L’image de la France, de l’Union soviétique, du Royaume-Uni, et des États-Unis dans les dessins de la presse satirique allemande pendant la période nationale socialiste, 1933-1939

LECLERCQ Laurence, L’image de la France, de l’Union soviétique, du Royaume-Uni, et des États-Unis dans les dessins de la presse satirique allemande pendant la période nationale socialiste, 1933-1939, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 244 p.

De 1933 à 1939, le national socialisme n’a de cesse de dénoncer les nations qui le menacent ou le contrarient. Cette dénonciation s’exprime par l’intermédiaire de différents vecteurs de diffusion médiatiques, notamment dans la presse satirique allemande qui survit à la censure et qui accepte de subir le contrôle et les consignes de la chambre de la presse, comme der Kladderadatsch, der Simplicissimus et der Stürmer. Entre 1933 et 1939, ces trois hebdomadaires illustrés proposent des images satiriques des ennemis successifs de l’Allemagne national-socialiste : la France, l’Union soviétique, le Royaume-Uni et les États unis. Ces images satiriques, neutres ou très critiques, à l’égard de ces nations, ont été utilisées comme sources pour dresser le tableau déformé des relations internationales proposé par l’Allemagne à sa population entre 1933 et 1939. La France dans un esprit de revanche et l’Union soviétique pour raisons idéologiques sont les ennemis traditionnels. Ils subissent, au début de la période, les foudres de la presse satirique allemande. Progressivement, ces deux nations disparaissent des caricatures, au profit de la Grande-Bretagne et des États unis. La Grande-Bretagne et les États-unis sont mis en scène progressivement dans les dessins de la presse allemande à partir de 1933, et en 1938-1939 s’y imposent comme les ennemis majeurs de l’Allemagne nationale socialiste. La Grande-Bretagne, qui est perçue par Hitler comme un allié potentiel jusqu’en 1935, subit finalement les attaques graphiques allemandes très virulentes, dès que l’alliance envisagée échoue et que le Royaume-Uni essaie de convaincre les États unis d’intervenir en Europe pour contrer le danger allemand. Les États-Unis, accusés par Hitler d’être « corrompus, par les juifs » et affaiblis économiquement, répondent favorablement aux cris de détresse britanniques, et font l’objet à leur tour de dessins violents dans la presse allemande. L’étude de l’évolution des dessins satiriques dans la presse allemande entre 1933 et 1939 permet de constater que le dessin de presse, œuvre d’art, a été utilisé comme moyen de propagande. La caricature a ainsi permis de valoriser les valeurs culturelles et économiques du régime national-socialiste, au détriment des valeurs des nations ennemies (la société urbaine, le capitalisme), et de dénoncer leurs mœurs dépravées (le luxe, la « futilité » féminine et la corruption de la presse). Ainsi le dessin de presse permet à l’Allemagne de légitimer ses valeurs et ses agissements auprès de sa population.