MELQUIOND Anne-Lise, Vive la révolution et la question des femmes : 1968-1971, Maîtrise [Antoine Prost, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998
Ce travail propose de trouver quelle place « Vive la Révolution » en tant que groupuscule gauchiste laissait à l’émancipation des femmes comme principe théorique et pratique politique.
Par sa volonté de comprendre Mai 1968, « Vive la Révolution » s’inscrit dans un esprit contestataire influencé par la contre-culture américaine. L’analyse de la perception de Mai 1968 par les futurs militant(e)s de « Vive la Révolution » a permis de mettre en valeur les différentes pratiques politiques au sein même de l’UJCML. Ainsi s’opposent un courant fortement théorique composé essentiellement « d’ulmards », et un autre, formé en majeure partie d’étudiants de Nanterre et des Beaux-Arts, qui apparaît en revanche comme « festif ». Complexés, se sentant décalés par rapport aux « ulmards », ces militants sont à l’origine de « Vive la Révolution », les Normaliens participant en revanche à la fondation de la Gauche Prolétarienne. Il est donc probable que l’impact de Mai 1968, tout d’abord dans sa perception, a produit ce schisme au sein du maoïsme.
En découle la problématique essentielle du rapport entre la question des femmes et Mai 1968. La question des femmes est restée le parent pauvre de cette histoire. Dans une certaine mesure, nous avons été handicapées par le manque de sources écrites sur ce sujet. Les sources orales ont donc été précieuses pour appréhender ce phénomène. Les conclusions se sont avérées quelque peu surprenantes : alors que Mai 1968 est généralement considéré comme un mouvement qui remet en cause l’ensemble du corps social, cet événement n’a pas pris en compte la question des femmes. Ce phénomène s’explique en grande partie par la division sexuée des tâches dans les organisations révolutionnaires. Les femmes de « Vive la Révolution », en fondant un groupe non-mixte en septembre 1970, prennent conscience de leur oppression. « Vive la Révolution » permet cette prise de conscience par leur ouverture d’esprit et leur opposition à une conception figée de la lutte des classes. En publiant Ie premier journal de la contre-culture française, Tout !, « Vive la Révolution » permet pleinement la diffusion des revendications féministes. Mais l’autonomie des femmes va créer des tensions au sein du groupe, car les féministes mettent en lumière les contradictions des militants révolutionnaires entre une théorie qu’ils insufflent et une pratique qu’ils rejettent. De cette opposition entre les hommes et les femmes découle la dissolution de ce groupe en avril 1971.