Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

Les journées du Premier mai de 1921 à 1934

BRIAUX Marianne, Les journées du Premier mai de 1921 à 1934, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 204 p. (annexes, cartes)

Dans quelle mesure la scission syndicale et l’affaiblissement du mouvement ouvrier en général, affectent-ils le déroulement du Premier mai de 1921 à 1934 ?

Manifestation de l’unité et de la solida­rité des travailleurs, n’est-il pas ainsi amené à bouleverser ses structures et ses formes, développant, par exemple, sa composante festive ?

L’examen de l’organisation et de la prépa­ration du Premier mai, confrontées à l’épreuve de la réalité, apporte des éléments de réponse. Les résultats chiffrés de la participation, l’implantation des manifestations et leur déroulement (cortèges et meetings d’unité, contenu des discours…) renseignent aussi sur les interrogations et le devenir du syndicalisme français, avant les événements du Front populaire.

Philippe Pétain, Maréchal de France, chef de l’État français : Discours aux Français (17 juin 1940-20 août 1944)

BARBAS Jean-Claude, Philippe Pétain, Maréchal de France, chef de l’État français : Discours aux Français (17 juin 1940-20 août 1944), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1988

Chacun sait le travail de recomposition du corps de la France nécessité par les déchirures occasionnées par l’occupation allemande, l’effondrement de la IIIe République et son avatar, l’État français ou « régime de Vichy ». Fallait-il, pour satisfaire ce besoin, s’en tenir parfois à quelques phrases sorties de leur contexte ? Du constat, d’abord informel, de nuances dans les citations, de citations tronquées, puis par la suite, du défaut d’édition critique, est née l’idée d’entreprendre cette édition. La recherche et la découverte, au Musée d’histoire contemporaine (BDIC – Universités de Paris), des archives du cabinet du Maréchal et des enregistrements originaux de ses discours, plus ou moins oubliés, non catalogués, l’a transformée en besoin incoercible. Restait à lever quelques contraintes « administratives » pour préparer le meilleur corpus de textes qu’il soit possible d’établir. De l’audition des documents sonores, de l’examen attentif des textes, des ultimes cor­rections pratiquées, des publications dans la presse, des éditions d’époque et contemporaine, émergent des connaissances nouvelles.

La liste des rédacteurs se précise. Les discours du Maréchal sont écrits dans des styles différents, sa « patte » n’apparaît pas dans les longs textes à caractère administra­tif, et seuls quatre « discours » sont corrigés de sa main. L’improvisation n’est pas son fort, il bafouille, commet des lapsus parfois révélateurs. Les ultimes corrections nous dévoilent les thèmes auxquels il est attentif : l’unité de la Patrie, le travail, le respect de la parole donnée, l’école. Sur la famille, le consensus avec les rédacteurs semble parfait. Certains discours bénéficient d’une diffusion renforcée par plusieurs moyens, simultanément ou non. La radiodiffusion d’un discours indique son importance, quoique la radio ne soit pas le moyen d’information privilégié. Dès leur publication, les textes sont parfois aménagés. Le Journal officiel et le bulletin Informations générales ne sont pas au-dessus de tous soup­çons. La presse des zones Nord et Sud dispose de sources différentes dans le temps. Les éditions d’époque, sélectives, ont d’abord puisé au Cabinet, puis, à partir d’août 1941, au bulletin Informations générales tant qu’il a publié les discours du chef de l’État, avant de revenir aux textes du Cabinet. L’évolution de la réalité du pouvoir du Maréchal, avant et après le retour de Laval, est démontrée.

L’historien, le linguiste ou l’honnête homme peuvent maintenant consulter un corpus des « discours » plus riche, mais surtout avec des textes définitivement établis.

L’aurore des patriarches. Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pays-Haut

VENTURINI Eric, L’aurore des patriarches. Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pays-Haut, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1987, 234 p.

