LILTI Antoine, Le PSU et la gauche (1960-1968), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 298 p.
Cette recherche repose essentiellement sur le dépouillement des archives du PSU déposées au Pré-Saint-Gervais qui n’avaient jusqu’ici jamais été étudiées ni même inventoriées, ainsi que sur l’étude de la presse.
Les relations entre le PSU et le reste de la gauche, les liens que le parti noue avec les autres organisations de gauche, les conflits, les dialogues et les enjeux de ces relations ont été étudiés, mais aussi la façon dont le PSU conçoit son rôle au sein de la gauche et les stratégies qu’il élabore. Trois périodes ont été distinguées. De sa création, en avril 1960, jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, le PSU s’engage essentiellement dans la lutte pour la paix, et cherche à s’affirmer comme la « conscience » de la gauche. Il est ainsi conduit à s’opposer violemment à la SFIO, à tisser des liens avec les intellectuels de gauche hostiles à la guerre et à se tourner vers le PCF avec qui les relations sont toutefois assez conflictuelles. Mais la lutte pour la paix en Algérie ne borne pas l’horizon politique du PSU qui a été créé en réaction à une certaine faillite de la gauche molletiste sous la IVe République. Il élabore donc la stratégie de « Front socialiste » qui entend regrouper, dans la perspective de l’exercice du pouvoir, toutes les organisations se réclamant du socialisme.
Après la guerre d’Algérie, le PSU perd son objectif le plus immédiat et le plus mobilisateur et se retrouve un peu isolé par le rapprochement SFIO-PCF. Il est alors secoué par une grave crise interne dont un des enjeux essentiels est la définition d’une stratégie adaptée à la nouvelle situation politique. À la minorité « unitaire », pour laquelle le PSU a surtout vocation à susciter l’union des partis de gauche, s’opposent les partisans d’une rénovation préalable de la doctrine socialiste.
Après l’élection présidentielle de 1965 qui divise à nouveau le parti, et la naissance de la FGDS, le PSU se trouve presque marginalisé sur la scène politique, peu pris en considération par le PCF et la FGDS Avec la rencontre socialiste de Grenoble, il apparut un temps capable d’incarner une « autre gauche » et de rassembler tous les courants de la gauche démocratique réticents vis-à-vis de la FGDS. En 1967, repoussant la stratégie d’association à la FGDS prônée par la plupart des dirigeants traditionnels, il choisit une stratégie de développement autonome.
Les événements de Mai 68, au cours desquels il est une des seules forces politiques à surnager ; vont entraîner un afflux de militants nouveaux, mais aussi une nette réorientation des objectifs, de la stratégie et du discours du PSU