Les préfets en Seine-et-Marne pendant l’Occupation

DEBATTY Orianne, Les préfets en Seine-et-Marne pendant l’Occupation, Maîtrise [Claire Andrieu, Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 158 p.

Les préfets ont été l’objet durant l’Occupation de la plus grande attention de la part du Gouvernement, pour qui ils étaient des relais précieux, mais aussi des Allemands, qui les utilisaient pour faire appliquer leurs ordonnances.

En Seine-et-Marne, trois hommes se sont succédé à la préfecture de Melun : Pierre Voizard, Jean Chaigneau et Paul Demange. Ils ont été confrontés à d’impor­tantes difficultés au niveau des services administratifs français, les plus traditionnels manquant de personnel, tandis que ceux créés par Vichy se montraient dans l’ensemble insoumis à son autorité et incompétents. L’administration allemande, qui quadrillait le département, a présenté des exigences correspondant généralement à ses droits, même si les préfets ont signalé quelques problèmes.

Chargés principalement de l’action en matière de politique et d’économie, les trois préfets ont eu dans les deux domaines la responsabilité de la surveillance et de la répression. Ils sont restés en relation avec les élites locales traditionnelles à l’ex­ception des communistes qu’ils ont exclus. Ils ont visiblement eu avec les mouvements autorisés par le Gouvernement le minimum de contacts imposés par leur fonction. Du point de vue économique, soumis, comme partout, à la pression de la population trouvant le ravitaillement insuffisant, ils ont dû particulièrement s’impliquer au niveau de l’agriculture. Celle-ci n’avait plus son niveau d’avant-guerre à cause de l’accumulation des difficultés matérielles et humaines.

Pierre Voizard est l’objet d’un débat dans l’opinion concernant son action tandis que les deux autres ont été appréciés, même si Jean Chaigneau n’a pas laissé un souvenir durable. Le préfet Voizard n’a pas été jugé à la Libération, et Paul Demange a été relativement épargné par rapport à d’autres préfets, comme Jean Chaigneau. Les deux premiers ont d’ailleurs pu poursuivre leur carrière après guerre.