MARTIN Céline, La Rue de la Goutte d’or pendant l’entre-deux-guerres, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 245 p.
La rue de la Goutte d’Or est un lieu emblématique du Paris populaire. À la fin du XIXe siècle, Zola en faille cadre de la déchéance morale et physique d’une population laborieuse. Un siècle plus tard, l’opinion publique la considère comme une des plus dangereuses de la capitale, ses immeubles insalubres abritant une population immigrée nombreuse et des trafics en tous genres. Pendant ces deux époques, la rue de la Goutte d’Or conserve ses caractères originaux : sa fonction d’accueil des populations socialement défavorisées, souvent déracinées, et sa mauvaise réputation.
La rue de la Goutte d’Or ne connaît pas, en un siècle, de mutations fondamentales, mais elle change lentement sous les effets de nouvelles conjonctures économiques, sociales et politiques, l’entre-deux-guerres se présentant comme la période de transition.
Dans les années vingt et trente, la rue de la Goutte d’Or ressemble encore à celle de Zola : des immeubles délabrés et des logements sous-équipés, des ouvriers et des petits employés, une petite élite sociale commerçante, des hôtels et des débits de boissons, une cohabitation réussie entre Parisiens et provinciaux. Mais, on note déjà des caractères démographiques et des comportements matrimoniaux nouveaux, un mouvement de dépopulation, des étrangers de plus en plus nombreux, d’origines de plus en plus diverses et lointaines.
La combinaison d’éléments des XIXe et XXe siècles fait de la rue de la Goutte d’Or de l’entre-deux-guerres, un lieu à la fois uniforme et bigarré, marginal dans la capitale, mais où vit une population incarnant assez fidèlement la réalité économique et sociale du Paris populaire de l’époque.