Polémiques autour des initiatives pédagogiques de Jean Zay

GAMACHE Dominique, Polémiques autour des initiatives pédagogiques de Jean Zay, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 147 p.

En juin 1936, Jean Zay est nommé ministre de l’Éducation nationale. Il entreprend une série d’initiatives pour réaliser l’École unique et rendre l’éducation « plus vivante, plus efficace et plus souriante ». Il propose, dans ce sens, pour la dernière année de scolarité, prolongée jusqu’à 14 ans, un programme spécifique et lance des « loisirs dirigés » organisés dans les premier et second degrés, initiatives bien acceptées dans l’ensemble par les enseignants. De même, son projet de réforme de l’enseignement déposé en mars 1937 à la Chambre des députés reçoit d’abord un bon accueil, l’initiative répondant à une demande du milieu enseignant ; mais bientôt, une véritable polémique se polarise sur la classe d’orientation, grande innovation qui prévoit, à l’orée d’un second degré unifié, une classe vestibule à l’issue de laquelle les enfants sont orientés vers les sections classique, moderne ou technique. L’orientation organisée sous forme d’expérience à la rentrée 1937 concentre contre elle notamment, les adversaires du Front populaire qui y voient une tentative de main-mise de l’État sur la jeunesse. D’autres critiques, souvent véhémentes, se développent à mesure que les attendus d’un projet initial succinct sont mieux connus et s’en prennent à la façon dont le ministre « engage » sa réforme par voie réglementaire alors qu’elle n’est pas votée. Elles sont alimentées par les profondes divergences de vues qui opposent premier et second degré dont le projet prévoit le rapprochement. Les controverses sur les initiatives du ministre illustrent les difficultés de réformer un système éducatif dont l’enjeu apparaît primordial pendant la période du Front populaire et rend compte des freins internes opposés à ce type d’avancée.