Les sujets de français aux examens, Baccalauréat, Brevet supérieur et diplôme de fin d’études des Lycées de jeunes filles, de 1881 à 1925

DECOMPS Claire, Les sujets de français aux examens, Baccalauréat, Brevet supérieur et diplôme de fin d’études des Lycées de jeunes filles, de 1881 à 1925, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 2 vol., 221 p. + 95 p. d’annexes

Cette étude aborde d’un point de vue comparatif l’évolution des sujets de composition française proposés sur une quarantaine d’années à des élèves d’une même classe d’âge, mais de sexe ou de milieu social différents. Les trois examens couronnant des cursus rigoureusement parallèles peuvent être définis selon trois grandes articulations : primaire/secondaire, classique/moderne, masculin/féminin. La période étudiée voit l’émergence du français en tant que discipline scolaire, c’est en effet en 1881 que la composition française fait son apparition dans le champ des pratiques scolaires. Jusqu’à cette date, les langues anciennes constituaient seules le fond des « humanités classiques » dispensées dans les lycées, tandis que les apprentissages élémentaires de la lecture et de l’écriture constituaient toute l’instruction primaire.

Dans une première partie, nous avons rappelé le contexte dans lequel étaient conçus les sujets en examinant la finalité de chaque examen et en précisant au moyen des textes officiels la nature et l’organisation des épreuves.

Dans une seconde, plus spécifiquement pédagogique, nous nous sommes interrogés d’un point de vue strictement formel sur la nature des exercices proposés afin de cerner les facultés mentales sollicitées. Nous avons observé le recul et la mutation rhétorique des exercices de types traditionnels (description ou discours), étudié l’affirmation de la dissertation comme exercice fondamental et insisté sur la genèse exemplaire du commentaire de texte. Nous avons rencontré un certain décalage entre le baccalauréat classique s’efforçant de plier la composition française aux canons de la rhétorique traditionnelle, et les deux autres examens expérimentant de nouvelles formes d’écriture scolaire.

Dans un troisième temps, nous nous sommes intéressés à la portée idéologique des énoncés en étudiant cette fois leur contenu. Le français est alors une discipline qui se cherche, et se conçoit un peu comme la synthèse des différents savoirs véhiculés par l’École. Après avoir mesuré la part exacte de la littérature et mis en évidence l’impact idéologique de la formulation des énoncés, nous nous sommes penchées sur quelques aspects du discours : la valeur édifiante et initiatique des sujets ainsi que leur portée civique et patriotique. Les sujets d’examen semblent refléter un idéal d’ordre social et une morale d’énergie au service de la nation, avec quelques nuances selon la destination sociale promise au candidat.

Les antagonismes entre les différents modèles s’estompent au fil des années, car le brevet supérieur et le diplôme de fin d’études se modèlent de plus en plus sur leur prestigieux aîné. Mais le baccalauréat ne joue pas un rôle moteur, loin s’en faut ! Il reste tourné sur son passé et semble plus subir qu’accepter les mutations profondes de la société. C’est donc l’enseignement primaire supérieur et l’enseignement secondaire moderne qui servent de laboratoires aux expériences pédagogiques, renouvelant plus profondément l’approche de la discipline.