L’Union des étudiants communistes : les intellectuels, la culture à travers le journal Clarté

LIATARD Séverine, L’Union des étudiants communistes : les intellectuels, la culture à travers le journal Clarté, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 138 p.

Au sein d’une organisation spécifiquement créée pour les étudiants en 1956 par le PCF, les « drogués de révolution » de l’UECF se donnent pour objectif de faire connaître l’idéologie communiste à l’université. Leur arme de combat, le journal Clarté, défend les thèses du leader soviétique Khrouchtchev et de son homologue italien Togliatti. De ce fait, le mensuel entre rapidement dans la marginalité puisque le PCF campe sur des positions orthodoxes et refuse d’établir un bilan critique de l’ère stalinienne. Cependant, les jeunes intellectuels refusent de se soumettre à l’autorité tutélaire et revendiquent le droit d’élaboration théorique sur la plate-forme du mouvement ouvrier.

À travers son engagement dans le domaine culturel, le journal réclame l’abolition de la censure et la démocratisation de la culture tout en dénonçant l’asservissement de celle-ci au régime de la Vème République. Le mensuel veut être en prise avec l’ensemble de l’actualité culturelle des années soixante. Ainsi, un dialogue est ouvert avec les intellectuels, communistes ou non.

Une telle optique soulève l’hostilité du parti et de certains membres de l’UEC pour qui elle ne répond pas à la fonction militante du journal et elle procède d’un éclectisme idéologique. Clarté concentre de plus en plus son attention sur les événements culturels, ses créateurs et les débats qu’ils suscitent. Pour l’Union, ce domaine ne peut être considéré comme un phénomène secondaire et les marxistes se doivent de réfléchir à l’élaboration d’une critique spécifique. En effet, la sphère culturelle au sens large reflète, dans cette période, les sursauts d’émancipation d’une génération en conflit avec ses pères et, d’une manière plus générale, une remise en cause des rapports humains.