Partis et mouvements politiques de la collaboration à Paris pendant l’occupation sous le regard des Renseignements Généraux

DELPECH Julien, Partis et mouvements politiques de la collaboration à Paris pendant l’occupation sous le regard des Renseignements Généraux, Maîtrise [Pascal Ory, Denis Peschanski, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 166 p.

Avec l’entrée à Paris 1e 14 juin 1940 des troupes allemandes, la ville prend une nouvelle physionomie, qu’elle va conserver pendant quatre ans. Bien qu’ayant cessé d’être le siège du gouvernement, Paris reste le « cœur de la nation » comme l’avait déclaré le Maréchal Pétain. C’est en effet ici plus qu’ailleurs que se déroulent les grandes manœuvres de la collaboration.

Quelques mois après la défaite militaire de juin 1940 et la signature de l’armistice, une multitude de mouvements politiques légaux, c’est-à-dire autorisés par les forces d’occupation se créent tels que le RNP (Rassemblement national populaire), d’autres renaissent à l’image du PPF (Parti populaire français) et vont animer très vite la nouvelle tribune parisienne tout au long des années d’occupation allemande. Ce travail a pour but de suivre quotidiennement l’évolution de la vie politique parisienne, à partir des informations fournies par les rapports de quinzaines des Renseignements Généraux, afin de se forger une idée précise de la vision que possèdent les RG de ces mouvements et partis politiques. Les rapports de quinzaine, appelés aussi « situation de Paris », se composent de 22 cartons, recouvrant la période qui va de juin 40 à juin 45. Ces sources constituent un fonds d’archives riches et variées nous renseignant sur des thèmes aussi divers que le ravitaillement, l’opinion publique, la presse, ou les groupements politiques. La rubrique consacrée aux mouvements politiques concerne les partis nationaux ou autorisés, c’est-à-dire les partis collaborationnistes : sont évoqués leurs réunions, leurs congrès, sont présentées et détaillées leurs permanences, sont cités des extraits de discours des responsables (Déat, Doriot, Deloncle), où apparaissent leurs motivations, leurs positions sur les thèmes majeurs que sont l’antisémitisme, le communisme, ou l’évolution militaire du conflit.

Le collaborationnisme caractérise l’attitude de ceux qui sont aux premières lignes de la collaboration parisienne, ceux-là mêmes qui dans les journaux ou les groupements donnent le ton à la France Allemande, car cette minorité agissante possède sa propre presse. C’est cet univers des collaborationnistes parisiens, qui s’étend du chef charismatique, objet d’un véritable culte au simple militant ou chef de section de base, ce petit monde intrigant, insolite et étrange, qui est l’objet de mon étude.

De ce travail, nous pouvons tirer les enseignements suivants : – la société collaborationniste constitue un monde singulier et marginal dans ses idées et dans ses actes : collaboration vichyssoise et collaboranonnisme parisien sont deux univers différents et en perpétuelle opposition ; – ce monde collaborationniste parisien est compliqué par l’hétérogénéité des mouvements et des partis qui le composent. Ils possèdent des aspirations et des ambitions divergentes et par ailleurs chacun estime devoir tenir le premier rôle, d’où les rivalités et les antagonismes. Cette vie politique parisienne est rythmée par les conflits, les brouilles passagères ou les ruptures définitives. Dans cet univers, caractérisé finalement par sa grande diversité, la caractéristique la mieux partagée est que tous sont minoritaires et marginaux ; – enfin, l’activité politique, malgré des effectifs réduits, s’avère réelle à la lecture des rapports de quinzaines à certaines périodes de l’occupation : réunions privées, publiques, congrès se succèdent à un certain rythme.

Mais le collaborationniste parisien fut exclu, un rejeté, un laissé pour compte, un minoritaire qui n’a jamais existé que par la protection et l’aide, notamment financière, de I occupant.