Les représentations idéologiques et politiques d’un officier de la LVF, 1941-1944

MARJOLET Stéphane, Les représentations idéologiques et politiques d’un officier de la LVF, 1941-1944, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 174 p.

L’objet de ce mémoire est d’étudier les représentations politiques et idéologiques d’un officier de la Légion des Volontaires Français parti se battre aux côtés des Allemands contre les Soviétiques à partir de l’été 1941. Cette étude se base sur les carnets de route de l’officier en question, le médecin-capitaine Maurice Fleury. Chaque jour celui-ci va noter ses impressions ainsi que ses déceptions sur ce régiment de Français dans l’armée allemande. Au travers de ce journal, on comprend mieux ce que fut vraiment cet avatar du collaborationnisme français. Mal préparée, mal encadrée, déconsidérée par les Allemands, divisée par les rivalités entre les partis collaborationnistes parisiens (PPF, MSR, RNP principalement) qui l’avaient créée, la LVF est un échec militaire et politique. L’engagement de Maurice Fleury à la LVF, en août 1941, est le résultat d’un parcours idéologique marqué par son temps. Né en 1893 en Bretagne, son premier engagement idéologique date de sa rencontre avec Marc Sangnier, le leader démocrate-chrétien, chef du Sillon, sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Influencé ensuite par sa famille, il adhère en 1923 à l’Action française où il est responsable d’une section de camelots du roi dans sa ville de Rennes. Après la défaite de 1940, partisan d’une collaboration totale avec l’occupant, il se détache de la ligne politique vichyssoise pour suivre les collaborationnistes parisiens en s’inscrivant au RNP puis en s’engageant dans la LVF. Dans cette dérive qui aboutit à l’adhésion au national-socialisme en passant par des revendications d’autonomiste breton, Maurice Fleury tente de se justifier. Cette justification se retrouve dans ses carnets de routes, mais surtout dans ses carnets de notes où il commente ses lectures. À l’aide de ces dernières et en reprenant tous les poncifs des collaborationnistes, Maurice Fleury tente de créer un mythe autour du fiasco qu’est cette « aventure » et dans laquelle il trouvera la mort en 1944.