Le PS dans la campagne de François Mitterrand en 1981

JOUTEUX Thomas, Le PS dans la campagne de François Mitterrand en 1981, Maîtrise [Franck Georgi, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 426 p.

En 1981, le Parti socialiste et François Mitterrand abordent l’élection présidentielle et la troisième candidature du leader socialiste dans des conditions bien différentes des précédentes échéances qui conduisent à faire du PS l’élément central du dispositif de campagne de son candidat. En effet, à la faveur de la rupture de l’union de la gauche en 1977, François Mitterrand est amené à n’être pour la première fois que le candidat de sa seule formation politique, ce qui n’est pas sans incidences sur le rôle-clef que le parti dont il a pris la tête dix ans plus tôt est appelé à jouer au cours de la campagne présidentielle, ceci par nécessité, mais aussi par cohérence. Nécessité, car le PS dont François Mitterrand a impulsé la rénovation lui fournit l’infrastructure indispensable en termes de moyens humains et matériels pour mener campagne. Cohérence, car depuis Epinay, et singulièrement depuis le congrès de Metz de 1979 et la montée en puissance de Michel Rocard comme possible présidentiable, toute la stratégie de François Mitterrand a consisté à utiliser son autorité sur le PS pour s’imposer, en plaçant ses lieutenants à la direction nationale ou à la tête des fédérations. La tendance à la personnalisation du débat politique inhérente à l’élection présidentielle serait pourtant de nature à inciter les candidats à se démarquer de la formation politique dont ils sont issus. Cependant, s’il s’agit du choix d’un homme pour exercer la présidence de la République, cette élection n’en demeure pas moins un choix politique, un moment que les socialistes et François Mitterrand considèrent comme propice à la réalisation de l’alternance que la crise économique et le rejet dont est victime le président Valéry Giscard d’Estaing sont de nature à favoriser en 1981. La campagne présidentielle de François Mitterrand est alors également celle d’un parti chargé d’incarner à côté de son candidat l’équipe politique destinée à assurer la relève et à gouverner la France après vingt-trois ans d’opposition. Aussi, l’organisation de la campagne du candidat se fonde-t-elle sur une imbrication avec les structures et les responsables du parti et donc sur une cohérence d’ensemble entre la campagne du PS et celle plus personnelle du candidat. Elle apporte ainsi une réponse originale au problème général posé par la place d’une formation politique dans le cadre de l’élection présidentielle et au contexte politique immédiat de 1981 de désunion de la gauche et de perspective crédible d’alternance. Il s’agit alors de faire apparaître la particularité d’une campagne présidentielle menée à partir d’un parti, d’en étudier les caractéristiques, mais aussi parfois les limites dans la mobilisation du PS au service d’un candidat devant par ailleurs tenir compte de la personnalisation induite par l’élection présidentielle. Pour cela, l’étude de « la mise en ordre de bataille du parti » qui met à la disposition de son candidat toutes ses ressources humaines et matérielles, puis celle de la mobilisation des réseaux socialistes, afin d’élargir l’assise de sa candidature, et enfin celle de la mise en œuvre des méthodes de campagne, qu’elles soient de nature proprement militantes ou davantage marquées par une certaine professionnalisation, sont apparues successivement nécessaires pour comprendre le schéma de construction de l’organisation militante d’une campagne présidentielle qui est celle du PS en 1981 et dont l’aspect alors collectif permet à ces quelques mois de combat électoral couronnés de succès de trouver une place essentielle dans la mémoire militante « réconciliée » du mitterrandisme au sein du Parti socialiste.