La représentation de l’attentat de Saint-Michel par les journaux télévisés

HAMOUCHE Samia, La représentation de l’attentat de Saint-Michel par les journaux télévisés, Maîtrise [Pascal Ory, Jean-Louis Robert, Myriam Tsikounas], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 176 p.+ 278 p. d’annexes

Le travail du journaliste reporter d’images, par le jeu de l’audimat, consiste à faire du sensationnalisme quotidiennement afin de se démarquer de ses éventuels concurrents. Dans notre société contemporaine, où les médias représentent le 4e pouvoir, l’événement met l’accent sur l’émotion. L’attentat de Saint-Michel, le 25 juillet 1995, a bouleversé l’organisation des journaux télévisés. L’événement ayant eu lieu à 17 h 30, les journalistes ont pu le couvrir très vite. La notion de direct, par les nombreux duplex notamment, contribue à alourdir cette atmosphère dramatique. Cette ouverture au monde rend réelle cette violence brutale qui surgit sur la scène nationale. Le terrorisme, par définition, est un acte de communication, qui n’existe que par le biais de l’écho que lui donne la télévision. Pourtant la représentation de l’attentat, que donnent les journalistes, est plus ou moins faussée. En effet, les sous-sols du RER Saint-Michel, où a eu lieu l’attentat, leur ont été interdits. Ils n’ont pu filmer l’emplacement même, mais uniquement l’extérieur, le Boulevard Saint-Michel avec le ballet des secours en action, encadrant les quelques visages de rescapés légèrement touchés par l’explosion. L’armée, par contre, était sur place et a eu l’exclusivité des images, qu’elle a transmises le lendemain aux différentes rédactions, les sélectionnant au préalable. Quelle est leur définition du terrorisme ? Est-il interne ou international ? Le terroriste se définit-il comme terroriste ? Ou comme « résistant », « révolutionnaire » ? Où commence le jugement ? Les médias sont-ils véritablement impartiaux dans leurs discours et analyses du sujet ? Alors qu’ils tirent leurs sources d’information des représentants de l’État (forces de police, enquêteurs), quelles relations entretiennent-ils avec le pouvoir ? De quelle manière traitent-ils les « répressions » mises en place ?

Les médias, face à cet événement inattendu, sont contraints de trouver leur place entre les intérêts du terrorisme et ceux de l’État.