Verdun et Oradour-sur-Glane : la réconciliation franco-allemande à travers les lieux de mémoire depuis 1945

MATHIAS Annabelle, Verdun et Oradour-sur-Glane : la réconciliation franco-allemande à travers les lieux de mémoire depuis 1945, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 2 vol. : 152 p. et 54 p.

Les peuples de France et d’Allemagne se sont affrontés à de nombreuses reprises et avant même que leurs États soient constitués en tant que tels. Si depuis 1945 ces deux pays ne se sont plus opposés militairement, des crises diplomatiques ont encore émaillé leur histoire. Après des siècles d’affrontement et l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, les pays européens au premier rang desquels la France et l’Allemagne ont décidé de s’unir plutôt que de se déchirer.

Si la volonté politique s’oriente en faveur du rapprochement et de la réconciliation franco-allemande, l’opinion et les mentalités n’évoluent pas nécessairement avec la même rapidité. Le traité de Francfort avait créé un état d’hostilité permanente entre les deux nations, chacun considérant l’autre comme l’ennemi héréditaire (Erbfeind), l’adversaire irréconciliable. Les ennemis d’hier que l’on combattait selon les ordres du pouvoir politique pour défendre la patrie peuvent-ils changer de statut dans les consciences populaires et selon quels processus ?

Cette haine de l’adversaire se cristallise dans des lieux devenus symboles de leur affrontement. Cette étude porte sur deux de ces lieux de mémoire : Verdun et Oradour-sur-Glane. Dans ces lieux, la volonté du souvenir a été présente très tôt, des lieux de recueillement sont organisés et la volonté de préserver ces sites pour empêcher l’oubli par les générations à venir est effective. Ils fournissaient le cadre d’un récit qui était encore à faire et d’une mémoire à construire. L’organisation de ces lieux n’a pas cessé d’évoluer depuis, ni les sites d’être mis en valeur. Ainsi une mémoire nationale s’est constituée en ces lieux.

Lorsqu’on évoque alors la réconciliation franco-allemande au plan politique et la construction européenne, il s’agit de voir comment ces concepts sont représentés en ces lieux qui symbolisent au départ le contraire pour les communautés. La notion d’Eutope ne peut être effective que si sa population considère qu’elle existe et qu’elle-même en fait partie intégrante. Quels sont donc la place et le rôle de ces lieux dans la construction d’une conscience européenne commune aux Français et aux Allemands ? Comment en ces lieux, la mémoire nationale est-elle retravaillée pour constituer une mémoire européenne ?

Pour répondre à ces questions, l’évolution de la mémoire et des relations franco-­allemandes à Verdun et Oradour ainsi que les deux centres de la mémoire qui struc­turent et fixent le souvenir pour les visiteurs sont étudiés successivement, à travers la presse principalement. Ensuite, il est analysé comment ces villes de guerres sont devenues des villes de paix et comment elles développent cette thématique.