Les transformations du monde de la chanson en France dans les années 1920 : enquête sur les milieux chansonniers au moment du passage à la modernité

MUNOZ Sullivan, Les transformations du monde de la chanson en France dans les années 1920 : enquête sur les milieux chansonniers au moment du passage à la modernité, Maîtrise [Antoine Prost, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 214 p.

Au cours de cette période, les représentations culturelles, les échanges, et les pratiques sociales liées à la chanson ont considérablement évolué, non seulement en se diversifiant extraordinairement, mais encore en subissant des mutations profondes de toute nature, et dans tous les domaines relatifs au phénomène chansonnier. Comment caractériser en effet cette époque, où coexistent les pratiquants d’une poésie de la nature, sentimentale et volontairement naïve, tels Xavier Privas ou Antonin Lugnier, et les jeunes futures vedettes des années 1930 ou de l’Après-guerre, qui ont pour nom Lucienne Boyer ou Mireille ? Que dire de la sociabilité chansonnière, au moment où le Caveau et les sociétés lyriques fondées sur un modèle semblable prétendent se maintenir dans la longue durée, mais où se constitue un milieu de professionnels de la chanson, essentiellement parisien, composé d’éditeurs, de directeurs de studios d’enregistrement, de musiciens et de directeurs artistiques, dont Georges Van Parys dans son livre Les Jours comme ils viennent (Paris, Plon, 1969) porte témoignage, et qui semble appelé, à terme, à prendre le pas sur toute autre forme de sociabilité chansonnière ? Enfin, quel est l’impact, dans les mentalités, du bouleversement qui est intervenu dans les modes de transmission de la chanson ? En effet, c’est au cours de cette décennie qu’apparaissent l’enregistrement électrique, la radiodiffusion, et le cinématographe parlant, et c’est en 1924, par exemple, que la firme Columbia s’installe en France, décidant du même coup de « monter », de manière volontariste, une écurie de futures vedettes, afin de pouvoir présenter un catalogue concurrentiel. Comment ces transformations ont-elles été accueillies, respectivement, par les hérauts de la modernité, et par les garants des valeurs anciennes en matière de chanson, et comment, enfin, ont-elles influencé les contenus du répertoire chansonnier ?