ZIESEL Juliette, Les Travailleurs juifs et la Grande Guerre : quelques éléments d’étude, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 176 p.
À la veille de la Grande Guerre, il existe à Londres un prolétariat juif spécifique, largement immigré, principalement implanté dans l’East End, qui y gagne son surnom de « ghetto ».
L’étude de ce groupe social au cours de la guerre permet de cerner plusieurs éléments caractéristiques. Essentiellement engagés dans les métiers du bois et de l’habillement, les travailleurs juifs dans leur grande majorité vont être employés dans le travail de guerre et la sous-traitance des contrats gouvernementaux, modifiant conditions et habitudes de travail. Leur vie quotidienne est affectée globalement dans les mêmes proportions que celle de leurs voisins britanniques, les problèmes d’approvisionnement et de santé étant sensiblement les mêmes. L’engagement dans l’armée met en évidence le dilemme face à la guerre le service militaire accentue les tensions, plus spécialement parmi les sujets russes, ce qui crée une situation explosive. La guerre engendre au sein de la population britannique un sentiment anti-allemand, puis xénophobe, virulent, dont la population juive est la victime privilégiée. Cependant, les travailleurs juifs s’intègrent aux structures nationales, syndicales et socialistes — le socialisme étant le mouvement politique le plus populaire du « Ghetto », qui s’enthousiasme pour la Révolution russe — alors que le sionisme, qui connaît un regain de popularité après la Déclaration Balfour, affirme et revendique une identité juive spécifique.
La Grande Guerre, malgré la mise en exergue des différences, a accéléré le processus d’intégration, voire d’assimilation — d’où la disparition en tant que tel — du prolétariat juif londonien.