La figure du Père Noël en France de 1945 à 1975, Étude de presse

ROLLAND Claire, La figure du Père Noël en France de 1945 à 1975, Étude de presse, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 132 p.+ 40 p.

Noël est la fête préférée des Français. La fin de la Seconde Guerre mondiale est marquée par l’introduction massive d’un « nouveau » personnage dans les pratiques festives des Français : le Père Noël.

Le Père Noël, vieillard à barbe blanche, à houppelande rouge et à la hotte garnie de cadeaux est d’origine anglo-saxonne. Il est l’héritier de nombreuses figures mythiques, cependant son acte de naissance est le fait d’un poème The night before Christmas, composé en 1822 par Clement C. Moore, professeur de théologie aux États-Unis. Le Père Noël enchante les petits comme les grands. Mais, il dérange aussi. Son effigie fut brûlée en 1951, sur le parvis de la cathédrale de Dijon. Cette exécution suit une campagne menée par l’épiscopat français contre ce Père Noël, paganisateur et hérétique. Cependant, le Père Noël n’est pas à proprement parler une invention anticléricale ou antireligieuse.

Dès les années 1960, le Père Noël est condamné dans la critique d’une société de consommation dont il est trop enclin à témoigner la vigueur. Viennent ensuite des attaques qui le prennent à partie par le biais de la psychopédagogie. Le dispensateur d’émerveillement a la vie dure. Discuté, condamné, repoussé, mais aussi adulé, il résiste à toutes les tempêtes et à toutes les modes. Les adultes mettent une réelle ardeur à le protéger. Les lignes de défense procèdent même d’une étrange inversion des rôles qui laisse suggérer que le Père Noël recouvre des réalités profondes.

La presse donne une image assez figée de ce Père Noël en dehors des « grandes » polémiques, comme celle de 1951. Le bonhomme symbolise la générosité et la jovialité. Il crée autour de sa personne une atmosphère ludique et devient l’incarnation de l’esprit des fêtes de Noël.

Le Père Noël est donc, entre 1945 et 1975, le puissant indice d’une société française en pleine mutation. Il témoigne de sa déchristianisation, de son américanisation et d’un vaste mouvement d’uniformisation. Mais plus encore, il est la réponse à notre indispensable et éternel besoin de merveilleux.