L’officialisation des radios libres en France : 1981-1984

PONTNEAU Emmanuel, L’officialisation des radios libres en France : 1981-1984, Maîtrise [Antoine Prost, Annie Fourcaut], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 140 p.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 provoque un total bouleversement du paysage radiophonique français. En quelques mois, la modulation de fréquence devient le théâtre d’un formidable foisonnement d’émissions. La nouvelle majorité abolit le monopole d’État en matière de radiodiffusion et autorise la création de centaines de radios locales privées (RLP) sur l’ensemble du territoire national. Le développement exponentiel de ces « radios libres » met rapidement les pouvoirs publics dans une situation d’urgence. L’exemple italien — où la déréglementation a entraîné une incontrôlable cacophonie sur les ondes — incite le gouvernement à réglementer rapidement ce nouvel espace de liberté d’expression afin que celle-ci soit effective. En moins de quatre années, la France passe d’une situation quasi monopolistique à l’émergence d’un nouveau média radio où service public, radios périphériques, RLP associatives et stations commerciales se côtoient. Désormais, 1600 stations FM émettent en métropole et dans les Dom-Tom. Cette mutation s’est opérée en trois grandes étapes législatives : un premier stade de simples dérogations au monopole (décret du 9 novembre 1981) est suivi d’une véritable réforme du système audiovisuel (loi-cadre du 29 juillet 1982) qui met en place une instance indépendante (la Haute Autorité de la communication audiovisuelle) chargée d’accorder des autorisations d’émettre à des RLP de type associatif. Le virage commercial pris avec l’autorisation de la publicité (loi du 4 août 1984) annonce une professionnalisation du média FM qui entre ainsi dans la cour des grands où l’amateurisme n’a plus sa place.

L’émergence de ce nouveau média grand public attirait les convoitises politiques, économiques et individuelles. Aussi les principaux thèmes développés dans ce mémoire sont : le pluralisme, les luttes d’influences, le financement et l’autorisation de la publicité, l’application de la législation et son respect (avec une attention particulière portée à la situation des RLP parisiennes). L’intérêt des deux principales sources de cette recherche — comptes-rendus de la Haute Autorité et dossiers de Jérôme Clément, conseiller technique de Pierre Mauroy — repose sur le double rôle d’observateurs et d’acteurs joué par leurs auteurs. Ce mémoire, qui n’a pas l’ambition de faire le récit exhaustif de ces trois années charnières pour les RLP, tente d’apporter un éclairage inédit sur les mécanismes institutionnels qui se sont mis en place pour gérer l’officialisation des radios libres.