CONQ Jean, De la Jeunesse agricole catholique au Mouvement rural de jeunesse chrétienne, 1959-1965 (Histoire de l’évolution d’un mouvement d’action catholique en milieu rural), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 148 p. + 65 p. d’annexes
Dans l’histoire d’une organisation, il est toujours intéressant de s’arrêter aux périodes de mutation. Pour la Jeunesse agricole catholique, née en 1929, jusqu’à présent tous les chercheurs, ou presque, se sont contentés d’étudier les trente premières années.
Il s’agit de voir comment, en changeant de sigle et en devenant mixte ce mouvement de jeunes ruraux sut relever les défis qui se présentaient à lui. Ce travail été surtout réalisé à partir de documents d’archives conservés au siège national du MRJC.
Les années soixante, c’est le début de la Ve République, le Marché commun, la décolonisation, le Concile Vatican II. Et c’est aussi l’avènement du phénomène jeunesse suite au baby-boom d’après-guerre, amplifié par le prolongement de la scolarité : un Français sur trois a moins de vingt ans. Or c’est à ce jeune public, en milieu rural, que la JAC/JACF s’adresse.
Pour bien signifier qu’ils sont ouverts à tous les jeunes ruraux les deux mouvements vont d’abord changer de structures et de sigles : la JAC devient Mouvement rural des Jeunes Catholique en 1961, tandis que la JACF s’appellera Mouvement rural de Jeunesse chrétienne féminine deux ans plus tard. Ainsi les ouvriers, les artisans commerçants, les travailleurs du secteur sanitaire et social trouveront-ils une place qui leur est propre dans cette organisation de Jeunesse presque exclusivement agricole jusque là.
Dans le même temps, avec la JEC et la Bonne presse, la JAC/JACF crée une presse propre à cette Jeunesse : Rallye Jeunesse. Mais cette initiative intéressante sera reprise par un groupe financier et les mouvements ne seront pas de taille à lutter contre un tel empire.
En s’ouvrant à d’autres catégories sociales, l’ancien mouvement agricole veut prendre en compte la mixité, changer de moyens pédagogiques et de type d’action. Il souhaite qu’une place lui soit reconnue dans la société et dans l’Église. Le MRJC et le MRJCF deviendront une seule organisation en 1965. Mais les principaux acteurs de cette évolution se verront dans l’obligation de démissionner à cause de l’opposition manifestée par la hiérarchie catholique. On pourrait parler d’échec si, deux ans plus tard, n’était pas née une nouvelle charte pour ce mouvement mixte dont le contenu se situe en droite ligne de la pensée des démissionnaires.