Éléments pour une histoire de la Fédération nationale des mutuelles de travailleurs

MARTINEZ Céline, Éléments pour une histoire de la Fédération nationale des mutuelles de travailleurs, 1968-1986, Maîtrise [Michel Dreyfus], Univ, Paris 1, 2001, 103 p.

L’instauration du régime de Sécurité sociale qui identifie le bénéficiaire par rapport à son emploi, amène le mouvement mutualiste à modifier son mode d’intervention. Les comités d’entreprise, instaurés en 1946, ont vocation à intervenir dans la gestion de la société mutualiste d’entreprise. La rupture, qui s’était produite auparavant entre mutualisme et syndicalisme, est amenée à disparaître.

Des mutuelles d’entreprise naissent grâce à ce nouveau dispositif ; beaucoup émanent de militants de la CGT, ce qui leur interdit l’entrée dans la Fédération nationale de la mutualité française. En 1960, ces mutuelles créent, avec le soutien de la CGT, la Fédération nationale des mutuelles ouvrières devenue en 1968 Fédération nationale des mutuelles de travailleurs, puis Fédération des mutuelles de France à partir de 1986.

La filiation syndicale de cette organisation qui revendique 800 000 adhérents en 1968 et plus de 3 millions en 1986 apporte une identité particulière à son histoire. Ses méthodes d’action — manifestation, pétitions, réunions dans les entreprises — sont proches de celles d’une organisation syndicale. Ses dirigeants, anciens responsables de la CGT et du Parti communiste, développent une conception nouvelle de la mutualité. Leur organisation offre aux mutualistes une réflexion sur leur mouvement et des services nouveaux, notamment dans le domaine des vacances et du logement. Enfin, la volonté d’unification du mouvement mutualiste, présente dans les premières années de la FNMF, échoue ; dès lors, on assiste à une structuration de plus en plus importante de la FNMF qui tend à se poser en organisation alternative. Cette concurrence est accrue par des oppositions de fond sur la place du secteur lucratif dans la protection sociale.