La guerre d’Algérie et le roman français, 1955-2000

NORTIER Laura, La guerre d’Algérie et le roman français, 1955-2000, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 163 p.

Chez les Français, la guerre d’Algérie a marqué profondément la mémoire collective. Malgré les efforts faits pour en effacer les traces, les souvenirs des sept années de guerre ont du mal à disparaître. Les douleurs et les fureurs des acteurs de ce drame ont envahi le champ d’écriture. Contrairement à des opinions communes, la guerre d’Algérie a été et continue d’être source d’inspiration. Trois-cent-cinquante-deux romans ayant un rapport plus ou moins direct avec la guerre ont été publiés de 1954 à 2000 inclus.

Plus de quarante ans ont passé. Comment les romanciers agissent-ils avec ce passé ? Les romans de l’immédiat après-guerre (1960-1970) ne sont pas ceux des années 1980-1990. Au témoignage de l’acteur qui poursuit son combat ou le légitime à postériori, se substituent progressivement des œuvres à « distance ». La réappropriation consciente des mémoires des uns et des autres permet à la fois de reconnaitre le passé comme passé, de ne plus le vivre comme présent incidemment et de le mettre en perspective d’un futur différent. Plus la guerre s’éloigne, plus elle nous apparaît dans sa totale complexité. Les auteurs-acteurs et/ou témoins de la guerre ou de la génération suivante s’ouvrent aux raisons de l’autre et à leurs propres déchirements. De nouveaux auteurs cherchent à déchirer le voile du silence qui entoure la guerre et ses acteurs.

Depuis la fin des années soixante-dix, la multiplication des récits d’anciens du contingent, le développement d’une littérature de la deuxième génération, témoigne que la guerre d’Algérie est un objet de mémoire. Trois décennies après la paix, le sujet s’est imposé aux auteurs de romans policiers et de romans pour la jeunesse. L’enjeu de mémoire ne passe plus par l’amnésie ou le traumatisme, mais par le savoir. La guerre d’Algérie appelle aujourd’hui une histoire scientifique, gage — on peut l’espérer — d’une plus grande sérénité. Le travail de mémoire, de deuil et de réconciliation est à ce prix.