Représentations et interprétations d’un militantisme passé : mémoire de femmes engagées à la SFIO sous la Quatrième République (1945-1958)

PLASSE Mathilde, Représentations et interprétations d’un militantisme passé : mémoire de femmes engagées à la SFIO sous la Quatrième République (1945-1958), Maîtrise [Antoine Prost, Claude Pennetier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 198 p. + annexes

En tant qu’il se définit comme une inscription volontaire dans les rouages d’un parti, par l’acceptation des valeurs et des finalités qu’il véhicule et la propagation de l’idéologie qu’il prône, le militantisme partisan apparaît comme une forme exigeante et fondamentale de l’implication politique. Cependant, peu de recherches s’intéressent à ce type d’engagement, et les femmes (sans doute parce que minoritaires donc moins représentatives) sont encore moins présentes que les hommes dans l’historiographie. Et la IVe République (1945-1958) constitue l’une des périodes pour lesquelles on s’est peu intéressé à l’inscription des femmes dans la vie politique. Pour l’organisation du corpus, la traditionnelle coupure en 1945, avec l’obtention du droit de vote et la reconstruction du Parti Socialiste SFIO, a été retenue comme opératoire. Cette étude s’est focalisée sur le cas de ce parti. Pour ce faire, elle a disposé de sources écrites partisanes (consultées à l’Office Universitaire de Recherches Socialistes), mais surtout d’une dizaine d’entretiens réalisés auprès d’anciennes militantes SFIO (militantes « de base », élues locales, fédérales et nationales, d’horizons géographiques et sociaux divers) qui constituent le matériau essentiel de cette approche. Le spécialiste d’histoire orale est ainsi parvenu à comprendre les tenants et les aboutissants (racines, conditions, modalités, niveau d’engagement, fonctions, obstacles rencontrés) de ce militantisme féminin, nullement objet de recherche jusqu’alors, mais qui a lui aussi contribué à écrire l’histoire du mouvement socialiste. Corollaire obligé des particularismes de l’histoire orale et des problèmes spécifiques liés à la mémoire (en tant qu’elle est reconstruction donc déformation du passé), cette étude veut être le reflet de la parole retrouvée de ces « ex » militantes, articulé le plus souvent possible avec la mémoire officielle émanant des archives partisanes. Elle montre comment une poignée de femmes autrefois militantes à la SFIO perçoivent et analysent a posteriori leur inscription dans l’univers militant et l’action militante Ce travail – à partir et au sujet de la mémoire militante – représente la première étape d’une recherche plus globale concernant une sociologie de la mémoire socialiste.