Les procès de résistants (1947-1954)

MARECHAL Delphine, Les procès de résistants (1947-1954), Maîtrise [Antoine Prost, Lucette Le Van-Lemesle], Paris 1, 1994, 134 p.

Mon intention première, concernant le sujet de mon mémoire de maîtrise, était d’étudier les représentations de l’« épuration sauvage ». Le phénomène, on le sait maintenant, a provoqué la mort d’environ 9000 personnes. Cependant, la mémoire collective, tenace, tend à garder de cette période, le souvenir d’un « bain de sang » et de centaines de milliers de morts.

Toutefois, ce sujet m’est apparu rapidement trop vaste pour être traité dans un simple mémoire de maîtrise. Sur les conseils de Mrs Prost et Rousso, chercheur à l’IHTP, j’ai décidé d’étudier les procès de résistants et de comprendre, à travers eux, la légende noire de l’« épuration sauvage ». Par procès de résistants, j’entends ici ceux qui se sont déroulés dès l’après-guerre et qui ont concerné d’anciens combattants de la Résistance, accusés de vols, violences ou meurtres la plupart du temps commis au moment de la Libération de la France.

L’impossibilité de consulter les archives criminelles m’a obligé à baser ma recherche sur des sources plus « subjectives » puisque mon matériel était lui-même l’interprétation d’une réalité : presse, journal officiel, ouvrages contemporains….

Le résistant inculpé est considéré entre 1947 et 1954 comme un accusé particulier. Son statut ambigu de « combattant de l’ombre » a contraint la législation à inventer de nouvelles ordonnances pour en tenir compte. Cependant, cette législation ne semble pas avoir réussi à englober l’ensemble des situations rencontrées par le résistant pendant la période de la Libération. Elle en devient forcément réductrice, imposant une image fixe du statut de résistant.

Les procès des résistants sont utilisés largement à des fins politiques. À droite comme à gauche, on s’en sert pour dénoncer les abus, fustiger ceux qui ternissent le nom de la Résistance. En effet, c’est une des constatations de cette recherche que de voir que souvent, l’homme, qu’il soit coupable ou non, est oublié au profit de l’idée d’une Résistance inattaquable et parfois récupérée.