L’opinion publique à Paris sous l’Occupation : la lecture des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police de Paris

LAPEYRE Maud, L’opinion publique à Paris sous l’Occupation : la lecture des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police de Paris, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Denis Peschanski-Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 200 p.

La série d’archives rassemblées sous le titre « Rapports de quinzaine des Renseignements Généraux », regroupe une quantité d’informations très importantes sur la situation à Paris sous l’Occupation. Des incidents de voie publique, aux mesures prises par l’administration allemande, en passant par I’évolution du ravitaillement, ces quatre années sont décortiquées de semaine en semaine, puis tous les quinze jours.

Malgré de nombreux ouvrages sur la question de l’évolution de l’opinion publique à cette période, aucun ne la traite à travers le regard d’une administration française étroitement liée à l’occupant. Les rapports de quinzaine donnent l’occasion d’adopter la vision des inspecteurs des Renseignements Généraux. En effet, une grande partie est consacrée à l’analyse des réactions des Parisiens. Il ressort ainsi une vue d’ensemble des préoccupations majeures du public de juin 1940 à août 1944. Celle-ci peut choquer nos schémas préétablis des sujets d’actualité de I’époque. La hiérarchie qui en résulte bouleverse celle que nous aurions pu établir seule sous l’influence de l’historiographie actuelle. Elle traduit également une évolution à travers le temps, au sein de laquelle les préoccupations quotidiennes telles que le ravitaillement, laissent peu à peu la place à des considérations plus politiques. Ainsi, le public se concentre de plus en plus sur les événements qui mèneront à la fin des hostilités et des difficultés. Enfin, il a été important d’analyser l’écriture, le vocabulaire, la forme et les changements opérés dans les rapports. Ils représentent autant d’indices permettant de reconstituer en partie l’état d’esprit du service chargé de ces comptes-rendus et la vision spécifique qu’ils pouvaient avoir. Au-delà de l’étude de l’opinion publique, c’est aussi une plongée au cœur de l’administration polici re et un véritable témoignage historique. Le défaut d’objectivité qui a pu être constaté, s’est au contraire transformé en information supplémentaire, cela avive l’intérêt en même temps que l’esprit critique sur les fonctionnaires, leurs méthodes et l’opinion qu’ifs décrivent.

Les rapports de quinzaine des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police présentent un double intérêt historique, qui est, à la fois, le témoignage de la population, de l’opinion publique de ces années noires qui se cherche, évolue, se bouleverse ; mais il est également le témoignage des inspecteurs appartenant à ce service, où transparaissent leur propre version et leur propre approche des Parisiens et de l’Occupation.