L’exploitation cinématographique à Paris sous l’Occupation

HUBAC Fanny, L’exploitation cinématographique à Paris sous l’Occupation, Maîtrise [Claire Andrieu, Pascal Ory, Denis Peschanski], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 257 p.

L’exploitation, l’une des principales branches de l’économie de l’industrie cinématographique, se définit à la fois comme une branche professionnelle, comme lieu où l’on exploite, en l’occurrence la salle, et comme un commerce, ce qui nous oblige à appréhender l’idée du public. L’histoire du cinéma est complexe. Pendant les années 1930, l’industrie cinématographique est plongée dans la crise. La Fédération nationale du cinéma français, créée en 1934, tente de lutter contre deux problèmes majeurs : les taxes et les conditions générales de location. Ces deux problèmes constituent les revendications les plus âprement défendues par la profession jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Plongés dans la crise, les exploitants développent des pratiques frauduleuses et des concurrences dfloyales. La guerre mtervient, mais déjà, en 1939, le cinéma est rattaché au Commissariat général à l’Information. Le gouvernement de Vichy va profiter des acquis de la Troisième République. La complexité de l’histoire du cinéma sous l’Occupation résulte de la concurrence entre deux politiques, l’une allemande : l’autre française, dont les intérêts divergent. Soucieux de réorganiser le cméma et d’en garder le monopole, l’État comprend vite qu’il doit se soumettre au contrôle et aux décisions allemandes. Une organisation corporative naît. Doté cl’un nouvel organisme professionnel, le cinéma en sort transformé. L’exploitation voit alors se résoudre un certain nombre de problèmes qui la paralysaient depuis les armées 1930. En même temps, les professionnels ne sont pas toujours maîtres de leurs décisions, leur corporation étant en réalité sous le contrôle de l’État français et des occupants.

La situation de guerre et d’occupation a aussi transformé les établissements cinématographiques. Ces derniers voient leur rôle grandir dans les manifestations de solidarité et de charité. La salle reste un lieu de fête. En même temps, en tant qu’espace public de projection, elle n’échappe pas aux obligations d’ordre politique. D’autre part, le poids des circonstances est aussi matériel. Lintérieur comme l’extérieur des cinémas se trouvent transformés pour laisser voir les empreintes de la guerre et de l’Occupation. La dimension féerique a en partie disparu. Pourtant les salles ne désemplissent pas ; elles restent un espace d’évasion pour des spectateurs en quête de divertissement. La fréquentation reste élevée de 1940 à 1944. Aller au cinéma demeure une démarche de sociabilité qui permet de se rassembler pour une communion face à l’écran. Si le cinéma se révèle être un lieu d’évasion, il est aussi un lieu d’expression, de manifestation, voire de résistance.