Fondée essentiellement sur les très importantes archives de l’un des protagonistes de ces conflits et la presse régionale, cette monographie étudie la génération ouvrière qui a entamé la conquête politique de cette contrée à la faveur de ces grèves. À la Libération, le redémarrage de la sidérurgie du bassin de Longwy propulse au premier plan une nouvelle vague d’ouvriers. Fils d’immigrés (Italiens essentiellement) disposant d’un niveau d’ins­truction et de qualification supérieure à celui de leurs pères, ils cherchent leur légitimité dans la société française. Marqués par l’exemple de la Résistance, ils s’identifient au PCF qui représente à leurs yeux la symbiose de l’idéal antifasciste de leurs parents et d’une certaine respectabilité acquise au cours de la guerre. De difficiles conditions de vie et de travail (mauvais ravitaillement, salaires rognés par l’inflation, longs horaires de labeur) et l’affaiblissement du patronat local débouchent, une fois le PCF sorti du gouvernement, sur un cycle de grèves violentes et décisives.

Déclenché en novembre-décembre 1947, le premier grand conflit s’inscrit dans le cadre de l’épreuve de force qui secoue alors le pays.

La nouvelle génération saisit l’occasion pour y affirmer son existence et marque d’un sceau très (trop ?) résolu la grève. Les leçons en seront tirées et PCF et CGT mettront ensuite l’accent sur l’unité d’action avant tout. C’est la suite d’un accord départemental CGT-CFTC-MPF qu’éclate la seconde grève en septembre 1948. Cela marque le regroupement de la grande majorité de la population autour de la nouvelle génération. Des actes de violence symbolique entérineront le changement des rapports de forces dans le Pays-Haut et un compromis très favorable aux grévistes met un terme à la grève. Forts de ce succès historique les ouvriers de l’après-guerre vivront ensuite’ leur expérience politique sur l’acquis de ces « grèves-fondatrices ».

Les instituteurs du Loiret et le syndicalisme, 1905-1925

VASSAL Marc, Les instituteurs du Loiret et le syndicalisme, 1905-1925, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1987, 140 p.

Ce mémoire a pour objet l’étude sociologique de la population des instituteurs du Loiret entre 1905 et 1925 ainsi que celle de son éveil au syndicalisme.

Une enquête statistique effectuée à partir des dossiers administratifs d’instituteurs et d’institutrices publics titulaires ayant exercé dans le département au cours de la période étudiée a permis de tracer un portrait de l’instituteur du Loiret au début du siècle. Celui-ci était plutôt de sexe féminin, originaire du département, né dans une famille d’ouvriers-employés ou d’artisans-commerçants, titulaire du B.S. et du CAP après être passé par l’École Normale et marié avec un ou deux enfants. Il se trouvait enfin dans une situation morale et matérielle souvent difficile.

Déjà cependant, commençait à se craqueler l’image populaire du hussard noir de la République, une évolution que n’allait faire qu’accentuer l’apparition du syndicalisme enseignant. Dans le Loiret, la création officielle, après une existence clandestine des premiers syndicats d’instituteurs se fit au moment de la scission qui affecta l’ensemble du mouvement syndical français. Deux organisations devaient cohabiter : la section locale du SNI (majoritaire) et le syndicat des membres de l’enseignement laïque (minoritaire).

Toujours est-il que grâce au syndicat, outil de cohérence et de cohésion renforcée de profession, instrument de défense, moyen de négociation avec le pouvoir et l’administration, lieu où fourmillaient les idées les maîtres purent désormais se définir par rapport à la société et à ses problèmes. Avec le syndicalisme la notion d’esprit de corps propre aux instituteurs prit une dimension nouvelle. La « famille » des enseignants primaires avait trouvé là le moyen idéal de resserrer ses liens.

