partie responsable de la vie de la famille dans la mesure où elle assume à la fois l’entretien de la maison, les relations avec son mari et l’éducation des enfants ; pour cette raison son image reste très traditionnelle.