RIANDÉ Stéphane, Sujets de l’Empire et volontaires étrangers dans la 2e Division Blindée. Du 24 août 1943 au fer mars 1946, Maîtrise [Claire Andrieu, Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 213 p.
L’armistice du 22 juin 1940 avait consacré la défaite de la France face à l’Allemagne. Pourtant, parti du Cameroun, le général Leclerc forgea un outil de combat qui participa activement à la libération du territoire national : le 25 août 1944, moins d’un mois après son arrivée en Normandie, la 2e Division Blindée entrait victorieusement dans Paris. Ironie de l’histoire, les premiers soldats qui entrèrent dans Paris étaient des Espagnols, vaincus de la guerre civile, ayant trouvé au sein des forces françaises le moyen de continuer la lutte contre le fascisme qu’ils abhorraient. En effet, cas unique dans l’armée française, la 2e DB comptait de nombreux volontaires étrangers, en plus des soldats indigènes, dans ses rangs. Certes, évaluer leur nombre précisément est délicat, mais il s’avère que plus de 500 volontaires étrangers et qu’environ 3000 indigènes marocains, algériens, tunisiens, syriens et libanais contribuèrent à la libération de la France. Si les volontaires étrangers, généralement engagés précocement dans les FFL, n’étaient présents que dans quelques régiments, les indigènes furent affectés dans toutes les unités de la division. Parmi ces derniers, les Algériens étaient mobilisés alors que les 1500 Marocains de la division étaient, tout comme les Syriens et les Libanais, volontaires pour se battre. Affectés aux postes subalternes, les indigènes payaient en fait leur peu de formation technique sans qu’il soit possible d’incriminer une quelconque ségrégation au sein des régiments de la 2e DB. Cependant, quels que soient les services rendus, la fin du conflit en Europe et la démobilisation des effectifs firent de ces hommes les perdants de la paix : les Espagnols déracinés ne furent aidés que par la croix rouge espagnole alors que les Marocains et les Algériens étaient renvoyés dans leur pays sans que rien ne soit prévu pour les accueillir. 60 ans après, la France n’a toujours pas reconnu sa dette envers ses libérateurs.