L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939, histoire et identité du mouvement anarcho-syndicaliste dans un cadre profes­sionnel : l’influence et les faiblesses d’une organisation syndicale révolutionnaire adaptée aux spécificités de l’industrie du bâtiment

RATEL Boris, L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939, histoire et identité du mouvement anarcho-syndicaliste dans un cadre profes­sionnel : l’influence et les faiblesses d’une organisation syndicale révolutionnaire adaptée aux spécificités de l’industrie du bâtiment, Maîtrise [Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 226 p.

Le but de ce mémoire est d’étudier l’anarcho-syndicalisme dans le cadre particulier d’un secteur professionnel : l’industrie du bâtiment, afin d’appréhender son évolution historique durant l’entre-deux-guerres et son identité syndicale. Le choix du bâtiment s’explique à la fois par le fait que l’anarcho-syndicalisme joue un rôle important dans l’histoire du syndicalisme dans le bâtiment et que le bâtiment est le secteur d’activité dans lequel l’anarcho-syndicalisme est le mieux implanté durant cette période. En effet, les anarcho-syndicalistes, dans un contexte de poussée des luttes sociales qui atteint son point culminant lors de la grève générale de mai 1920, parviennent en mai 1921 à devenir majoritaires au sein de la FNTB de la CGT. Par conséquent, celle-ci rejoint la CGTU en décembre 1921, lors de la scission de la CGT. Pourtant, les militants anarcho-syndicalistes de la FNTB se trouvent rapidement en conflit avec les militants communistes, majoritaires dans la CGTU. Néanmoins, au sein de la FNTB, ce sont les anarcho-syndicalistes qui restent majoritaires. Cette double lutte interne se termine à la fin de l’année 1924 par la décision de la FNTB de quitter la CGTU pour devenir autonome. Ensuite, elle participe en novembre 1926 à la fondation d’une confédération syndicale spécifiquement anarcho-syndicaliste, la Confédération Générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire, au sein de laquelle elle joue un grand rôle. Mais la FNTB se heurte, entre 1926 et 1932, à une grave crise interne, qui se traduit par la perte de la majorité de ses adhérents, puisqu’elle passe de 9000 membres à 2000. Puis, à partir de 1934, elle connait une croissance importante lui permettant de participer activement aux grèves générales de juin 1936 et de l’automne 1938.

Durant l’entre-deux-guerres, la FNTB développe tous les aspects de l’anarcho-syndicalisme, sous une forme adaptée aux conditions de militantisme dans le bâtiment et en tenant compte de la tradition syndicale de cette industrie. Cela passe, en premier lieu, par une application constante des principes fondarnentaux de l’anarcho-syndicalisme et par un rapprochement avec le mouvement libertaire. De plus, cela se traduit par l’adoption du syndicalisme d’industrie comme mode d’organisation syndicale, ce qui est une particularité de la FNTB par rapport aux autres organisations syndicales du bâtiment. Ensuite, la FNTB se réclame de l’idéologie anarcho-syndicaliste, construite autour des notions de lutte des classes, de primauté du syndicalisme, de révolution sociale violente et d’instauration d’une société communiste libertaire dont les syndicats seront les fondements. De même, la FNTB pratique des méthodes de lutte inspirées par le concept d’action directe, soit l’action des salariés directement contre les patrons. Enfin, cette application de l’anarcho-syndicalisme par la FNTB se concrétise par un fonctionnement interne fondé sur le fédéralisme et la démocratie directe.

L’étude de l’histoire de la FNTB entre 1919 et 1939 démontre que l’anarcho-syndicalisme est la doctrine syndicale la plus influente dans le bâtiment durant toutes les années vingt et que, malgré le recul qu’il connaît à partir de 1926-1927, il demeure solidement implanté parmi les travailleurs du bâtiment. Car l’anarcho-syndicalisme correspond aux conditions de travail et aux valeurs, des ouvriers du bâtiment et c’est la transformation de ces données durant les années trente qui explique ses difficultés ultérieures.