L’image de l’ouvrier dans l’Œuvre et le National Populaire de janvier 1940 à juin 1944

BIGUET Sarah, L’image de l’ouvrier dans l’Œuvre et le National Populaire de janvier 1940 à juin 1944, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 174 p.

De janvier 1940 à juin 1940, les difficultés militaires croissantes de la France rendent le travail ouvrier indispensable à l’approvisionnement des armées. L’ouvrier est décrit comme le soldat de l’arrière. Pour assurer la victoire, il doit abandonner la doctrine de lutte des classes au profit de celle de collaboration des classes.

De juillet 1940 à avril 1942, l’ouvrier est représenté comme un prolétaire marginalisé, victime de la grande industrie. Le retour à la terre est considéré comme la solution pour échapper à la misère et au chômage. La révolution socialiste que veut mener Déat, constitue également une perspective de salut.

Le retour de Laval aux affaires en avril 1942 fait espérer à Déat une collaboration totale avec l’Allemagne. Le travail ouvrier est le moyen d’intégrer la France à l’ordre européen d’Hitler. Dans l’Œuvre et le National Populaire l’ouvrier reprend sa place de combattant, mais cette fois aux côtés de l’Allemagne. Toutefois, l’élitisme de la pensée de Déat limite la place de l’ouvrier dans l’organisation totalitaire à une simple force d’exécution, qui doit absolument être surveillée et encadrée.

Il n’y a pas une seule image forte de l’ouvrier, mais trois représentations successives marquées par le contexte historique, qui bien qu’hétérogènes s’articulent et se complètent pour construire à la fin de la période une vision totalitaire de la classe ouvrière. L’Œuvre et le National Populaire sont communément considérés comme les organes de la frange de gauche de la collaboration parisienne. Les hommes qui composent leurs rédactions se perçoivent comme de « nouveaux révolutionnaires » pourtant, dans leur logique révolutionnaire, l’ouvrier n’a pas sa place sinon comme force d’exécution.