Naissance du syndicalisme national guadeloupéen : 1970-1978

GISLER Manuel, Naissance du syndicalisme national guadeloupéen : 1970-1978, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 324 p. + annexes

Dans les années 70, la Guadeloupe, colonie française des Antilles devenue département en 1946, est agitée par des mouvements sociaux, politiques et culturels d’une ampleur sans précédent. La classe des paysans pauvres et des ouvriers agricoles de la canne, jusqu’ici ignorée ou méprisée, secoue la quiétude de l’île par des actions de grève toujours plus puissantes (en 1971, 1973 et surtout 1975).

De quelle manière une poignée d’intellectuels révolutionnaires ont-ils pu s’établir en milieu paysan et redonner confiance aux travailleurs qui créent en décembre 1970 l’Union des Travailleurs Agricoles ? Comment à partir de simples revendications économiques, le nouveau syndicat remit fondamentalement en question la présence française en Guadeloupe ? Dans quelles conditions ce questionnement, auquel prit part une fraction importante de la population, aboutit à une revendication nationale ? Quelles furent les réactions de l’administration, des partis politiques, des syndicats traditionnels ?

Réancrage culturel, affirmation d’une identité, aspiration à la souveraineté nationale (ré) apparaissent, suscités par la confrontation brutale d’un peuple avec sa réalité, révélée par l’irruption sur la scène sociale puis politique des « agricoles », ces oubliés de l’histoire.

Ce mémoire qui repose sur 1 1 étude de la presse, l’interview de militants de l’UTA grâce auxquels de nombreux tracts ont été conservés, retrace l’évolution qui conduit de l’UTA à l’UPG (Union populaire pour la libération de la Guadeloupe) créée en 1978 et qui se présente comme l’héritière directe de cette prise de conscience syndicale : confédérale de Jouhaux et par le PCF. Cette conviction s’affirme particulièrement à propos de la guerre civile espagnole et de Munich.

Le pacifisme n’occupa pas à lui seul toutes les discussions du SNI de la Seine. En réalité, la politique de la section touche à toutes les grandes questions qui agitent la CGT : l’alternative entre Réforme et Révolution, l’unité syndicale et l’indépendance par rapport aux partis et aux gouvernements. En la matière, les discours généraux trouvent des prolongements pratiques dans l’actualité avec la réunification syndicale et la victoire du Front populaire. Des contradictions apparaissent rapidement entre théorie et pratique, particulièrement en ce qui concerne l’indépendance syndicale.

Les débats de la section ne sont pas réservés aux seuls militants, mais touchent un public qui s’élargit considérablement. C’est par milliers que les instituteurs adhèrent entre 1935 et 1938. Qui sont-ils ? Pourquoi adhèrent-ils ? Comment est structurée l’organisation ?

Le mémoire tente de trouver des réponses à ces questions ainsi qu’à celles posées par l’orientation de la section dans la presse syndicale et les entretiens de plusieurs militants de sensibilités différentes.