Les représentations du monde ouvrier dans la production cinématographique française de 1945 à 1950

MESROB Véronique, Les représentations du monde ouvrier dans la production cinématographique française de 1945 à 1950, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 217 p.

Le champ d’investigation de l’historien s’est enrichi de nouvelles disciplines. Les sources filmées ont désormais un intérêt scientifique qui élargit l’horizon de la recherche historique. Un film est un produit culturel inscrit dans un contexte socio-historique donné. C’est une production culturelle qui offre à l’historien, au chercheur, des documents à analyser. Le cinéma témoigne dans l’ordre des représentations et, bien que les images filmées soient encore difficilement accessibles, il ne faut pas omettre l’analyse du film qui reviendrait a réduire une partie essentielle du matériau de l’historien.

Si la veine ouvriériste existe au sein de la production cinématographique française, la courbe de représentations est quantitativement proche de zéro. Le mémoire présenté n’épuise pas toutes les interrogations qui naissent du rapprochement entre le monde ouvrier à l’écran dans la production française d’après guerre et le contexte historique particulier des cinq années qui suivirent la Libération.

La diversité des genres cinématographiques (fictions de long-métrage, documentaires et actualités) a apporté des informations contrastées. Si le rôle joué par les ouvriers dans le cadre historique est significatif, il apparaît en demi-teinte à l’écran : tonalité bon enfant pour la globalité des films de fiction, hormis les tentatives de Louis Daquin (Le point du jour) et de Marcelle Paghero (Un homme marche dans la ville) d’appréhender « la vraie vie ».

Les actualités cinématographiques sont au service du pouvoir politique et véhiculent une idéologie. Elles rapportent les images de l’ouvrier moteur de la Reconstruction, mais aussi de l’ouvrier agent du « parti du désordre », fauteur de troubles.

Les représentations filmées du monde ouvrier passent par le prisme déformant de la caméra et subissent les contraintes (censure et autocensure) nées d’un contexte particulier. D’un point de vue politique, économique et social. Ces deux constats posent problème au chercheur. Toutefois, ce sujet d’étude permet de saisir les décors dans lesquels évolue le monde ouvrier ainsi que le comportement du groupe, son travail, ses loisirs.

Mais le cinéma n’est pas une source historique redondante ni le pâle écho du reel. Il dévoile les espoirs et les non-dits d’une société. Même sous contrôle, le cinéma témoigne.