Les modèles culturels véhiculés par les contes du Petit Parisien, 1935-1937

ROUX Marianne, Les modèles culturels véhiculés par les contes du Petit Parisien, 1935-1937, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1987, 315 p. + annexes

L’étude de 280 contes publiés dans le Petit Parisien durant les trois années 1935, 1936, 1937, lus par un million de lecteurs (tirage du Petit Parisien en 1935) augmentés de leurs proches, sert de point de départ dans ce mémoire à une lecture socio-culturelle de la France des années trente. Le conte offre un divertissement au quotidien faisant appel à l’expérience et touchant à l’imaginaire.

À partir de ces 280 récits, produits par 44 auteurs différents, on peut reconstituer l’univers élaboré par le conte. La France et le Paris de l’époque dominant massivement, les histoires des contes se fondent entièrement sur le portrait d’un ou de quelques individus et de leurs rapports professionnels, socio-économiques, familiaux, entre sexes. Cet univers est construit sur des valeurs dont les modèles culturels sont l’expression. En trois grands points (mentalités collectives, comportements privés dans le cadre et autour du mariage, comportements sociaux dans la vie professionnelle et matérielle), cette étude caractérise la société fictive du conte de la manière suivante : – hiérarchisation et sexisme, où pouvoir de l’argent et pouvoir masculin sont affirmés, domination des institutions sur les citoyens, des patrons sur leurs employés. – passivité et fatalisme, à travers le respect craintif des pouvoirs précédents, la lecture occulte qui est faite du sens de la vie, la résignation devant les échecs professionnels, amoureux, et qui témoignent d’un pessimisme explicite ou voilé, – interprétation morale de toute action ou pensée des personnages, qui met en évidence des valeurs refuges telles la nature protectrice et nourricière, l’autosatisfaction des besoins dans un circuit économique perverti, le pater­nalisme du patron, de l’homme de loi et du politique. – amour et argent, comme nerfs principaux des histoires du conte.

Cet univers français, urbanisé, tertiaire, préoccupé surtout des apparences, des conven­tions sociales, tant dans la pratique du mariage que dans l’approche du rôle du citoyen ou l’exhibition assez constante du niveau de vie des personnages, se révèle superficiel et ne tient pas compte de l’actualité : la vie militante et syndicale, les réformes sociales, la richesse culturelle de la génération « fleur bleue » des années trente, les conditions de travail en usine, la montée des fascismes et racismes, tout cela n’apparaît pas. Le déclin du conte, concomitant à la chute des tirages du Petit Parisien, reflète en partie l’inadéquation à la société des années trente de ces modèles conservateurs.

Le quartier de la Paloma entre 1930 et 1955,

ORGAZ-GARCIA Margarita, Le quartier de la Paloma entre 1930 et 1955, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1987, 134 p.

Ce mémoire a pour objet l’étude d’un quartier madrilène populaire du vieux centre urbain au XXe siècle. Le découpage en six zones a permis d’effectuer des comparaisons dans l’espace, le travail effectué en deux sondages sur deux dates séparées de 25 ans permet des comparaisons dans le temps.

Les principales sources utilisées sont de type quantitatif listes nominatives de recensement de 1930 et de 1955 ainsi que statistiques générales de la ville de Madrid sur la population, le logement et le coût de la vie.

Le traitement par ordinateur en D BASE III des données des listes nominatives a été établi au moyen de huit fichiers, quatre pour chacun des deux sondages.

Les sources qualitatives comprennent des traités d’hygiénistes, des recueils de décrets municipaux concernant la construction, les loyers et la salubrité des immeubles, des dossiers des maisons du quartier ainsi que des interviews de la population (non inclus dans le texte).

Deux hypothèses ont pu ainsi être vérifiées : – corrélation entre la valeur financière des logements et certaines catégories socio professionnelles de la population ainsi qu’avec la structure des ménages qui les occupent. – la difficulté des conditions de vie des classes modestes de la population, pendant la période d’après-guerre en Espagne, a conditionné la structure des ménages, et ce, dans les six quartiers étudiés.