L’image de la criminalité à travers le fait-divers à la une de Détective de 1946 à 1958

NAEGELLEN Aude, L’image de la criminalité à travers le fait-divers à la une de Détective de 1946 à 1958, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 202 p.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte où la France est entièrement à réorganiser au point de vue économique, politique et social, il ne paraît pas surprenant d’étudier la criminalité. Car on se représente facilement toutes les dérives occasionnées dans un tel environnement. Mais nous avons cherché à savoir ce que la population perçoit de la criminalité après une guerre et ce qui la préoccupe par rapport au crime.

En revanche, choisir le fait-divers comme indicateur pour appréhender les angoisses d’une société n’était pas à priori évident. Si l’on tient compte de sa réputation d’information mineure, sensationnelle donc amplifiée et pas nécessairement vérifiée, il ne semblait pas bien significatif. Mais de grands écrivains et historiens ont contribué à le réhabiliter en dépassant cette réputation et mettant en valeur toutes les informations qu’il révèle sur la société.

Détective, l’hebdomadaire spécialiste du fait-divers nous a donc permis de voir comment suite à une guerre, le fait-divers reprend place dans la société. En effet, la criminalité régulière d’une société au lieu d’être dépréciée, par le souvenir d’une criminalité de guerre aux effets incomparables, assimile les angoisses que suscite un tel souvenir. Car le fait-divers est toujours présent dans une société pour stigmatiser ses craintes et ses angoisses. Et ce en dépit de ce qu’elle a vécu avant, à côté de quoi il peut paraître insignifiant.

Les crimes qui retiennent l’attention dans les années 1950, sont tous ceux qui représentent une menace dans la vie privée de l’individu et le mettent en danger dans son espace privé, mais aussi les crimes soutenus par une organisation. À cela s’ajoute la peur de l’étranger et de l’immigré. Limage de la criminalité à travers le fait-divers montre bien que la société porte encore les inquiétudes de la guerre durant toute la décennie suivante, alors que le pays retrouve une certaine prospérité. L’intérêt d’un travail sur les représentations consiste donc à voir le décalage entre la réalité de la société et ce par rapport à quoi se développent des angoisses.