FERREIRA Thierry, Vive la révolution : étude d’un mouvement maoïste français, Maîtrise [Antoine Prost, Lucette Le Van-Lemesle], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1995
Un groupe d’anciens militants de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, avec à leur tête Roland Castro, déçu de l’attitude de leur ancienne organisation pendant les événements de Mai, décide de se réunir dans une organisation maoïste révolutionnaire, Vive la révolution.
L’évolution de ce groupe s’avère particulièrement originale. En effet, par sa volonté de retrouver l’esprit de Mai, Vive la révolution va progressivement délaisser les grandes certitudes historiques, rompre avec les thèmes hérités du passé et de l’étranger. Vive la révolution cherche alors à construire son propre discours.
Ainsi, délaissant le thème de la lutte des classes, des militants ouvrent des brèches dans le front principal qui avait été celui des usines. Vive la révolution encourage, ainsi, l’expression autonome de chaque fraction du peuple et la fusion des révoltes afin de « changer la vie ». On voit dès lors se développer, dans la mouvance de Vive la révolution, des groupes de luttes pour la libération des femmes, pour la libération des homosexuels, pour la libération des jeunes.
Le corps apparaît comme le lieu de l’oppression, le désir devient le moteur de la lutte.
Vive la révolution devient le chaînon manquant entre les gauchistes et une France rebelle, moins politisée.
Toutefois, très vite, la situation n’est plus gérable pour Vive la révolution à partir du moment où deux analyses s’affrontent. On constate, en effet, une incompréhension entre ceux qui prônent la révolte du désir contre l’oppression, et ceux qui pensent que la révolution ne partira que de la révolte ouvrière contre l’exploitation.
En avril 1971, Roland Castro conscient des contradictions que traverse son mouvement, et conscient de sa perte de contrôle sur les mouvements autonomes, décide, finalement, la dissolution de Vive la révolution.