Edmond Michelet : garde des Sceaux, ministre de la Justice (9 janvier 1959-24 août 1961)

MOURALIS Guillaume, Edmond Michelet : garde des Sceaux, ministre de la Justice (9 janvier 1959-24 août 1961), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 210 p.

Edmond Michelet, résistant chrétien déporté à Dachau, incarnait dans l’après-guerre, alors qu’il entamait sa carrière politique, un gaullisme ouvert et original.

Lorsqu’il fut nommé garde des Sceaux en janvier 1959, il représentait un courant « libéral » au sein du gouvernement de M. Debré : Michelet était favorable à la négociation puis à l’indépendance de l’Algérie.

Parvint-il à concilier ses convictions et celles de son cabinet (où figuraient J. Rovan, G. Gosselin et puis H. Bourges) avec la politique du gouvernement définie par M. Debré ?

Il tenta de mener une politique personnelle dans le domaine qui était le sien — en matière de justice civile bien sûr, mais aussi dans le domaine pénitentiaire (il institua un régime de détention semi-politique pour les détenus algériens) — tout en se livrant à une audacieuse politique de contacts avec le FLN, en accord avec le général de Gaulle.

Mais son action connut bien des limites qui tenaient au statut de la justice pendant la guerre d’Algérie, aux impératifs de la raison d’État auxquels il dut souvent se plier, ainsi qu’au conflit qui opposa rapidement le garde des Sceaux à son Premier ministre.

Ce conflit aboutit à la démission « forcée » de Michelet en août 1961, démission que le chef de l’État avait fini par accepter, car il lui semblait indispensable de conserver M. Debré à la tête du gouvernement, tant pour des raisons de politique intérieure qu’extérieure.